Voilà qui n’annonçait rien de bon. Déjà plutôt à l’écart du centre de la pièce, je me surprends à heurter de mes omoplates le mur du fond lorsqu’une chose apparaît, comme réveillée par nos questions persistantes.

— Dios mio, Sharareh t’as tiré le gros lot !

Il faut croire que l’insistance et le mauvais caractère de la jeune femme ⎯ relativement bien connus, ce n’est pas n’importe qui qui obtient un job auprès d’un pays quasi hostile en harcelant des érudits, constatation qu’il vaut mieux garder pour soi cela dit  ⎯ avaient tiré de son sommeil un… une… entité ? Esprit ? Démon ?

— Ay Señor, c’est l’Apocalypse ! je m’exclame en m’étranglant, tout en esquissant un signe de croix digne des plus pieuses grand-mères mexicaines.

Autant vous dire que je sue à grosses gouttes en me rappelant les enseignements religieux dans lesquels j’ai baigné toute mon enfance. Notre présence en ces lieux a-t-elle déclenché la fin du monde ? Avons-nous défié l’entendement et l’ordre ? De nouvelles questions existentielles me tiraillent intérieurement, comme si je n’étais pas déjà assez assailli par celles-ci d’ordinaire.

Un prêtre à la dégaine de mafieux japonais vient néanmoins déposer au creux de mes mains une pierre noire. Le regard, la prestance et peut-être l'aura de cet homme m’arrachent à ma peur un instant, de sorte à ce que je puisse me concentrer à nouveau sur la scène.

Ce n’est pas le moment de jouer aux couards. Un esprit vengeur, ce n’est pas pire qu’un narco à Sinaloa… si ?

Par contre, c’est quoi cette manie de mettre des pierres partout ? Complètement étranger au principe, j’observe en silence les deux… religieux ? L’un comme l’autre ressemblaient à tous sauf à des prêtres.

— Youhou… je souffle d’un air pas très convaincu. Et on fait quoi, maintenant ? Parce que si ce truc est un esprit qui fait peur à un autre esprit, je crois qu’on ferait mieux de trouver un moyen de s’échapper…

Je lisse ma moustache, une moue inquiète sur le visage, et cherche du regard quelqu'un à même de nous défendre vraiment, c'est à dire avec des muscles et peut-être des armes.

Evidemment, mon regard se pose sur la seule personne que je connais parmi les gardes : Ode, prêt à courir vers lui comme un damoiseau en détresse si la situation se corse.

Si après ça les Ijobiens nous trouvent menaçants... c'est qu'il n'y a plus rien à faire.
Le fait est que ces """"vacances"""" auront probablement raison de ma santé mentale.