feat. Genzo Harada

Kokleep s'ébroua légèrement alors que Genzo semblait émerger de son sommeil. Thadas était passé à un trot un peu plus modéré depuis un moment déjà, de un pour ménager la dame et de deux pour ménager le monsieur tout en tenant le rythme. La température s'était apaisée par rapport à hier, régulée par les coups de vent d'Afefe. Il accueillit sans broncher le dos du japonais, claquant de la langue afin d'encourager la jument à continuer sur le même trot car la sentant tentée de ralentir.
"Courage ma belle, on y est presque."

Le bonze s'humecta les lèvres avant de répondre, le dos droit.

- Environ cinq heures. Nous allons bientôt nous arrêter à un point d'eau.

Il usa volontairement d'un ton apaisant, calme. Il posa ses agates sur le crâne de Genzo et poursuivit d'une voix égale, concerné, susurrant.

- Comment te sens-tu ?

Il était assez impressionné que le borgne ait réussi à dormir tout ce temps... Comme quoi la fatigue ne fait pas de cas quand elle se fait sentir... Il espérait qu'il avait correctement récupéré. Il faudrait qu'ils reprennent des forces avant de reprendre la route, quand ils s'arrêteraient. Cumuler fatigue et malnutrition n'est pas une bonne idée, surtout quand on produit des efforts physiques tels que monter à cheval. Sa tête avait monté d'un cran, niveau bourdonnement pour sa part, même s'il se savait maintenant tout à fait capable de tenir la journée.

- Nous avons bien avancé en tout cas. Si j'ai bien calculé, nous ne devrions pas être bien loin de l'orée de la forêt une fois le soir venu.

Sur ce point là, il était loin d'être inquiet. À vrai dire, mis à part le travail presque instinctif de ses muscles pour l'équitation réalisée, il était assez détendu. La fatigue se sentait dans le fond de sa voix, mais pas assez pour qu'on ait peur de le voir se transformer en zombie complètement amorphe. Ça pouvait paraître con, mais il était rassuré de se savoir à peu près aussi vif que d'habitude - si l'on oublie les bourdonnements et les yeux qui piquent.
Par contre, il commençait à avoir vraiment soif. Heureusement qu'il connaît assez bien la topologie du coin...

Il donna un petit coup des talons pour accélérer légèrement la cadence, visualisant assez bien ce à quoi ressemblait l'entrée de la forêt d'après ses souvenirs. Pour choisir les métaux pour des commandes de bâtons sacrés, il avait souvent dû se déplacer jusqu'aux mines pour se renseigner plus précisément sur leurs qualités respectives. Ce n'est pas comme s'il y allait tous les mois, mais au moins tous les deux ouragans hors situations inédites, oui. Le chemin ne lui était donc pas inconnu, et ses petits coins stratégiques de même. Il se souvint que la première fois, il avait voyagé avec un petit groupe de marchands, envoyé par Rexin lorsqu'il était encore en apprentissage. "Tu veux un bâton sans même savoir les options qui pourraient te correspondre ? Mais t'es totalement con ou quoi ? Demain tu files direction les mines pour te renseigner sur comment ça marche le buz' !!"
Quand Thadas lui avait demandé s'il l'accompagnerait : "Rohlala, un grand garçon même pas foutu de se débrouiller tout seul, c'est ça que tu veux devenir ? T'as pas besoin de moi pour cette mission, va !"

Autant dire que Thadas jeune avait été à la fois piqué au vif, de par son éducation d'enfance très portée sur la rigueur et le développement de son autonomie, blasé, amusé et motivé par le comportement de son mentor.

En dehors du tour d'apprentissage, ça avait été l'un de ses premiers voyages en "solo". À vrai dire, maintenant qu'il y songeait, son habilité à bouger d'un lieu à l'autre de l'île sans que ça coince trop dans son esprit vient probablement de Rexin, qui l'a souvent encouragé à aller chercher par lui-même certains enseignements. Non pas que ce fut vraiment différent de quand il suivait les cours des précepteurs de sa mère, mais disons que l'autonomie avait atteint ici son point final de propulsion vers son indépendance intellectuelle.

Pour le coup, il ne sut pas trop pourquoi, mais il se demanda quel parcours a mené Genzo à sa propre indépendance. Il lui avait déjà communiqué quelques bouts de sa vie d'avant, certains plus sombres que d'autres d'ailleurs, mais... Il est curieux, okay ? Il demanderait quand ce serait le moment... Pour l'histoire des dieux Izanagi et Izanami aussi. Hé, il n'a pas oublié. Ce n'est pas parce qu'on présente un brin de blé à un tigre pour l'occuper qu'il en oublie pour autant qu'il a la dalle.

Codage par Jibunnie surNEVER-UTOPIA

feat. Genzo Harada

Le bonze acquiesça doucement en apprenant que Genzo se portait plutôt bien. Ça le rassura un peu, bien qu'il était loin d'être véritablement stressé. Stresser n'est pas dans sa nature... Ses yeux s'arrondirent quand il lui donna quelques conseils et un de ses sourcils se fronça. Puis il laissa un sourire amusé s'étirer en coin à la papouille dans ses cheveux. Pour un peu, il calfeutrerait un peu plus sa joue contre sa main en ronronn... Uh. Couché, le tigre.

- Hmm... Pas trop longtemps non plus... Mais je te l'accorde. C'est surtout Kokleep qui a besoin de souffler, pour le coup la pauvre.  , souffla-t-il d'une voix rendue légèrement rauque par les heures de voyage.

Il ne voulait pas qu'ils prennent trop de retard juste pour le prétexte de sommeiller ce qu'il n'avait pas pu avoir cette nuit à cause de la tempête. Mais il était d'accord qu'il fallait veiller à ce qu'il en reste tout aussi efficace sur la durée du voyage. La fatigue, ça mine. C'était sweet que son compagnon s'en soucie... En même temps, avec lui hors service, ils risquaient d'être un peu paumés dans la vaste île qu'est Ijoba. Thadas veillerait à ce que ça n'arrive pas.
"L'habitude, uh ?"

.................

..........

.....Il... rêve où il vient de faire une fuite en avant ? Mais quel fourbe de l'appâter avec du savoir. Il a l'impression que ce virement de sujet cache quelque chose. Ou peut-être qu'il se trompait... Genzo était-il gêné de lui montrer qu'il s'inquiétait pour lui ?
Mais enfin....

- Je suis tout ouïe, chaton.... J'ai attendu patiemment, tu sais ? Il effleura délicatement de ses lèvres l'intérieur de son poignet si inconsciemment mis à portée du félin joueur qu'il était. Il montrait les crocs, espiègle.

Puisqu'il lui proposait les connaissances qu'il attendait depuis tout à l'heure, c'est avec plaisir qu'il les dévorerait - il ne se sentait presque plus fatigué, d'un coup.
Thadas était malgré tout étonné que les exijobiens semblent accorder aussi peu de crédit aux récits originels, il ne fallait pas le cacher. Le fauve battait de la queue en anticipation de cette carotte qu'on lui tendait. Il la voyait bien... Il voyait bien le fil auquel elle était rattachée aussi. Vous ai-je déjà dit qu'il était joueur ?

- Je suis curieux... Parle-moi de cette science et de ces théories... De vos mythes fondateurs aussi. On a encore un peu de temps... Sa joue se frotta d'elle-même contre cette paume aussi surprenante que bienvenue, délicatement.

Donne-moi, donne-moi, à moi, à moi  semblait parader le tigré d'un air entre l'intrigué,  le majestueux, l'impérieux et l'affamé.

Pour les comprendre, il lui fallait prendre conscience de ces autres cultes sur lesquels ils se sont rabattus à défaut.
Ses ambres avaient tout d'attentives et amusées, posées sur le félin qui lui ébouriffait les mèches. Il savait qu'il n'aurait pas dû toucher à ce poignet, il avait trop envie de titiller le pauvre japonais maintenant. Peut-on lui en vouloir compte tenu qu'il est en présence d'une personne aussi brillante et débridée ? Son tigre aime bien cette panthère, qu'est-ce qu'il y peut ? Se plier ou résister.
Et il n'est qu'un homme, qu'un érudit avide de ce monde qui l'entoure, de ces mystères qui le contournent. Il la veut sa carotte, - il a été assez sage non? : qu'on la lui donne  ! De quoi faire rager Lenorian et ses Erudits d'Imo, tiens, mais surtout pour sa satisfaction personnelle, pour sa soif intellectuelle. Il veut qu'elle soit à lui ! À lui. Genzo raconte tellement bien en plus.

Codage par Jibunnie surNEVER-UTOPIA

feat. Genzo Harada

Oooh, ce qu'il lisait dans cet onyx lui plaisait bien plus que la morale n'était censée le lui permettre. Il ne put s'empêcher de s'humecter les lèvres... M'enfin on peut lui pardonner ce geste après des heures de trot, non ? Surtout quand la suite risquait potentiellement de lui assécher la gorge. Ses ambres ne le lâchèrent pas, tout du long, et ses oreilles non plus. Non, en fait, heureusement que ses oreilles étaient là parce que ses yeux, se rendit-il compte, se faisaient inéluctablement attirer par ce col qui se faisait de plus en plus dégagé. Il aurait presque grogné de le sentir ainsi collé à lui ... Il le faisait exprès ?

Oui, très probablement. Non, en fait c'était certain. Genzo le faisait exprès, et le pire c'est que ça marchait, malgré l'attitude sereine du prêtre. Il pouvait voir un bout de ses tatouages... Et peut-être d'autres évocations qu'il vaudrait mieux censurer de son cerveau. C'est que Thadas a des mœurs simples, voyez ? Ou légères, selon les avis. Il n'en faut pas beaucoup pour attiser le fil de son imaginaire... Imaginaire qui heureusement happait sans faute toutes les informations transmises par l'ancien bandit. C'est comme si son cerveau avait scindé en deux les tâches, entre le tendancieux et le purement cultuel et culturel. La droite et la gauche vous voyez ! Et les deux ça fait un équilibre. On peut donc dire que, équilibré dans les plaisirs, il était plutôt bien logé le bonze.
Amusement et intérêt grésillaient dans ses yeux fauves.

Comme toujours avec le nippon, c'était avec un intérêt sincère qu'il l'écouta, qu'il s'abreuva de ses paroles, avec une attention et des capacités d'analyse déloyales compte tenu des stimuli que subissait son tigre - il s'en mordrait presque la lippe.
Ça n'avait fait que quelques heures, mais ça lui avait manqué de l'entendre parler de la logique de son monde, ce monde dont Thadas ne soupçonnait même pas l'existence avant l'Ouragan.

Le Grand Prêtre plongea dans ce monde dont on lui donnait un aperçu.

La religion comme outil politique. Comme moyen de contrôle. La "science", qui fait guise de nouvelle religion. Un monde hétéroclite qui a du mal à s'harmoniser. Des fractures, des rassemblements, jusqu'à l'union. Le monothéisme.....

C'était.... Thadas ne veut pas porter de jugement sur ce monde qu'il ne connaît guère. Il n'empêche... C'était pour lui une aberrance de ne se vouer qu'à un seul dieu... Dieu. En plus, un seul dieu avec trois version différentes. Comment choisir s'Il est censé être le même ? Comment rendre grâce à toutes ces créations dont les divinités ont fourni le monde avec justesse et exactitude ?
Le stratège en Thadas comprenait la tactique de concentrer l'influence de tous les dieux en une seule entité, il n'empêche qu'il avait l'impression que le monde y perdait un peu en sens de la sorte. Si le monde est Un, avant d'être un, ou après, n'est-il pas composé d'une infinité de "uns", quelles que soient les couches universelles ? Fusionner toutes ces unités ne leur fait-elle pas perdre leur intégrité ? Ce Dieu...

Des preuves. Des...

..............................

................

...... Ils.....

....................................................................................................... HEIN ?

"... La lune... L'Enfant Lune ?"
Thadas était particulièrement perturbé, sur le coup.

"..... Créer de l'eau ?"
C'est pas le rôle d'Okun, ça ?

".............. Soigner des maladies mortelles ??"
Les guérisseurs et les soigneurs, guidés par Ilera, ne suffisent-ils pas à cette tâche ? Et quand ils ne suffisent pas, n'est-ce donc pas qu'il s'agit tout simplement de la volonté des dieux ? Qui sont-ils pour la contrarier ? Ne craignent-ils pas de s'attirer leurs foudres ?

Cette science.... Science.

...............................
Thadas avait du mal à la cerner, pour le coup, du moins par le regard d'un exijobien.
Il avait connu des personnes proches manipuler la matière comme les plantes tels des alchimistes mais... Aller.... Aller sur l'Enfant Lune ? Il veut dire danser avec Lui dans le royaume d'Orun, c'est ça ? Et créer de l'eau....

L'avant-dernière phrase de sa tirade mit tout plus au clair.

Un moyen. Un outil. Comme c'est étrange que cette science aux airs tellement spirituels puisse prendre la forme de rêves et de matières ! Aller voir l'Enfant Lune...
Seuls les fous auraient pensé cela possible.
Thadas avait du mal à y croire. Beaucoup de mal, en réalité, à la limite du déni. Comment serait-ce possible ?

Mais il se rendit compte qu'il avait du mal à y croire tout simplement parce qu'il était ignorant... Tout simplement parce qu'il avait des lacunes dans ses connaissances.

...................................
Dieux, ça, ça lui était insupportable. Donnez-lui cette Science. Donnez-la lui, donnez-lui cette loupe qui soi-disant permet d'observer en détail la beauté des créations divines. Il veut savoir.... Il veut comprendre....
Il a faim, bordel. Et.... Une "arme" ? Pourquoi une arme alors qu'elle a semblé si utile pour ces humains d'en-dehors ? Est-elle elle aussi utilisée à des fins de contrôle des populations comme le furent le... monothéisme - que Thadas n'aurait jamais pensé exister quelque part - et... les religions en général ?
Dieux. LES religions. Comme c'était déroutant. Ce monde-là...

Il devait vraiment être plus vaste qu'il ne pouvait l'imaginer.

La faim avait grimpé dans ses ambres avec des éclats dignes de crocs reluisants. Ça étincelait dans ses mirettes avec la force d'un feu de forêt.
Bon enfin, on va éviter de tout cramer quand même.

Thadas prit une profonde inspiration, le temps de digérer - sans compter les petites pensées libertines qui venaient enjoliver toutes ses réflexions internes. Le temps de recomposer ses idées, de faire de l'ordre et des conclusions amenant à plus de pertinence.

Et dire qu'il y a tout ça qui lui traverse le crâne avec moins de cinq heures de sommeil.

- ........ Eh bien... Ça valait la peine d'attendre, chaton. Il sourit carnassier dans un souffle, souffle qui balaya doucement quelques mèches du japonais.

Il courba l'échine vers lui, offrant le ton le plus sensuel qu'il ait, continuant tranquillement avec sa voix rauque, pendant que Kokleep maintenait le rythme en soufflant des narines.

- Explique-moi cette Science... Je veux être sûr de bien la comprendre. Comment fonctionne-t-elle ?...

Il pencha légèrement le haut de son buste de sorte à ce qu'aucune parcelle du dos du brigand ne lui échappe, l'air faussement de rien. C'était le tigre qui s'exprimait, corporellement et verbalement.

- Je ne pense pas que tu mentes.... Mais.... Fin et joueur.

Ses ambres se faisaient plus insistantes, plus brillantes - plus fourbes aussi. Il se mordit la lèvre, la moue séductrice. En langage tigre, il aurait fait l'équivalent de bruits gutturaux particulièrement sensuels, à la limite du ronronnement.

- Moi aussi... je veux des preuves...

Dis plutôt que t'es vorace comme trois espèce de glouton d'érudit.
Genzo ne savait pas ce qu'il avait réveillé chez Thadas, encore une fois. Est-il conscient qu'il risque de ne pas le lâcher avant d'être satisfait? Il va vraiment finir par la bouffer cette panthère.

Codage par Jibunnie surNEVER-UTOPIA

feat. Genzo Harada

Tout ce qu'il pensait connaître se faisait atomiser par le savoir qui coulait de ces lèvres tentatrices - pour son plus grand plaisir. Comme l'animal assoiffé, il s'y abreuvait avec un regard de plus en plus profond, en parallèle de ce coffre où le japonais laissait son bras s'y enfoncer. Ce coffre de savoirs, de merveilles qui risquaient bien de l'aveugler... Ou de doter sa vue d'un nouveau plan d'attaque sur le monde. "Molécules", "atomes", "hormones"... Tant de mots qui lui étaient inconnus et dont on lui en éclaircissait le sens. Ça avait à la fois tout et rien à voir avec les mathématiques qu'il avait eu la chance d'apprendre. Le mot "bombe" lui restait toujours mystérieux bien qu'il comprit qu'il s'agisse d'une arme de destruction.
"Mêler ainsi création et destruction... La science serait donc l'approche humaine de l'art des dieux ? C'est ça que veut me faire comprendre Genzo?"
La façon dont Genzo lui décortiquait certains comportements reflétait une aisance sur la compréhension des choses l'entourant qui semblait bien loin de sa portée, pour l'instant. Une compréhension bien différente de celle qui l'accompagnait et évoluait depuis quelques années... Il apercevait le fossé qui les distanciait, eux et leurs mondes originels.
Le voyageur avait toute l'attention du bonze, et ce sur bien des niveaux.

Pourquoi suffisait-il que le brun se retourne pour que tout se chamboule ? C'était à son tour d'être pris entre ses pattes, entre ses griffes à l'éclat hypnotisant. Il le voyait venir... Il le sentit venir aussi, bien plus qu'il ne l'aurait dû. Il sentait des crocs comme le happer pour l'emmener ailleurs, encore une fois. Des frissons électriques parcoururent son dos, ses reins, l'arrière de son crâne, ses lèvres et ses yeux plantés dans ceux enchanteurs de l'homme panthère. Il n'arrivait plus à s'en décoller... Il ne voulait et ne pouvait les fuir. Ses canines réverbérèrent la tension qui commençait à naître dans son âme de fauve, dans son esprit et son corps d'humain aussi. Le tigre zieutait la fauvesse s'approcher, tourner, l'enjôler avec ses beaux yeux et mots. Cette friction...

Thadas se rendit compte qu'elle devenait peut-être trop intense pour lui, soudainement collée à ses torse et esprit de la sorte. Mais trop tard, car il se retrouva étrangement rapidement sur le fil du rasoir, prisonnier du chanteur espiègle. C'est un miracle qu'il ne tomba pas du dos de la jument, ainsi pris en étau.

- Tu vois de quoi je parle pas vrai ?

Il le voyait beaucoup trop bien. Un regard de fou était progressivement apparu du fond de ses ambres. Il lui faisait de l'effet ce borgne.... Beaucoup trop d'effet, trop efficacement et trop rapidement. Il avait ce don pour retourner les situations à son avantage... C'était ça, d'avoir affaire à un ancien chef habitué à tout tenir dans le creux de ses paumes, à tout guider de ses doigts agiles ? Il est rudement doué... Thadas se sentit le dévorer  du regard pendant qu'il essayait de canaliser ce que ses "hormones" lui faisaient ressentir, leurs rênes tenaces sur son esprit bien trop libertaire.

Autant dire que son tigre lui menait la vie dure, et essayer de le raisonner était une affaire plus que musclée quand il semblait avoir doublé, triplé de volume dans son être, sauvage.

Ses crocs s'approchèrent de ces diablesses de lèvres, puis restèrent en suspens sous l'effet du râle sensuel que sa volonté venait d'étouffer dans sa propre gorge. Elle était mise à rude épreuve par ses pulsions qui rendaient la tension presque douloureuse, dans ces bouffées de chaleur progressives qui le harcelaient à petite dose. Putain de tigre, putain de panthère joueuse.

"Ne cède pas, ne cède pas, ne cède pas, ne cède pas, ne cède pas, ne cède pas..."

Un désir autre au savoir grésillait dans ses ambres de prédateur. Une de ses expirations fut plus précipitée qu'il ne l'aurait voulue alors que le conflit se faisait plus perceptible dans cette courte distance qui séparait leurs visages... Qui séparait la rationalité des désirs les plus - et maintenant un peu moins - inexpliqués.
Il lui fallut un effort faramineux pour détourner le regard, clairement à la frontière entre le primitif et  le rationnel. Il se sentait bouillant. Il avait ralenti la brave Kokleep au pas pour éviter les accidents inopportuns.
"Une excitation bien claire, hein."
Thadas avait l'impression qu'il commençait à le cerner un peu trop bien, l'oyabun. Devenait-il si prévisible que ça à ses yeux ? C'était dangereux.

- ... Tu es terrible, tu sais ?

Fut tout ce qu'il put marmonner à mi-voix, à ce moment.
Il savait qu'il suffisait d'un petit geste... Un tout petit, pour qu'ils tombent totalement sous le joug de leurs hormones. Elles le titillaient férocement d'ailleurs, semblant lui crier "Allez, vas-y et à Eke les conséquences !". Il aurait probablement cédé sans le facteur mission qui était à l'origine du duo qu'ils formaient. Il avait failli céder... Et savait qu'il risquait encore de céder s'il n'arrivait pas à se calmer intérieurement.
Comment dire que c'est un peu compliqué quand le parfum du faux bonze lui emplit les narines, sa chaleur ses pores, ses paroles son envie d'apprendre et son attitude ses fantasmes ? Si ça ne tenait qu'à son besoin viscéral, il se laisserait bouffer et boufferait sans autre état d'âme, aussi férocement qu'il avait faim. Il fit une féroce clef de bras à son tigre par le cou pour l'obliger à rester sagement en place ; puisqu'il ne voulait pas entendre raison, lui rappeler qui est le boss devrait le calmer vite fait ce gros vorace. Il n'est plus un adolescent, bordel de merde, il sait se contrôler ! Il le plaquait sur le sol de son esprit mais le fauve se débattait, fortement mécontent, prêt à prendre de nouveau toute la place dans sa tête.
C'était tendu, ça oui. Il aimait bien qu'on le dirige mais en même temps son ego refusait d'abandonner son sang-froid aussi facilement. Le Grand Prêtre essaya de penser à la Reine et à la confiance qu'elle place en lui. Il se lécha les lèvres, la bouche sèche. C'était bien la seule image qui pouvait concurrencer l'émoi qu'avait provoqué en lui le brigand.

Comment rester à peu près impassible quand ce dernier se rappelait quasiment toutes les secondes par sa présence physique beaucoup trop... proche ? C'était un sacré exercice qu'il lui imposait là, de ne pas y penser, de ne pas prendre des sentiers mentaux fortement douteux.

- Continue...

Le savoir qui l'avait mis dans cette situation semblait sa seule issue de secours face à ses pulsions étonnamment bien trop fortes avec son comparse. Mais il tenait bon le bonze, la tête droite face à l'adversité, autorisant uniquement son inconscient à plonger dans l'indécence - préservant ainsi sa conscience de se transformer en magma velouté. On a dit non aux feux de forêt !

Codage par Jibunnie surNEVER-UTOPIA