Oh, Allyn est là ! Une petite joie innocente s’éveille en le garde, aussitôt accompagnée par de la curiosité. Elle connaît certains des étrangers ? Comment ? Il faudra qu’il la cuisine à ce sujet. Il ne peut toutefois pas s’empêcher de lever les yeux au ciel en apercevant Thadas à la table. Évidemment, il fallait qu’il soit là lui.
Alors qu’il s’apprête à répondre à la question d’Iwuri, la porte claque violemment et Ode porte instinctivement la main à son arme. Son attention se porte aussitôt sur son environnement, mettant en fond les voix des autres pour se concentrer sur un signe que les choses sont en train de mal tourner. Mais à part la porte fermée -et bien fermée, il ne semble rien y avoir de plus. Si esprit il y a, sa présence est imperceptible. Ode retire la main de la garde de son épée, mais sa posture reste tendue, comme s’il s’attendait au pire. Ce qui est peut-être un peu le cas, au fond.
Il finit par répondre tout bas, pour Iwuri :

« C’était sensé être une soirée innocente. Les voyageurs voulaient nous montrer une de leurs coutumes. »

Innocente, il n’est plus tout à fait certain que ce le soit. Ode observe alors la goutte qui bouge sur la planche en bas et suit son cheminement. Orok. C’est forcément l’un des leurs, il n’a pas un de ces noms étranges qu’ont les voyageurs. Quelqu’un qui serait parti avec des remords ? Ode ne peut s’empêcher de tomber d’accord avec la jeune femme blonde qui élève la voix. De toute évidence, l’esprit a des choses à dire, et il ne leur ouvrira la porte que lorsque ce sera chose faite. Alors à la suggestion d’Aiden, Ode ne peut s’empêcher de l’observer avec un brin de méfiance. Surtout lorsqu’en plus il le prend à partie avec un clin d’oeil.
Il a peut-être perdu la tête.
Prudent, Ode répond simplement :

« Évitons peut-être de lui poser une question qui risque de faire flamber la pièce dans laquelle nous sommes enfermés. »

Surtout que si l’esprit se décide à les garder enfermés ici, il en a visiblement le pouvoir. Ode lance un regard à celui qui a l’habitude de traiter avec des choses qui les dépassent- pour une fois qu’il sert à quelque chose celui-là-  :

« Grand-prêtre, vous avez une suggestion ? »

Quelqu’un venant à la rescousse de la jeune fille, je me rends compte qu’elle est aveugle. Dans l’obscurité légère de la pièce, je n’avais pas pris le temps de remarquer la clarté de ses iris et avec un sourire, j’observe les deux jeunes gens s’éloigner. Durant mon séjour, j’ai appris que cette civilisation mettait un point d’honneur à l’exacerbation des valeurs guerrières, qu’en était-il des infirmes, aveugles et autres malchanceux de la vie ? Il nous restait tant à observer et à apprendre auprès d’eux, la perspective de quitter le palais m’enchantais.

Et m’effrayait également.

D’un coup, comme si un violent courant d’air froid l’avait soufflée, la porte se referme devant moi, me faisant bondir au passage. Un peu plus et c’était mon magnifique fessier ⎯ amplement travaillé depuis le début des séances de muscu avec Alan ⎯ qui y passait !

Vraiment, mais vraiment pas rassuré, je m’écarte légèrement de la porte alors que l’esprit se manifeste encore, révélant son nom aux sonorités tribales. Sharareh, bien plus brave que la plupart d'entre nous, tente un moment de s'en prendre à la porte, en vain.

L'assemblée se tait.

Mais k'esprit ne s’arrête pas là.
Des coups martèlent d’un coup la porte derrière-moi, me faisant à nouveau sursauter.

Aussi brave ai-je pu être, devoir affronter un esprit en colère ou un fantôme oublié dans les caves du palais ne m’emballe pas vraiment.

Je m’écarte en direction du plus gros du groupe, légèrement rassuré pas la présence de guerriers musclés et armés.

— On peut peut-être lui demander ce qu’il veut, non ? je lance en direction du premier rang.

Sourire crispé sous ma moustache.