« I wanna hide the truth, I wanna shelter you. But with the beast inside, there's nowhere we can hide. No mattert what wee breed, we still all made of greed. This is my kingdom come »

Trop vieux pour ces conneries.

Mais quelle bande de porcs ces pochetrons.
La nuit était encore jeune, et pourtant il y en avait déjà qui commençaient à vider le contenu de leurs estomacs dans les coins de la pièce avec des bruits peu ragoûtants - ça, c'était pour les moins civilisés, ceux qui avaient encore quelques bribes de lucidité fonçaient comme des boulets de canon dans la rue pour se soulager la panse.

- BWARRRRRRRRRRRRG V'LAAYYYSSEYYY MUA PASSEYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYARRHrrrrrhbleurg.
- Putain mais il m'a vomi à la gueule c'con !!
- ENCORE UNE CHOPPE BERGÈRE ALLEY ALLEY ALLEY !
- Hey, salut toi ~
- L'addition m'dame !!
- Oui, puis tu vois genre après il m'a dit : ".....
- EHEHEH vous connaissez la nouvelle ? À ce qu'il paraît, le...
- Mais poussez-vous bordel !!
- Bwarf... j'ai trop mangé.........

"......... qu'est-ce que je fous là moi ?"
Ça pue l'alcool et la sueur, s'il n'y avait pas une certaine dose de bonne humeur dans l'atmosphère, le Grand Prêtre aurait certainement cédé à la tentation de se barrer depuis un bon moment déjà. Une dose de bonne humeur, et puis une discussion très intéressante sans oublier toutes celles où il laisse traîner ses oreilles tant bien que mal malgré le joyeux boucan.

De fait, en général, si le Grand Prêtre traîne parfois dans les tavernes, c'est soit pour récolter des informations au sein même de la vie ijobienne, soit pour se prendre un verre exempt d'éthanol avec des amis - souvent Nashoba à vrai dire, même si c'est plutôt à une autre taverne où ils ont coutume de se retrouver. Il avait donc pensé que le concours du plus grand nez-de-betterave lui permettrait de tirer les vers chez quelques personnes assez imbibées pour que ce soit éventuellement possible.
Cela semble en réalité assez compliqué, d'autant que le bruit commençait à lui gonfler les tympans comme s'ils allaient déverser des hordes de notes brisées.
Pouah, si seulement il y avait de...

- Eh Thadas, au lieu de mater les allées et venues de quelques brioches, dis-nous, t'en penses quoi de ces voyageurs au palais ?
- Hum.   , fit le religieux en toussotant, son esprit se reconnectant avec la conversation entamée avec quelques riches connaissances qu'il avait croisées ici par hasard. Il croisa les bras, s'adossant mieux au pilier, son bâton de prêtre calé dans son bras, la face à la fois songeuse, stoïque et calme.  La Reine sait ce qu'elle fait et je pense qu'il est parfaitement raisonné de croire en la sagesse divine de ses décisions.

Son regard se déporta des faces de ses compères pour balayer tranquillement l'assemblée s'agitant de plus en plus, la voix grave, prenant son temps pour articuler chaque parole.

- Les dieux n'auraient jamais laissé ces étrangers empiéter sur leur Terre sans bonne rai...

Attend...

.......

Cette silhouette....

Ses prunelles se plissèrent en deux petites fentes acérées.

Mais.......

Il n'a pas rêvé, même s'il aurait préféré.

Il reconnaîtrait cette gueule entre milles, masque ou pas.

"Qu'est-ce qu'il fiche encore à traîner à cette heure-ci lui ?"

- Excusez-moi.  , siffla Thadas presque dans léger un grondement sans donner plus d'explications, plantant là ses interlocuteurs pour se frayer un tranquille chemin dans le sable mouvant du bal des ivrognes, l'air déterminé et quelque peu sévère.

Si la journée l'apprenti prêtre paraît sage comme une image, l'adulte savait d'expérience que cela changeait du tout au tout quand la lune se levait dans le ciel pour cause de l'avoir déjà littéralement pris la main dans le sac en train de faire des bêtises.

L'intéressé exclama de "pouvoir le faire !!!!". Thadas avait rarement vu une telle passion sur son jeune visage mais ne fut pas vraiment dupe, posant une paume ferme sur l'épaule de Chetan quand il l'atteignit.

- Dis donc....
- PAPAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA GAGAAAAAAAAAABWAHAHAHAHAHABWABWA !

Pas le temps de commencer le moindre interrogatoire suivi d'une inéluctable remontrance que quatre grands dadets complètement torchés se précipitaient d'un pas lent, torve et horriblement flasque en direction des religieux pour les plaquer au sol dans une maladroite et involontaire prise de rugby - sport qu'ils ne connaissent bien évidemment pas.

- Je vous en supplie, chargez-vous de ces quatre types, ils font fuir toute la clientèle ! J'en appelle au prétexte divin. Je vous promets un repas gratuit par jour pendant un mois mais je vous en prie messieurs, aidez- nous, ce n'est plus gérable !

Putain, facile à dire quand tu ne te fais pas écraser par quatre espèces de lourdauds à l'air complètement débile !
Le regard autoritaire de Thadas se posa sur son cadet. Le message qu'il fit passer est clair.

"On n'a pas le choix. Cependant, ose ne serait-ce que d'essayer de me poser un lapin pour cette affaire et je te promets de te le faire regretter. On parlera plus tard de ce que tu faisais réellement ici."

Le Grand Prêtre se redressa tant bien que mal en glissant de sous les ventres à bière qui gloussaient comme des dindes hystériques, s'appuyant sur son bâton. Purée, ils ont eu de la chance de ne pas se l'être malencontreusement reçu dans la caboche dans la chute. Pour sa part, son dos vibrait douloureusement, mais il ne fallait pas mollir. Les quatre boulets se relevèrent en rigolant et en chialant en même temps.

- OUIIIIIIIIIIIIN POPAAAAAAAAAAAAAAA, BOBOOOOOOOOOOOOOOOOOO OUIIIIIIIIIIIN


........................................... p-.............
........ Papa.
Papa ?

Oui, c'est définitivement par ce terme que ces ivre-morts les désignent, lui et Chetan.

"Oh, dieux."
Quelle est cette épreuve que vous lui mettez sur la route. Un épreuve de sang-froid, c'est cela ?

- Aide-moi à les relever, il faut les ramener chez eux.  , grogna Thadas d'un ton imposant, commençant déjà à passer le bras d'un des quatre encore à terre sur ses épaules pour qu'il se relève en veillant à n'assommer personne avec son bâton métallique.

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Fiche par Sánsa ; sur Never-Utopia

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Entre un courant d'air et un air con, tu devrais craindre le second

Purée, même avec sa musculature, Thadas devait avouer qu'il pesait son poids le bourré. Et en plus y'en a trois autres à se traîner aux basques. Purée. Ça promet. Enfin, "heureusement" qu'il n'est pas tout seul dans cette galère, après tout, Chetan est aussi là pour prêter une deuxième paire de bras ainsi qu'un autre esprit calme et mesuré afin d'aider à maîtriser ces ivr...

- Ne vous inquiétez pas les enfants, votre vrai papa va vous amener dans un endroit sûr et tout se passera bien cette fois, d'accord ?

.........................
Okay, oubliez. Juste deux autres bras, c'est déjà... bien. Oui. Oui oui.
Odieux, ô dieux. Pourquoi c'est à lui que revient la tâche de gérer non pas quatre, mais cinq mômes ? Mais c'est qu'en plus il est à fond dans son délire de compétition le luron. Il a pété les plombs ? Le Grand Prêtre scruta rapidement autour d'eux pour vérifier si un quelconque verre aurait altéré l'esprit du faux brun, mais, non. Est-ce que c'en est plus rassurant ?
Encore une fois, non.
Enfin bon, passons. Ça a l'air de plutôt bien marcher sur le quatuor de grands bébés et si un mélange de bave et de larmes continuait de dégouliner de leurs faciès rubiconds, ils avaient arrêté de hurler et avaient même commencé à faire comme Chetan le leur avait dit de faire.
Il se débrouillait bien, pour un apprenti prêtre, car on sait que les humains alcoolisés font souvent partie des plus durs à rediriger sur le droit chemin - c'est-à-dire sur celui qui excluait des actions comme soulever une table ensevelie de choppes appartenant à de gros costauds à l'air pas commode voire franchement farouche du style de ceux qu'on n'a pas envie de se mettre à dos pour l'apporter petit à petit au-dessus de sa tête afin de la balanc....

Attend, mais.....

- .... qU'EST-Ce qu'iL FOUT cE CON ?  , murmura le religieux avec un air sincèrement ahuri collé sur sa face qui ne savait pas si elle devait blêmir ou rougir, alors qu'une expression toute fière et contente s'étendait sur la gueule du saoul.
- REGAARRRRRRRRRRRRRRRDEEEEE POPA, CH'PEUX SOUL'VEEEER LA TABLEUUUUUUUUUUUUUUUUH WAAAAAAABWABWABWAAAAA REGARRRRRDEUHHHHHHHHH
-  GWARGWARGWARRRR POPA IL EST TROP RIGOLO GURGJUH J'PEUX FAIRE PÔREIL ?
- ET MOooouuuUA aaAAUSSIIIIIIII ??
- ET, ET, ET, ET, ET M-..... ?
- CERTAINEMENT PAS.  , tonna Thadas avec un regard incandescent et sévère tout en retenant de justesse et avec force par les bras le dénommé Gurgjuh pour l'empêcher d'envoyer valdinguer le mobilier dans le décor - qui ne l'oublions pas est aussi peuplé d'autres humains.

Très bien. Chetan serait le good cop, et lui serait le bad cop, sinon ils ne sont pas rendus avec ces espèces de dangers publics.

- Gurgjuh, si tu ne poses pas ça tout de suite... papa va se mettre très en colère et tu n'auras pas de dessert.  , gronda calmement mais fermement Thadas, se disant qu'il valait peut-être mieux jouer le jeu du parent pour communiquer avec les grands dadets - et puis c'est un peu ce qu'il est devenu malgré lui par les forces des choses, en cette soirée agitée.

N'empêche, il devait dire qu'il n'aurait jamais cru devoir jouer le rôle de parent un jour et encore moins celui d'un pochetron transformé en enfant turbulent - de PLUSIEURS pochetrons même. Comme quoi, faut toujours garder ses capacités d'adaptation bien éveillées parce que vu toutes les surprises - bonnes comme mauvaises - que la vie a en réserve, mieux vaut être paré.

- Mehhhhhhh BUUUHHHhhh. Boooon, dakorrrr popaaaa, ténerv'pôooooooo..........

Il reposa lourdement la table.... sauf que ceux qui l'utilisaient plus tôt s'étaient levés avec un visage hébété et s'échauffant de plus en plus sous l'effet de la colère et de.... et bien, pas de bons sentiments, ça c'est sûr. Avant que tout ne dégénère encore plus et de façon irrémédiable, Thadas fit barrière visuelle avec son corps entre le quintet derrière lui et les gaillards, tendant un bras sur le côté. Le petit sourire affable qu'il parvint à esquisser renforça étonnamment l'allure autoritaire et apaisante de son regard transperçant.

- Nul besoin de s'énerver messieurs, voici de quoi racheter vos boissons perdues. Nous sommes justement en train de guider ces malheureux dehors, ils n'importuneront plus personne en cette humble demeure.

Quelques coquillages dansèrent un instant sur la table alors que Thadas insistait une dernière fois du regard avant de se détourner, rangeant son bâton de prêtre dans son dos - il risquerait plus de le gêner qu'autre chose avec ces illuminés. Les gus se rasseyèrent doucement mais avec un visage mauvais et toujours franchement courroucé, bien que moins tentés d'envoyer quelques coups dans la face des quatre bonhommes. La boisson d'un ivrogne, c'est sacré. Ils viennent de frôler l'incident diplomatique. Ouf. Bien, maintenant, en route mauvaise troupe.

- Alors les enfants, voici Papa Chetan, et moi, Papa Thadas.   , commença le bonze, détendu mais ferme. Il sortit d'une de ses poches une petite bourse remplie de bonbons au miel, un sourcil arqué de façon féline et entendue. On va faire ça simplement. Vous restez sages et obéissez à vos papas qui ne veulent que votre bien, et vous aurez droit à des bonbons au miel. D'accord ? On va commencer par sortir d'ici de la manière la plus calme possible et sans rien casser. Je compte sur vous mes petits. Ne décevez pas papa, hein ?

Des étoiles brillèrent dans les yeux des grands enfants à l'entente du mot "bonbons", et Thadas soupira presque de soulagement quand ils se mirent tous en file indienne pour se diriger - enfin ! - vers la sortie de la taverne, lui-même fermant ladite file... Mais avant ça, il saisit discrètement Chetan par le bras pour lui souffler quelques mots à l'oreille.

- Ne pense pas que j'oublie. Tu vas devoir t'expliquer quand on les aura mis à l'abri, mon grand.  , fit-il d'un ton déterminé mais aussi conciliant.

Ça avait le mérite d'être franc et clair. Il les avait tous les cinq à l’œil, tous autant qu'ils sont. Un œil aussi vigilant que bienveillant, certes, mais un œil quand même.

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CUI KIYA KOMANCEY !!

Tel un chat, le jeune aux cheveux teints retomba sur ses pattes avec aisance face à l'apostrophe inquisitrice de son aîné. Il le suivit s'éloigner du regard avec un sourcil légèrement froncé - l'excuse de l'apprenti était bonne, et puis il n'a pas vraiment de preuve pour l'instant qu'il ait commis une quelconque bêtise - puis haussa subrepticement des épaules avant de refocaliser son attention sur les ivrognes, qu'il guida plus ou moins sans encombre jusqu'à la sortie. Je dis plus ou moins, parce qu'il n'est pas dit qu'il ne leur arriva pas de trébucher quelques fois, bousculant une multitude de tables sur leur passage - mais qu'est-ce qu'ils ont avec les tables ce soir franchement ?! - avec la lourdeur d'éléphants bourrés - ce qu'ils étaient, en quelque sorte. Le religieux devait toujours être vigilant pour les soutenir par les bras pour leur éviter de s'écrouler au sol tous les trois mètres en glougloutant furieusement.

Waw. Ils sont vraiment pompettes ceux-là hein. Bon, il fiche quoi le blanc-bec ?

Ah, ça y est, il le voit revenir. Qu'est-il donc allé fabriquer ? Avant que Thadas ne dise quoi que ce soit, il entendit l'agréable son de quelques coquillages, ces coquillages mêmes que Chetan lui rendit. Ses yeux se firent ronds, et le sourcil qu'il avait auparavant baissé prit des hauteurs dangereuses sur son front, l'espace d'un instant.
Ce n'était pas la peine d'aller récupérer la somme même si c'est toujours chouette de sentir sa bourse toujours lourde.... qu'est-ce qu'il leur a dit ou fait exactement, pourquoi il.... ?

Bon. Ils sont en train d'entrer dans le manteau de nuit qui couvrait les rues, il n'avait pas non plus tout son temps pour cogiter sur les agissements de son cadet - et puis, merde, ça ne sert à rien ni à personne de s'acharner à part les faire chier tous les deux. S'occuper des quatre nez-de-betteraves, c'est déjà assez bien pour occuper la soirée.
Et fiou, l'air pur du dehors aussi c'est franchement bien. Ça va être agréable d'être un peu plus libre de ses mouvements, tiens.

Il zieuta le faux brun avec ses "petits" et songea que, pour un peu et que si on ne regardait pas trop dans les détails, il aurait vraiment pu passer pour leur papa. Bon, un papa un peu bizarre, probablement un peu gaga, mais un papa quand même. Était-ce un jeu pour lui, à ce moment-là, ou se couvrait-il donc de la cape parentale afin de mieux aider ces pochetrons délurés ?
Tiens, en v'là deux qui se mettent à beugler.

- OUIIIIIIIIN BAYUUUUL, BA-BAYUL, BAYUL M'A PINCEY LAW JOUWEUUUUUUH OUIIIIIIIIIIIN
- MEMPAVRéDABOR, CUI KIYA KOMANCEY !!
- OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN BAYULLLLLLLLLLLL ILéEEEEEEE MéSSAAAAAAAAAAAAN OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN

ET PENDANT CE TEMPS-LÀ..... les deux autres guignoles s'amusaient à se foutre des tartes en rigolant comme des tarés, un rire entrecoupé de "AÏEUUUUH BWAHAHAHAHA" *SCHLACK* "OUILLEUHHHHHHHHHH GWARFGWARFGWAAAAAAAAAARRRRF" *SCHTOUNG* "AÏOUIOUILL...." .... et je vous en passe.
Putain mais qu'ils sont cons, c'est pas possible. Ils vont finir par réveiller tout le quartier si ça continue. Entre ceux qui chialent et qui crisent et ceux qui se massacrent la tronche parce que d'après eux c'est tellement drôle.....
"Si c'est ça être père, pitié dieux, épargnez-moi."

Comment Chetan et lui allaient retrouver leurs habitations respectives avec un état mental salement atteint par l'alcool comme les leurs ? Oh dieux.

Une sandale vola dans les airs et passa juste devant les nez des deux bagarreurs amicaux pour s'écraser avec force contre le mur en pierres d'une maison.

- PUTAING MAIS C'EST PAS BIENTÔT FINI CE TINTAMARRE DE TOUDIOU ? Y'EN A QUI VEULENT DORMIR NOM D'UN CHIEN !

Les ambres de Thadas fusillèrent la direction dont venait le missile. Même s'il comprenait la réaction - après tout, lui-même ne savait plus s'il devait se marrer devant les bourrés ou s'il devait s'énerver -, la violence n'est jamais une nécessité pour un cas de ce genre enfin.

- Chetan, tu as une idée d'endroit où l'on pourrait les emmener pour qu'ils passent la nuit à l'abri ?  , fit Thadas à l'attention de son binôme pour cette affaire, l'observant attentivement, s'efforçant d'ignorer le lanceur de savates - il est probable qu'il y en ait d'autres sur leur chemin.

"... et qu'on évite d'avoir toute une partie de la ville ayant une gueule de carcasse sur pattes au petit matin ?"

En réalité, le Grand Prêtre aurait aisément pu décider du lieu où entreposer ces vieux gosses complètement torchés. Prendre des décisions, il connaît. Mais.... il voulait voir ce que valait l'apprenti dans ce genre de situations, comment il les gère. Bah, quoi, je ne vous avais pas déjà dit qu'il aimait bien tester les gens et évaluer leurs capacités ? Bah pour les personnes pas au courant, maintenant c'est fait.
"Montre-moi ce que t'as dans le ventre et dans l'intuition mon grand."
Il ne le laissa pas paraître longtemps, mais c'est clairement ce défi qui reluisit discrètement dans le fond de ses prunelles, pendant de courtes secondes.

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Les cigognes de Bacchus

Le Grand Prêtre acquiesça sobrement face à la proposition de Chetan. Les écuries ? Il n'aurait pas dit mieux, franchement, ça paraît le lieu le plus adapté à leur situation.

"Beaux bébés de la nuit" hein.... Drôle d'appellation pour des ivrognes, dis. Et puis, pas que DES bébés de la nuit, hein, ce sont SES bébés de la nuit. Est-ce que ça sonnait un peu malsain ? Absolument. Est-ce qu'il avait envie de relever chaque parole de son cadet le faisant tiquer ? Non mais vous rêvez. Aux yeux de Thadas pour l'instant, le Chetan de la nuit est plus bizarre et parfois fouteur de merde que mauvais, des quelques fois qu'il l'avait croisé comme ici. La seule crainte qui pourrait passer par son esprit, c'est qu'Eke tente de vicier le novice mais si ça devait arriver, Thadas ferait tout pour l'en empêcher - qu'il réussisse ou non, c'est une autre question. Voyez en général, les apprentis prêtres, même s'il s'agit de ceux des autres, c'est un peu ses protégés, ils sont précieux à ses yeux. Ils lui rappellent aussi sa jeunesse, quand lui-même était encore sous le mentorat de Rexin. Est-ce que ce doux brin de nostalgie s'incrustant dans ses discrets gestes bienveillants font parfois de lui une espèce de vieux un peu trop paternel sur les bords ? Peut-être, faudrait demander aux concernés. Quoi qu'il en soit, il est là aussi bien pour les réprimander que pour les protéger, entre deux gros travaux religieux... et aussi euh quelques...... batifoleries.

- Vous prenez les autres garçons, Grand-prêtre ?

"Mais à tes ordres, mon gaillard."  , songea-t-il avec un humour légèrement ironique qui le fit à moitié sourire, intérieurement.
Alors que le jeunot s'éloignait avec la première partie des bras cassés, Thadas ressortit son petit sachet de bonbons et le secoua avec une expression tranquille mais acérée.

- Alors les enfants... Vous préférez suivre votre papa chéri et avoir des bonbons ou continuer de vous bagarrer et risquer de vous faire punir ?

"Par ici les "petits", petits petits petits...."

Au final..... peut-être qu'il y a moyen de s'amuser avec cette histoire d'escorte pour bonhommes bourrés.


- Pôpaaaaaaa...... j'veux faire popo.....
- Pôpa tu m'portes sur ton dooooooooooooos ?!
- PÔPA J'AI FAIIIIIIIIIIIIIIM !
- PÔP..... OUIIIN MAIS BAYULEUUUUH ARRÊTEUHHHH DEUH MEUH MORDREUHHH LA MAIN EUHHH !.....
- MEH JEH FAIMMMMMMMMMMMMMMMMMM !

.................... Okay non, ça devient lourd, très lourd. Non mais sérieusement, il va falloir qu'il demande à sa mère parce qu'il ne s'en souvient pas vraiment, mais..... il était aussi chiant qu'eux quand il était gosse ? Purée, ils cassent les bonbons ces pochards ! Bon, pas assez pour lui faire péter les plombs pour l'instant, mais quelqu'un de moins patient que Thadas aurait peut-être eu du mal à se retenir de les assommer pour pouvoir les traîner en silence comme dans une scène de crime. Et puis, oui, bon, aussi, Thadas n'aime pas la violence et puis en un sens son empathie lui permettait de comprendre à peu près les caprices des quatre grands mômes.

- On est bientôt arrivés les chatons, un peu de patience.   , grogna-t-il doucement.

Il distribua quelques friandises au miel pour apaiser leurs cœurs d'enfants, puis, face à Gurgjuh qui le tannait pour qu'il le porte, il céda mais "Pas plus de cinq minutes !" hein.
Alors, les premiers à dire qu'il est en train de se laisser attendrir, attention hein, il leur fiche un coup de bâton dans la tronche. Bon peut-être pas un coup, d'accord, mais vous avisez pas de le dire même si ce n'est pas faux. C'est qu'il se sent dans sa peau, à guider des semblables à l'esprit complètement brouillé... Il espère sincèrement qu'ils seront bien à l'écurie, et qu'ils récupéreront vite de leur ivrognerie de la soirée. Les bonbons semblaient les avoir un peu apaisés, y'en avait même un qui suçotait son pouce en regardant salement.... Bayul c'est ça ? Thadas se mit au niveau de l'aspirant prêtre. Il respira tranquillement l'air nocturne, les bras de Gurgjuh ballotant sur ses épaules comme deux gros jambons flasques.

- Alors, comment se passe ta formation ?

Une question peut-être bateau, mais Thadas aime se mettre régulièrement au courant des situations de chacun. Là, il a seize ans le gamin, c'est bien ça ? C'est dans au moins cinq ans qu'il va passer sa cérémonie... Enfin vu comment Akako se sent pressée ces derniers temps, ça risque d'arriver à toute vitesse.

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