eu d'informations échappaient à la Confrérie sur ce qu'il se passait dans ses alentours. À Aisiki, un œil restait posé sur cette Faction et ses motivations. Après tout, son désir de renverser le pouvoir ne pouvait qu'en faire le pion idéal, bien manipulé.

Alors quand la vague rumeur arriva aux oreilles du capitaine qu'Elle avait capturé et gardait emprisonné un individu depuis quelques temps, cela avait titillé sa curiosité - et son intérêt.
Après tout, pour que la Faction en vienne à lu séquestrer, c'est que cette personne devait avoir une certaine valeur. Iel devait avoir des informations... appréciables, si ce n'était précieuses. Peut-être même qu'il s'agissait d'un de ces étrangers récemment accueillis au palais.

Skiàrol prit la route de la taverne de l'Ours Sentimental ce soir-là. S'infiltrer dans le repère de la Faction serait téméraire, donc ce n'était pas forcément ce qu'il visait à ce moment-là, mais rien ne l'empêchait de rester dans la salle commune et de tendre l'oreille... Et qui sait, peut-être qu'une occasion se présenterait.
Si cet individu était si précieux que ça, peut-être qu'il serait envisageable de lu changer de cage... et de mains.

Cela faisait plusieurs jours qu'il plaçait quelqu'un de la Confrérie à l'auberge pour le tenir informé mais il ne savait pourquoi, ce soir-là, son intuition lui dit d'aller voir par lui-même.

C'est sans masque qu'il se dirigeait vers la taverne, car rien de pire pour se faire remarquer que cette petite excentricité. Sa mission était de se fondre dans le décor pour mieux s'en informer. Il le remettrait quand il le devrait. Sa cape lui suffisait pour le taux de luminosité de la soirée, il éviterait juste de braquer son regard sur les sources directes de lumière.
En y arrivant, il croisa brièvement chemin avec un cheval qui quittait justement l'auberge au galop. Il ne put voir qui le montait.
Il pénétra en silence dans l'ambiance chaleureuse de l'estaminet.

C'était bruyant et festif.
Skiàrol prit place à un endroit stratégique, pas trop loin de la porte tout le temps gardée par quelqu'un de la Faction, pas trop exposé à la lumière, et surtout d'où il pouvait observer quasiment tout l'endroit.

Et il patienta, accompagné d'une bière qu'il faisait semblant de boire à petite gorgée. Pas d'alcool en mission.

Au fur et à mesure, il lui sembla détecter une agitation anormale comparée aux autres soirs. Son intuition lui soufflait qu'il se tramait quelque chose.

Un coup d'œil au type qui gardait présentement la porte, la sueur de son front et son regard qui s'agitait nerveusement sans arriver à se fixer, puis bientôt ses genoux devenant un peu fébriles qui semblaient témoigner d'une envie pressante ; oui, ce stress n'était pas normal. Skiàrol patienta quelques minutes, à l'affût d'autres signes.

Puis il se rendit compte que cet homme semblait attendre la venue de quelqu'un.
Il se passait définitivement quelque chose. L'ambiance n'était pas exactement la même. Mais il n'était pas vraiment dans les habitudes de Skiàrol de faire les choses dans la précipitation. Il apporta sa choppe à ses lèvres, mimant toujours avec art quelqu'un qui la boirait parcimonieusement. Il se faisait parfaitement ignorer dans cet univers, à peine l'ombre d'une présence.

Il surveillait discrètement le gardien de la porte. Sa sueur dégoulinait comme les grains d'un sablier. Et il semblait de plus en plus évident qu'il avait vraiment besoin de pisser. C'était bizarre, où était la relève ? Et pourquoi montait-il la garde à l'extérieur ce soir-là ?
Skiàrol réfléchit. Peut-être que c'était un nouveau... Ce serait d'autant plus alarmant que d'ordinaire, la Faction était au moins aussi prudente que la Confrérie.

Passèrent encore quelques minutes.
Le pauvre type sembla atteindre ses limites et se dépêcha d'aller au petit cabinet. Toujours pas de relève.

Skiàrol attendit encore quelques instants, observant la situation.
Il semblerait que les membres de la Faction ne soient pas tous présents pour l'instant, voire l'inverse.

... Ça pourrait être une opportunité.
Il se leva discrètement et se dirigea vers le "petit cabinet".
Une aiguille tranquillisante suffirait à le tenir éloigné de son poste. Mais cela ne laisserait que peu de temps à Skiàrol pour analyser le sous-sol et surtout sa cible : leur captif. La voie était libre et le type lui tournait le dos. Un tir de sarbacane et le tour fut joué. Il le fouilla pour récupérer ses clefs puis s'infiltra dans la cave. Personne ne sembla lui payer attention.

Il écouta tout d'abord les bruits alentours puis descendit prudemment les marches, plus silencieux qu'un chat. Il n'était pas stressé mais restait prudent. Il avait remis son masque, sa sarbacane cachée dans sa manche prête à endormir d'autres sentinelles.
Mais ce soir-là, il semblerait que la défense de la Faction était à son plus bas, car il n'eut pas trop de mal à arriver jusqu'au captif, un blondinet. Il était bâillonné.

Il jeta un autre coup d'œil à l'environnement puis s'assit en face de lui, tirant silencieusement un tabouret.
Il l'observa un instant.

Je n'ai pas beaucoup de temps.

Il brandit très calmement les clefs.

Je suis en capacité de te libérer. Mais pour ça, tu vas devoir me prouver que tu peux m'être utile.

Elles dansaient doucement, les clefs.

Je vais te débâillonner.

Le reflet des torches dans ses prunelles d'acier aussi.

Je te donne deux minutes. Choisis bien tes mots.

Il y avait une ambiance glaçante autour de l'homme masqué.
Il accrocha les clefs à sa hanche et tendit les mains pour libérer la parole au type étrangement vêtu.
Oui, c'était presque une certitude : il s'agissait bien de l'un de ces étrangers. Il n'y avait qu'à espérer qu'il sache parler leur langue.
À la réflexion, le fait que la Faction l'ait gardé tout ce temps pourrait très bien être dû à une communication compromise par une barrière linguistique.

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a bonne nouvelle, c'est qu'ils arrivaient à communiquer. Si l'autre savait parler, Skiàrol saurait le faire parler. Il devait d'abord s'assurer que ça en valait la peine. Sans se décontenancer face à l'air paumé du jeune homme, Skiàrol entama directement la question.

La Faction compte t'utiliser de quelle manière ? Une minute dix. Implacable.

Le temps était serré. Au moment même où quelqu'un tomberait sur l'homme évanoui dans les toilettes, leur fuite serait compromise. Skiàrol ne risquerait pas sa peau inutilement. Même si en soit, le fait même que la Faction ait gardé ce voyageur en un seul morceau est une preuve qu'il a une quelconque place dans leurs manigances. Le leur retirer... pourrait faire un enchaînement de dominos intéressants. Est-ce que cela ferait une grande différence dans leurs plans ? Skiàrol aimerait bien l'observer. C'était le même état d'esprit que celui d'un scientifique sur le point d'injecter un liquide inconnu à une souris. Mais s'il pouvait éviter de se faire mordre par ladite souris, il le ferait.

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kiàrol réfléchit rapidement.

Anticipa.
Soupesa.

À l'évidence, il ne s'agissait pas que de la Faction. Comme les voyageurs étaient sous l'aile de la royauté ijobienne... Il y avait deux puissances possiblement intéressées par cet individu.

Comment retourner ça en avantage pour la Confrérie. C'était le seul grand questionnement autour duquel le capitaine axait ses pensées.

Silence.

Il avait le regard planté dans celui de l'étranger pendant tout ce temps. Un temps court qui paraissait une éternité. Les clefs dansaient calmement dans sa main.

En jaugeant d'un coup d'œil le blondinet, il avait compris qu'il n'était pas du genre combattant ni même chasseur. Facile à maîtriser au besoin mais loin d'être aussi discret que lui.

Il lui avait donné des informations précieuses ceci dit, si elles s'avéraient véridiques. Maintenant restait le choix. Laisser un avantage à la Faction pour déstabiliser le pouvoir en place ou voir de quoi Elle est capable sans cet avantage ?

Hmm. Mais un renversement complet du pouvoir en aussi peu de temps risque de perturber le commerce d'Arakunrin. Des petites turbulences étaient préférables à une grande révolution pour le moment, du moins c'est la conclusion sur laquelle tomba l'assassin.

Skiàrol déverrouilla la porte, les yeux toujours braqués sur le prisonnier. Ses yeux reflétaient le manque de pitié dont il était doté. S'il tentait quoi que ce soit... Après tout, mort, il ne serait d'aucune utilité à la Faction.
Il sort une lame de sa manche. Il tire le type vers lui.

Il abat calmement sa lame.
Les cordes tombent. Mais il tient toujours le blond par l'épaule.

Pas un mot. Pas un bruit. Tu me suis.

Sa voix est presque spectrale. Elle en est d'autant plus glaçante.
Skiàrol attrape un tissu qui traîne et l'enroule brièvement autour de l'étranger pour cacher en partie sa tête, une cape de fortune. Diminuer les risques. Puis il se dirige vers la porte menant à la taverne...

Une fois à la surface, Skiàrol fera discrètement passer l'évadé devant lui en se dirigeant vers l'arrière de la taverne. Là, une fenêtre les attendrait si tout se passe bien.

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