(Laissez moi vous mettre dans l’ambiance les amis, accrochez-vous ça va secouer)


Le blond s’était souvent interrogé sur les moments où il avait atteint son plein potentiel dans sa vie. Ça ne voulait pas dire qu’il n’avait pas de talent voyons, il était un soleil qui brillait de mille feux au quotidien, c’était indéniable ! Mais il y avait quelques moments qui étaient sortis de l’ordinaire, où Chris s’était déjà dit « ça, je le raconterais à tout le monde. ça, c’est ce qu’on appel un moment de gloire »
Ce genre de moment, il en avait eu plein. Quand il était parvenu à fuir des relations gênantes ou à se tirer de plans foireux contre des types qui voulaient l’étriper.
A s’en sortir en général.

Et le moment qui suivit l’attaque de son ravisseur numéro un sur son ravisseur numéro deux en faisait définitivement partie.

Le problème, c’est que l'armoire à glace ne plia pas sous le coup du plexus. Il fit un pas en arrière, mais ce fut tout. Le blondinet écarquilla les yeux, se souvenant de ce gars la première fois qu’il l’avait amené dans le QG de ses ravisseurs. Il l’avait trouvé impressionnant, et s’était demandé si l’individu était aussi monstrueux que son corps ne le laissait deviner.

Maintenant ça ne faisait plus aucun doute: ce type était un gorille.

L’adrénaline circula dans ses veines. Il n’y avait aucune trace de doute possible. C’était son ouverture, sa seule et unique possibilité de fuir.

Doucement, il recula de nouveau vers la salle principale, alors que le garde tentait de mettre un coup violent à son opposant masqué. Comme au ralenti, les yeux de l’étudiant raté parcourent la salle. Son cerveau ne contrôlait plus rien, il était à la fois complètement stone, et pourtant super clair. Du coin de l’oeil, il vit que le gorille balançait des trucs sur batman pour l’empêcher de s’approcher trop près, mais également de s’enfuir.

Toujours en slow motion, maintenant éloigné de la violente scène. Chris se tourna et tapota sur l’épaule d’un inconnu bien imbibé à la table qu’il avait remarqué.

 -Eh, bro… articula-t-il.

Dans cette scène hallucinante en vitesse x0,25, un sourire de connard étira les lèvres du blond. Le type tourna leeeentement la tête. Le pouce de Chris se leva et désigna une meuf juste derrière lui.

 -Moi et ma pote-

Nouveau coup de tabouret de la part du gorille pour éloigner le vilain. Un type reposa doucement sa bière, soupirant en regardant le plafond.

 -On trouve que-

Le barman se pencha sur le bar pour voir ce qu’il se passait en arrière boutique. Le blondinet, lui, rayonnait comme un saint.  Il était temps pour lui, Chris l’étudiant raté, la honte de ses parents, le déchet de la société, de briller. D’embrasser tout son potentiel une fois de plus.


-T’as vraiment- 

Faire ce pourquoi il était le plus fort.

…

 -Une face de pet.


…
Foutre la merde.


…


-Répète un peu ptit connard ? fit le type saoul avant de lui lancer un poing en direction de sa tête.

Chris esquiva. Le poing percuta l’arrière de la tête de la meuf qui se trouvait derrière lui. Celle-ci se retourna vivement, les yeux injectés de sang et la mâchoire serrée. Il n’y avait en face d’elle que le type qui l’avait agressé (notre fuyard préféré s’étant planqué sous une table) alors elle se jeta sur lui.

Tout alla très vite.


Un serveur qui se dirigeait vers les tables en questions, les bras chargés, ne remarqua pas qu’une main d’un certain blondinet lui avait attrapé le pied de dessous d’une chaise, et trébucha. Une pinte de bière valsa sur la tunique d’un autre type qui, fou de rage, chopa le serveur et lui assena un coup de boule. Le gérant sortit de derrière le comptoir en quatrième vitesse pour lui prêter main forte, mais glissa sur une flaque d’alcool, embarquant une autre cliente dans sa chutte. Une énième poivrotte se leva de la chaise pour se joindre à la bataille avec entrain, et une main dépassa de sous une table pour attraper la cape qui se trouvait sur la chaise à présent vide.

-Fils de pute !

-Bouffeur de merde !!

En moins de dix secondes, une chaotique bagarre de taverne secouait l’Ours sentimental. Les poings pleuvaient, les insultent se bousculaient en un brouhaha incompréhensible. Le blondinet, qui immergeait de dessous une table tel un Jack Sparrow, fut attrapé par un ivrogne, qui fut lui même bousculé sur une table par deux autres clients en pleine lutte. Chris en profita pour déguerpir. Il se dirigea vers l’entrée, esquivant au passage une pinte volante, et regardant derrière lui pour voir si son opposant était à ses trousses. Mais il ne distinguait plus personne derrière les dizaines de corps s’entrechoquant dans ce qui constituait le plus violent poggo qu’il avait vu de toute sa vie.

Ses yeux se posèrent momentanément sur la table à côté de lui. Un sourire victorieux étira ses lèvres, alors qu’il poussait légèrement la bougie qui s’y trouvait… Juste dessous le rideau de la fenêtre adjacente.

 -Oupsie doopsie, quel maladroit ! fit-il avant de prendre ses jambes à son cou et s’échapper de sa prison.

Il rabattit la capuche de la cape qu’il avait volé sur sa tête.

 -Vous devriez voir ça !! cria-t-il aux passants en montrant la taverne.

Et, tout fière de lui, il avança au travers de la foule qui s'amassait autour de la taverne pour voir ce qu’il s’y passait. Des bruits de verres qu’on brisait et de cri de rage s’échappaient de la bâtisse, maintenant cernée de spectateurs curieux, voire investis dans le spectacle. Seulement en voyant des flammes s’élever de l’intérieur de la taverne, des cris retentirent, et une nouvelle vague de panique agita les personnes présentent, certains continuant de se battre, certains tentant d’éteindre le feu, d’autres enfin, paniquant complètement et se bousculant pour fuir la scène.
Enfin libre de toute oppression, notre blondinet pris ses jambes à son cou, laissant littéralement derrière lui la taverne de l’ours sentimental à feu et à sang.

Ouep, il allait définitivement la raconter à tout le monde, celle-là !