Puis beh je m’assois tiens. J’ai laissé mon sketchbook sur mon lit, parce que je veux pas en remplir les dernières pages au cas où. Mais le chat est pas là, donc je m’ennuie. Et donc je fixe les fleurs. Et donc je—-

- … Bon, tu rencontreras un ami à moi demain dans l'après-midi ici plutôt.

JE SAUTE ET ME RETOURNE. SERIEUX MEC, TU VEUX BIEN PREVENIR AVANT D’ARRIVER ? Je mets une main sur mon pauvre cœur malmené. Si je rentre à Albany avec des problèmes cardiaques, je saurais bien d’où ça vient !

- Il te donnerai tout ce dont tu as besoin.

Puis mon cerveau process enfin ce qu’il vient de dire. Attends quoi ? Je fronce les sourcils et croise les bras, puis fixe l’acrobate chat malin autoproclamé sur sa branche. “C’est pas sérieux, là, non ?” Mais il sourit… ? “Je te le promets. Tu peux lui faire confiance.” Je souffle très fort. Respire, Nahu, respire. Comme si je lui faisais confiance à lui avant de faire confiance à un pote à lui.

…

Hé mais il s’en va là !? “ATTENDS !!” Je cours vers son perchoir. “Tu appelleras Chetan, ok ?” Allez Nahuel… Tu vas… Y arriver… AÏE. Et je lâche la branche et tombe sur mon derrière.  FFFFFFFFFFFFFFFT.

Essayant de grogner le moins fort possible, je retourne me coucher. Oui, je vais aller dans le jardin demain après-midi, mais si c’était pas pour la peinture, il aurait jamais plus revu mon visage. Mais quel ahuevonado.*

Je passe mon matin comme tous les matins depuis que je suis là: entre manger et faire le tour du palais à la recherche de nouvelles choses à dessiner, bah euh je… Je tape la causette à mon frère. Ouais, je pense que c’est à peu près tout.

Je soupire entre mes lèvres en feuilletant mon carnet… Je peux vraiment plus que faire des petits gribouillis dans les coins, et encore. J’en passe des deux gouttes d’encres que j’ai au fond de mon réservoir. Et ça ça m’éneeeeeeerveuh ! Parce que non seulement y avait au moins 20 trucs que je voulais dessiner ce matin mais j’avais pas l’espace, mais en plus, bah Monsieur Crook, bah il fait chier. Je sais que c’est bizarre de vouloir couiner sur ça quand y a tout de même plus gros comme conséquences mais… Mais bah voilà, ça m’énerve quand même.

J’inspire, expire, et marche vers le jardin avec la tête qui bourdonne. Ce qui m’énerve le plus là tout de suite c’est de devoir me prendre les numéros d’un type bizarre (et d’un pote à lui maintenant) pour avoir mon matos. Rofl. Mais bah j’ai clairement pas le choix. J’avais deux mains gauches en cours de Chimie, donc je me fais pas confiance pour essayer de faire de la peinture avec les feuilles ou les baies du jardin, et euh bah pour tout dire j’ai… Un peu peur de demander aux gardes qui font trois fois ma taille si je peux cueillir des trucs, déjà.

Je fais un pas dans l’espace vert et je vois juste quelqu'un courir à vive allure vers moi et----

– Bonjour, je suis Chetan. On m'a demandé de te trouver de quoi à... euh... faire de l'art de ce que j'ai compris ?

Je cligne des yeux.

Une fois.

Deux fois.

Cinq fois.

Dix fois.

– Mais t’es…

C’est bien le même type qu’hier non ? Mais pourquoi il fait genre il m’a jamais vu ? A moins qu’il ait un jumeau ? Mais il aurait pas dit “mon frère” à la place de “un ami à moi” si c’est le cas ? A moins que j’aie mal entendu ? Oh dios mio, j’ai mal à la tête…

Et c’est que quand je baisse les yeux que je remarque le gros sac qu’il porte. Dios. DIOS. C’EST MON MATOS ! Je saute de joie et lui arrache presque l’objet des mains. En l’ouvrant, je découvre DES TONNES DE FEUILLES ET DES PEINTURES ET DE L’ENCRE ET OH MON DIEU C’EST TROP COOL !

– Merci ! MERCI ! m’exclamé-je.

C’est grave grave cool tout ça ! En plus y a des plumes ! J’ai jamais essayé de dessiner avec des plumes ! Euuuuuuh oui ok y a toujours un étranger bizarre devant moi donc on reprend un peu sa contenance quand même, hein Nahu ? J’arrête de gigoter comme un fou et me racle la gorge.

– H-euhm. Sinon moi c’est Nahuel.