Genzo se retient d'exploser de rire à la phrase de la demoiselle. Oh merde. Il passa une main sur son visage et prit une longue, très longue inspiration pour ne pas juste finir au sol à rire comme un abruti. Elle allait en finir avec sa pauvre vie cette enfant. Il écouta les paroles de la demoiselle et s'écarta un peu pour la laisser faire.
Fiou, allez Genzo, on respire et on ne meurt pas là, dans un phare au beau milieu de nulle part, il y a d'autres choses à faire dans ce monde ! Il s'avança derrière elle une fois qu'elle eut réussi l'exploit d'ouvrir cette porte. Sa main se posa sur l'épaule de Lou et il la tira à lui pour lui ébourrer les cheveux, son sourire toujours rayonnant à côté de cette bombe de bonne humeur.
«
Personnellement, c'est bien la première fois qu'on m'aide à sortir du placard ! »
Et peut-être la seule fois qu'il le faisait vraiment. Il n'avait jamais eu à dire quoi que ce soit sur sa sexualité. Puis, soyons francs, les trois quarts de ses aventures ne duraient qu'un soir, souvent alcoolisé ou autre, par ce qu'il avait besoin de se vider. Pas très glamour comme pensée. La voix imperturbable de son meilleur revient comme un mantra dans son crâne et il la chassa rapidement. Pas besoin de conscience pour faire le tour d'un phare. Sans déconner. Il lâcha la gamine pour s'avancer à travers la pièce.
«
Dommage que je sois pas un vrai pirate. J'me serai plus vite habitué à l'endroit en changeant mon cache-oeil de place. » Il pouffa : «
Malheureusement, mon œil est bien crevé. »
Ses bras se levèrent vers le haut, s'étirant dans un mouvement félin dont il avait à la fois paresse et secret. Une fois que ses yeux eurent l'habitude de l'absence de bonne lumière, il put regarder correctement la pièce. Cette fois, il n'allait pas avoir de risque à prendre. Enfin, sauf le tétanos à la limite s'il était vraiment con. Mais en soit, rien ne semblait craindre. L'ancien Oyabun tourna son visage vers Lou. Il lui offrit un petit sourire :
«
Le donjon est safe. On peut s'prendre un temps pour fouiller. »
D'ailleurs, son attention va directement vers la représentation du Wreck. Bien que son cœur a tendance à vouloir l'amener vers les Cds, son cerveau a fait le choix pour lui. Il y a plus important que son amour pour les chants des divas de tout pays, il devait comprendre ce qu'il se passait ici. Comment un phare avait pu arriver dans une île déserte, et pire, comment avait-on une image de leur navire ici. Il mit sa main sur le mur juste à côté de la réplique.
C'était flippant. Une partie de lui commença à se demander s'il n'était pas dans Lost ou une merde dans le genre. Certes, cela l'arrangeait de se trouver aussi loin de tout sans retour prévu, mais il savait que ce n'était pas le cas de tous. Certains avaient une famille qui les attendait, une vie, un carrière et des amis. S'ils étaient tombés sur le bâteau d'un yokai, ou un poltergeist, amenant des voyageurs dans sa mort, cherchant à réécrire la suite de son histoire. Peut-être que le manque de clope et d'alcool commençait à vraiment le faire dérailler aussi.
Il passa sa main libre dans son cou.
«
Lou. Comment t'es monté dans ce bateau toi en fait ? » Pourquoi cette question-là ? Par ce qu'il avait une vague de questionnement en lui, et qu'il avait posé celle qui lui semblait la plus soft.
En fait, il se rendit compte qu'ils connaissaient très peu de ceux qui étaient montés avec lui sur ce bateau. Il était resté dans son coin, cherchant la compagnie que de façon pointilleuse. Finalement, il n'avait même pas cherché à faire de lien. Maintenant qu'une part de lui commençait à réaliser qu'il se passait vraiment des choses pas nettes ici, il sentait une pointe de remord face à son comportement. Pas assez pour être extrêmement ouvert, mais assez pour parler avec les quelques personnes qu'il reconnaissait. Lou en faisait partie.
«
… C'est trop bizarre comme endroit. Ça sent de plus en plus mauvais, et j'aime pas ça. On dirait une histoire de yokai. »
Là aussi, il ne le disait pas souvent, mais comme une grande partie des japonais, il avait grandi avec les traditions et surtout les croyances. Bien qu'il n'ait jamais vérifié leurs existences, il croyait à des esprits de la nature, à ceux nés des bonheurs et des tragédies, ou même simplement d'un objet ancien. Sa partie rationnelle se souvenait bien qu'il était facile de tout ramener à la science et d'en oublier que parfois on n'avait pas de réponse. Ce n'était pas ces croyances qui l'avaient empêcher de coucher dans un temple ou une église toutefois. Fallait le faire au moins une ou deux fois dans la vie, merde.
Son regard se tourna ensuite vers le tapis. Il était clairement étrange lui aussi. Avec son allure à la fois ancien et étranger, il devait forcément venir d'une tribu ou d'un truc comme ça... Est-ce que c'était un bien ramené ou est-ce qu'il y avait des personnes sur cette île ? La question le fit sourire. Une partie de lui espérait vraiment que ce soit la seconde option. Il adorerait se hisser le plus haut possible pour pouvoir se poser dans un coin et en plus de vivre des vacances, être nourri et choyer sans rien avoir à foutre. Puis si c'était Esteban qui finissait par prendre les rennes de leur clan de voyageur, nul doute qu'ils y arriveraient d'une façon ou d'une autre.
«
Lou, tu peux voir s'il y a pas un truc en dessous du tapis. »
Sait-on jamais à ce niveau.