Il était assez facile de se balader sur cette île, tant qu'on faisait un minimum attention. Est-ce que Genzo faisait attention ? Pas sûr. Mais il avait au moins pris le temps de demander à un des gros bras qu'il appréciait de venir avec lui. Dire qu'il se faisait vieux ne serait pas vrai, il avait un physique dans la force de l'âge, capable de tenir pas mal de temps et d'agir comme il le voulait : cela ne voulait pas dire qu'il avait vingt ans. Il n'était pas non plus une montagne de muscles, bref, il lui fallait quelqu'un capable de l'aider là où lui était incapable de le faire. Puis ça rassurait les habituels cardiaques qui avaient du mal à laisser partir les autres. Il était sur une île perdue, certes, mais ça ne voulait pas dire qu'ils devaient vivre ensembles à longueur de temps. Il était en vacances Kamisama, qu'on le laisse respirer.

N'empêche qu'il ne s'inquiétait pas pour cette fois, la jeune demoiselle qui avait accepté de l'accompagner sur ce côté de l'île était certainement l'une de plus adorable du camp. Elle était énergétique aussi, mais adorable. D'ailleurs, il se tourna vers elle :

« Hey, merci d'être venue en fait. » Il sourit comme le beau diable qu'il est, ne ment pas Genzo, t'as 1866 en déchet humain. « C'est cool, puis j'avais grave envie de voir c'qu'il y avait par là. »

Il passa au dessus des rochers devant eux, s'aventurant encore et encore plus loin de leur campement de fortune. Au final, il s'accoutumait déjà pas mal à la petite vie qu'ils menaient tous. Est-ce qu'il était barge de se dire qu'il était mieux ici qu'en train de fuir aux US ? Hum. Pas trop. Il agrippa une pierre un peu plus haut et se laissa tomber de l'autre côté. Il tapa dans ses mains alors qu'un autre sourire, plus calme celui-ci, se dessinait sur ses lèvres. Il fit un signe de tête à Lou.

« Regarde. J'crois qu'on vient de trouver le gros lot niveau découverte. »

Après un petit bond pour taper ses pieds ensembles, il se mit à courir tout droit vers le bâtiment. Il lâcha un petit rire de père noël. Par ce que merde, c'était noël et qu'actuellement, avec son croc-top sportif bordeaux, il était le plus proche du père. Ce n'était pas une question d'âge, s'il vous plaît. Respectez vos aînés. Il se tourna vers la demoiselle à nouveau et fit monter-descendre ses sourcils :

« On y va ? »

Oh ! Ce serait pas une mésange dans l’arbre là ? Qu’est-ce qu’elle fout ici ? Elle aurait son nid, si près de la plage ? À moins qu’elle cherche à grailler ? Qu’est-ce qu…
Ah pardon, vous étiez là !
Chuuut, je suis en expédition aujourd’hui ! Alors ne faites pas de bruit, d’accord ?
Genzo et moi, on arpente la plage, voir si on trouve quelque chose. Une tortue de mer, des pastèques, voir une sandalette égarée… En vrai, je me contenterais de quelques noix de coco. C’est pas pour dire mais je commence à avoir les crocs. Oui, c’est aussi vrai que j’ai toujours les crocs. Mais ça ne résout pas le problème !
Peut-être que mon estomac est un gouffre sans fond ? J’aurais peut-être dû consulter avant de partir en croisière, non ?

Nous sommes des aventuriers. Est-ce que quelqu’un a déjà posé les pieds ici avant nous ? Est-ce que quelqu’un a parcouru ce chemin ? Est-ce qu’il a trouvé El Dorado ? Franchement, j’ai des doutes. Mais ça veut dire que Genzo et moi, on est des pionniers ! Et ça, c’est plutôt grave la classe.

« Hey, merci d'être venue en fait. »

Je lève mon pouce à l’adresse de mon compagnon et lui renvoie son sourire. Mais quel charmeur ce Genzo ! Il me fait un peu penser au frérot, en plus expérimenté. Et avec un œil en moins.

« Y a pas de quoi ! Moi aussi ça me démangeait de me bouger du campement ! »

Et c’est peu de le dire. Je commençais littéralement à prendre racine ! Est-ce que je ferais un arbre sympa ? Ou est-ce que je serais un de ces arbustes qui poussent jamais au-delà de vingt centimètres ? Je serais franchement fâchée si j’étais pas au moins un chêne. Puissant ! Dominant le monde ! Les branches tournées vers le ciel !
Les branches tournées vers… le….ciel ?
Dafuq ?
Qu’est-ce que… ?

« Bordel de cul ! »

C’est un phare ! Un putain de phare ! Qu’est-ce qu’il fout là ? Y a pas grand-chose qui me dépasse, mais là, ça me dépasse carrément ! Je suis Genzo, lentement, alors que les mots me manquent. J’ai l’impression d’être en plein dans une caméra cachée. Allez les gars, vous m’avez bien eue ! Vous pouvez sortir maintenant !
Je peux pas m’empêcher de rigoler tellement la situation est bizarre ! Ce qui est sûr, c’est qu’on est plus des pionniers ! Y a carrément quelqu’un qui est venu avant nous !

« Mais ouais, grave ! On y va !!! »

Sans plus attendre, je me mets à courir derrière Genzo. Lorsque j’arrive en bas du bâtiment, je me rends compte que l’entrée est bloquée par des rochers. Shoot ! Je pourrais bien déblayer les trucs (même si certains cailloux ont l’air de faire leur poids), mais ça risque de prendre un moment… Je frotte mes mains l’une contre l’autre avant de les poser sur mes hanches. Hmmm….
Je lève les yeux. Il y a bien une ouverture un peu plus haut, on pourrait peut-être passer par là ? Je lance un regard à mon compagnon :

« Tu te sens de grimper jusque là-haut ? Ça nous prendra moins de temps que d’enlever les rochers ! »

Aucun problème pour moi, mais je vais quand même pas l’abandonner au pied du truc, ce serait con !

  L’enthousiasme de la demoiselle lui apporta un petit sourire en coin. Elle était vraiment motivée dans chaque instant de sa vie et ça mettait du baume sur son petit cœur fatigué. Par contre, en voyant les pierres bloquées le passage, il se félicita de ne pas être venu seul. Deuxième réalité, il allait falloir qu'il monte cet incroyable phare s'il voulait quoi que ce soit. Il regarda la demoiselle et jaugea sa capacité à y parvenir. Elle avait la musculature pour et lui pouvait tenir. Le vrai problème n'était pas eux mais plutôt le bâtiment.

Il fit quelques pas en arrière pour regarder les points d'accroche et à quel point il allait pouvoir les soutenir. Il eut un sourire jaune. Évidemment, il était complètement con de croire que des cailloux tombaient du ciel devant une entrée. Il venait du bâtiment lui-même. Un peu plus haut, on voyait un vrai trou dans la structure. Monter au sommet comme ça n'était pas une bonne idée. Par contre, il y avait des fenêtres à différents endroits de la bâtisse et ça, c'était envisageable, déjà pour pénétrer dans le phare.

« J'pourrai le faire, mais t'as peu de chances qu'on arrive au sommet. Il part en miette à partir d'un endroit, le plus sûr ce sera de passer à l'intérieur pour se passage. » Il lui fit un large sourire et lui montra une fenêtre à mi-montée. « Jusqu'ici on a pas de trace d'usure importante, donc on peut grimper et rentrer par la fenêtre. »

Surtout que c'était la seule qui était déjà pétée, donc plus qu'à esquiver les bouts de verre pour pas chopper la mort, et c'était bon. Genzo ne se rendit compte qu'à ce moment-là que son cerveau avait décidé de réussir à leur ascension jusqu'en haut de l'édifice. Petit, mais puissant l'ancien oyabun ! Il sourit de nouveau et tapa sur l'épaule de la jeune femme.

« On fait un tour du phare pour voir par faire grimpette ? Avec un peu de chance, y aura même peut-être des escaliers extérieurs de l'autre côté. J'pense pas, mais ça serait drôle. » Il rajouta : « C'est cryptique un phare là n'empêche. Je nous prenais pour un amas de Robinson mais j'commence à m'dire qu'il y a plus derrière cette histoire qu'on ne le sait... Il doit y en avoir des choses à voir dans ce phare. T'imagines si on tombe sur des objets de navigation, qu'il fonctionne encore ou même qu'il y ait une carte au trésor dedans ? On finira peut-être par devenir de vrai pirate en herbes. »

Il lâcha un grand rire alors que l'image d'Esteban en capitaine pirate lui vient.

C’est quand même chelou que ce phare soit là, non ? J’y connais pas grand-chose en phare, mais est-ce que ça veut pas dire qu’il y avait des bateaux qui venaient jusqu’ici, avant ? Est-ce que ça veut pas dire qu’il y avait QUELQU’UN dans ce phare ??? Il pouvait pas vivre tout seul sur cette île, quand même, si ?
J’ai l’impression que mon cerveau vient d’exploser.
Il va bientôt me ressortir par le nez, c’est sûr.
Instinctivement, je porte la main à celui-ci. Non, pour l’instant tout va bien.

Pendant que je m’interrogeais sur l’état de mon cerveau, Genzo, lui examinait la structure. Et laissez-moi vous dire, qu’il arrive avec des révélations qui m’arrachent un « oh ! » d’admiration.

« Mais t’as complètement raison ! Heureusement que tu me le dis, parce que moi, comme une con, j’étais prête à partir pour le sommet ! »

Et je me serais probablement ramassée comme un caca à mi-chemin. J’avais pas pensé moi, que peut-être le phare était pas aussi solide qu’il en a l’air.  Après tout, c’est un phare quoi ! Le truc se dresse là, comme une montagne ! Et les montagnes, jusqu’à preuve du contraire, ça s’écroule pas.
Alors sur les conseils de Genzo, je fais le tour. Je m’arrête que quand il commence à parler de pirates, parce que là, mon attention est complètement détournée. Je me retiens de lui dire que niveau pirates, il est déjà bien barré avec son œil en moins.

« Oh putain, tu crois ? Ce serait carrément ouf ! Je veux être le gars qui est perché sur le mat et qui annonce la venue d’autres bateaux ! »

Comme le type qui dit qu’il voit un iceberg sur le chemin ! Je nous empêcherai de nous échouer ! Je serai notre œil, notre longue vue, notre radar ! En plus, j’ai 10/10 de chaque côté, autant dire que je suis hyper qualifiée.

« Le Dr. Quílez ce sera Jack Sparrow ! Et on boira tout un tas de cocktails avec du rhum ! »

Quoi ? C’est pas parce qu’on devient un pirate qu’on doit se priver de privilèges. Et je considère que les cocktails sont une évolution positive aux verres de rhum pur.
Quant à Esteban, il est clairement le seul à avoir la moustache nécessaire pour être Jack Sparrow. Il a plus qu’à laisser pousser ses cheveux, et comme on a pas de coiffeur ici, je pense que la tâche devrait pas être trop compliquée.

Je suis quand même déçue de voir qu’il y a pas d’escaliers de l’autre côté du phare.

« Bon eh ben, je crois qu’on va devoir grimper ! »

Ça me dérange pas outre-mesure, même s’il est vrai que des escaliers nous auraient bien facilité la tâche. Mais qui a dit qu’on était là pour se faciliter la tâche hein ? Personne ! Et même si je viens à peine de recevoir mon rôle de pirate, je tiens à en être digne. Or, il n’est pas pirate qui se plaigne parce qu’il doit faire un peu d’escalade !

« Je passe devant, d’acc ? Comme ça on verra si c’est solide. »

Et puis, c’est moins risqué s’il s’avère que ça tient pas. Je tomberai de moins haut ! En m’étirant, je fais craquer mes doigts.
Allez, c’est parti Lou !
Je m’éloigne de plusieurs pas et prends de l’élan avant de me mettre à courir et sauter au pied du phare. J’attrape le premier rebord qui me passe sous la main. Ok, c’est bien ça ! C’est bien !
Puis je fais travailler mes muscles pour grimper jusqu’à la fenêtre que Genzo m’a montrée. Il y reste encore des morceaux de verre, ci et là, que je dégage d’un petit coup de poing ganté. Aucun problème.
Puis je me hisse à l’intérieur.

« Walala ! Genzo, c’est un truc de ouf ! »

  Le pouffement de Genzo sortit sans qu'il ne puisse le contrôler. Décidément, il devait tous avoir un neurone pété pour penser au même connerie, au même moment. Après, nul doute que le cosplay serait parfaitement réussi. Il allongea ses lèvres avec cette idée en tête. Après réflexion, il était certains que le docteur arriverait à refaire les mimiques du pirate mais en aurait-il l'esprit ? Le rhum.
Le rhum. LE RHUM.
Le japonais se mit d'accord avec lui-même qu'il ne pouvait y avoir plus grand motivateur au monde. Qui n'aimait pas un magnifique verre de rhum ? Encore mieux, qui n'aimait pas un magnifique verre de rhum alors qu'il est pirate et moustachu ? Ce serait une honte pour tout les moustachus.

« Je serai quartier-maître sans aucun doute. Le mec qui est gère le nombre de caisses de bouffes et d'armes qu'on a. » Lou avait déjà la force pour faire le longue-vue humaine.

Fin du tour pour les deux pirates en herbes, ils allaient devoir monter.

« Fais pas de faux pas louloute. J'ai pas envie de voir ta version crêpe. »

Laissant la jeunesse faire son œuvre, il mit son cul sur un des plus gros rocher du coin. Nul besoin de s'inquiéter pour la demoiselle, elle allait grimper sans problème. Elle était née pour faire du sport, sans déconner. Pour sa part, Genzo leva une jambe et mit une main dans ses cheveux à la façon d'un mannequin. Son regard se posa sur l'étendu de l'océan ; il était fait pour être une star.

On pouvait presque voir des paillettes de magical girl tout autours de lui.

Malheureusement toute pause de film, même les meilleures a une fin. Il se redresse quand il entend de nouveau la voix de Lou. Elle a fait vite ! Il a pût faire quoi, 3 minutes de beauté filmique en attendant ? Il a même pas eu le temps de pousser la chansonnette. Que de vitesse dans cette femme !

« Hey, parle pas si fort tu risqu- » Il ne finit pas sa phrase qu'une ruée de mouettes fonçaient sur la tête de la demoiselle. « Trop tard. »

Il vérifia qu'elle ne tombe pas, et fut quand même rassuré que ça ne fut pas le cas. Il prit une respiration et monta à son tour. L'ascension fut plus compliquée pour son petit corps amoindri en muscles par les heures de bureau, la fuite et tout autre merde qui l'avait empêché de prendre soin de lui. Il ne fallait pas compter le rhum dedans, le rhum était un motivateur on vous a dit, suivez !

Une fois arrivé en haut, il remercia ses heures de poledance de l'avoir rendu au moins souple et rentra dans la cuisine. Il s'étira légèrement.

« Pas de problème pour toi Lou ? Aucune crotte de mouette? »

Son regard se tourna ensuite vers le phare. Supposément, il devait avoir une centaine d'année, voir plus. Son regard se fixa sur le four. Bon, ils avaient le choix entre fouiller ici, descendre ou monter. Le yakuza se tourna vers sa camarade.

« Pirate, je vote démocratiquement pour visiter cette pièce ! »

Pendant que je grimpe, je me dis que Genzo ferait un sacré bon quartier maître, il a clairement le cerveau pour ça ! Et avec Esteban en capitaine Sparrow, on aurait une sacrée belle équipe ! De toute façon, notre bande d’américains est déjà un beau bordel de pirates, entre ceux qui chipent ce qui est pas à eux, ceux qui ont une jambe bancale et ceux qui se torchent au rhum de façon professionnelle…. On mène tous déjà une belle vie de débauches et d’impudence.

Et pendant que je pense ça, je me retrouve finalement à la fenêtre. Et là, j’ai fait un truc très con.
J’ai crié à Genzo, en bas.
Jusque là, pas de problèmes, vous allez me dire. Non. Nooon. Le problème, c’est les mouettes !
Le tas de mouettes qui me fonce dessus et qui manque de me faire tomber dans un tourbillon de plumes et de « KA-KAW ! ».Je laisse moi-même échapper un petit cri de surprise peu viril. Ahem. Ça reste entre nous, hein ?
Une fois dans la pièce, je passe les doigts sur ma joue. Un de ces idiots, avec son petit bec pointu, m’a égratignée ! Bon. C’est mieux que s’il m’avait fait caca dessus, on va pas se mentir. Là, je sais pas ce que j’aurais fait. Est-ce que le sel marin, c’est efficace contre les cacas de mouette ? C’est quand même dans ces moments-là qu’on se rend compte que sans Google, y a pas mal de questions qui restent sans réponses. Par exemple : est-ce qu’une mouette peut manger un être humain ? Je veux dire, maintenant qu’elle a goûté au sang, y a des chances qu’elle revienne, non ?

Heureusement l’arrivée de Genzo et la pièce m’arrachent bien vite à mes pensées. Qui sait où elles auraient pu aller ?

« Aucun problème, t’inquiète ! »

Je pose les mains sur mes hanches et examine l’endroit où on se trouve. Y a carrément quelqu’un qui vivait ici, c’est chaud !

« Je vote comme toi, quartier maître ! »

Parce qu’on a franchement des trucs à voir ici avant de s’aventurer ailleurs. Mon regard est attiré par une table renversée contre une porte. Je la montre d’ailleurs du doigt. Oui, c’est pas poli, c’est vrai, mais c’est une table, je pense qu’elle s’en remettra !

« T’as vu ça ?! Tu crois que le type qui vivait ici a été attaqué ? Pourquoi il a bloqué la porte ? »

Des extra-terrestres ?? Non, ils seraient venus par en haut… Des envahisseurs ? Un Kraken ! Qui a tenté de passer une de ses tentacules pleine de ventouses par la porte ! Ou alors, c’est pour bloquer quelqu’un à l’intérieur ?

« Tu crois que le gars cache des squelettes dans son placard ? »



Alors moi, vous pensez bien, je vais voir ! Ce qu’il a voulu empêcher d’entrer (ou de sortir) est peut-être encore là ! Et franchement s’il y a des petits hommes bleus derrière cette porte, ce serait la plus grande découverte de tous les temps !
Sauf que… y a des jours comme ça, où ben, ça veut pas. M’voyez ? Alors que j’approche, le parquet grince et chouine (un peu comme notre appart à Boston d’ailleurs!), le truc est pas solide. Je me dis, ça passe, depuis qu’on est arrivés sur l’île je fais carrément régime !
Mais non. En l’espace d’une seconde, mon pied passe à travers.

« Shoot ! »

C’est carrément toute ma jambe, jusqu’à la cuisse, qui se retrouve suspendue entre deux étages, dans le trou, et moi qui me ramasse sur le parquet. Pendant une seconde, je suis complètement interloquée. Puis j’éclate de rire.
Un bon gros rire qui me secoue toute entière, tellement c’est quand même con quoi !
Une fois que je me suis calmée, je tends la main vers Genzo :

« Tu veux bien m’aider à sortir ? Je crois que je suis coincée. »

  Son sourire s'agrandit quand il vit la demoiselle en pleine forme. Décidément, elle était toujours en pleine forme sur tout. D'un certain côté, elle lui faisait vraiment pensé à ses séries d'époque avec les héroïnes un peu cruches mais tellement attachantes qu'on finissait par tout leur pardonner. Il la vit s'avancer et préféra se tourner vers la frontière entre les murs et le sol. Il fallait vérifier si tout était bon avant de pouvoir avancer. Au vu du relief qu'il voyait sur le case, il y avait très peu de chance que marcher dessus soit une si bonne idée. Il redressa la tête pour prévenir sa petite aventurière en herbes...

Une fois encore, il eut juste le temps d'ouvrir la bouche avant de la voir sombrer devant lui à l'étage en dessous.
Il mit une main sur son visage et se massa les tempes alors qu'un sourire clairement amusé se trouvait sur ses lèvres. Quand il l'entendit rire, il ne put se retenir et partit dans un des plus grands éclats qu'il ait eu sans alcool dans le sang.  Elle en loupait pas une et le pire, c'est qu'elle s'en sortait à chaque fois !

« Oh merde ! Lou ! »

Au lieu de lui prendre la main, il sauta avec elle. Il lui tapota l'épaule toujours en riant, un peu plus silencieusement cette fois.

« Si t'es tombée ici, c'est qu'il doit y avoir une raison non ? Allons visiter le bas avant de voir le haut. Puis comme ça on vérifiera sur quoi on tombe la prochaine fois que  tu crèves le plafond. » Il se remit à rire, mettant une main sur son visage par réflexe nippon plus que par nécessité.

Bon, avec tout ça, il fallait qu'il voit s'ils allaient au moins pouvoir passer d'une pièce à l'autre dans cet endroit. La bonne humeur de la demoiselle avait fini de le toucher, il souriait comme un idiot là. Il mit une main sur sa hanche et regarda autours de lui avec son œil vif. Il avait dormi une fois dans un phare, il y a longtemps maintenant, au moins deux trois ans. Ça n'avait pas été glorieux, il avait fini malade et la meuf avec qui il était aussi. Comme quoi, le sortez couvert ne vaut pas que pour le bas. Il passa une main dans ses cheveux.

« Ok. »



Il soupira grandement. Au vu des affaires ménagères un peu partout, et des produits bouffés par le temps... La triste nouvelle était là :

« Lou... Nous sommes dans un coin de rangement. » Il rajouta : « On va pas trouvé grand chose d'autres que des ballais ou des trucs périmés. On doit réussir à choper les escaliers internes pour pouvoir nous balader comme on le veut. J'ai l'impression d'être en plein milieu d'un donjon, mais en vrai. »

Son rire reprit, sa bonne humeur aussi. Il leva la main et pointa les planches de bois fermées qui devaient sûrement être leur passage vers une nouvelle salle. Son sourire se fit presque celui d'un dresseur pokémon. Il annonça fièrement :

« Lou, ma chère longue-vue humaine, notre obstacle, c'est ça.  » Il haussa la voix, partant dans les aigus : « Sortons du placard ! »