Karah savait qu’il pouvait peser son poids, celui d’une crevette rapellons-le, donc il faisait en sorte de porter le plus qu’il pouvait son corps fatigué et engourdi. Il avançait avec toute sa force mentale comme appui. Et les bras de cette femme autour de lui. Il devait tout faire pour y arriver. Quand vint le moment d’apercevoir une petite maison, il sentait presque le relâchement de tout son être. Il sourit, c’était donc là son endroit sûr et tranquille. Il pourrait enfin se reposer. Même si une partie de lui s’en voudrait plus tard pour avoir occupé une place qui n’était pas la sienne. Il était bien trop épuisé pour batailler avec ses pensées en ce moment. Il grimaça. Il devait arriver à rentrer et ne pas s’écrouler dès qu’il avait franchi la porte.

« Cela me va… Je vais t’emprunter le le lit quelque instants… Pardon. »

Voilà comme prévu, son côté modeste faisait qu’il ne voulait pas déranger. Du coup il s’excusait. Sa voix était faible, même lui avait eut du mal à l’entendre. Pourtant tout sortait de sa bouche. À quel point s’était-il entraîné ? Assez pour être dans son état. Les jambes avaient toujours un mal fou à le tenir. Il observerait sûrement le terrain à son réveil. L’air de rien, il aimait découvrir de niuveau lieu. Ça lui permettait de voir des choses différentes. Karah était sûr qu’il pourrait un peu récupérer, voir même entièrement. Enfin, il devait passer par le choc après son réveil d’être chez quelqu’un. Depuis combien de temps ne s’était-il pas réveillé ailleurs que chez son père, son atelier ou la nature. Son meilleur ami dirait trop longtemps. Il fixa cet objectif. Il serait reposé. Il devait encore faire quelques pas. Quelques pas de plus et y serait. Ce lit, il n’attendait que lui.

L’artisan fini par s’installer de façon un peu étrange, mais il avait pas assez de force pour mieux se placer sur le lit qui était relativement confortable. Depuis qu’il était venu à la capitale pour apprendre à se défendre plus correctement, il n’avait jamais eu lit si confortable. Il lâcha un soupir de soulagement. Manquant de s’endormir dans la seconde. Mais il laissa son esprit vagabonder quelques instants. Il sourit et ferma les yeux. Petite cabane, mais confortable. Il ne risquait rien absolument rien. Elle était là. Il s’était endormi avant qu’elle lui dise qu’elle revenait. Mais Karah avait confiance à son retour.

Il plongea d’abord dans un sommeil léger qui répara un peu les dégâts de ses heures d’entraînements. Puis apr ès ça venait le sommeil profond, là où les rêves se manifestait. Comme d’habitude une nature luxuriante l’entourait, mais aussi des animaux. Un fauve majestueux le salua avant de cogner avec affection son front. Il manqua de tomber. Mais il sentait que c’était juste de la maladresse de ce magnifique animal. Agir avec un humain fragile n’était pas chose facile. Il finit par flatter le flanc avant de repasser dans un sommeil plus léger. Son repos était bon dans cette petite cabane.

Si bien quand il se réveilla, il pouvait sentir son corps un peu engourdi, mais plus ou moins opérationnel. Combien de temps avait-il dormi ? Difficile à dire. Il posa son bras sur ses yeux. Il souffla doucement. Il devait faire face à ce que ces actions avaient provoqué. Il devait présenter ses excuses, mais aussi voir s’il pouvait lui donner quelque chose pour son hospitalité. Car c’est comme ça que fonctionnait Karah. Il fouillait ses poches. Il n’avait rien. Mêmes ses petites créations de bois n’étaient plus là. Un artisan sans une œuvre. C’était impossible. Il devait faire quelque chose. Que dirait Lenorian si elle savait qu’il avait rien fait depuis deux jours ou trois… Il se mit à paniquer.

« Merci... »

Mais était-elle là cette femme ? En tout cas au premier coup d’œil, il ne la vit pas.

Le temps de mettre ses idées et ses pensées dans un ordre tout à fait relatif, il retrouva la femme. Toujours aussi forte et si présente. Au moins, il était sûr qu’elle était réelle, et pas un produit de son imagination. Il bougea d’abord ses jambes pour tester la mobilité, à part une légère douleur, ça pouvait aller. Après un peu de sommeil il ne pouvait pas tout récupérer. Il sollicita ensuite ses bras, puis enfin ses mains. Quelques raideurs. C’était normal. Il sourit, au moins, il avait un peu mieux dormi.

« Oui, j’ai eu un drôle de rêve, mais je crois que tout va bien. Je n’ai rien perdu. Sauf quelques courbatures. Mais c’était le but. N’est-ce pas ? Jolie petite cabane. Merci de m’avoir laissé le lit. Je n’ai rien à te donner pour ce service. Je pourrai faire quelque chose si je trouve un peu de bois. T’aime quel animal ? Après quelques massages, je pourrai recommencer. Je saurai où ma limite cette fois ? Peut-être. »

Karah avait un sourire léger avant de rire franchement ; ses limites, il jouait trop avec. Mais ça, elle avait pu le voir une fois. Mais il espérait qu’elle ne le récupérait pas une autre fois. Il avait assez énervé la demoiselle contre son maître. Protecteur comme il l’était. Il n’avait pas donné son nom. Il sourit. Lui aussi, il pourrait le remercier, mais comment. Il devait réfléchir. Donner une création à une personne semblait presque normal, à se demander comment il gagnait de l’argent. On pouvait remercier Lenorian de lui donner  un peu le sens des affaires. Mais ce n’est pas aujourd’hui qu’il cesserai de faire plaisir aux gens. C’est tout ce qu’il pouvait faire correctement.

« Désolé vraiment de m’être mis dans cet état. Je pensais pouvoir tenir encore, je me suis trompé... »

Le tigre, il ne savait pas pourquoi, mais Karah s’y attendait presque à cette réponse. Sur le coup, il avait un sourire, un de ceux rempli de tendresse. Et cette femme aussi, bien que plus éphémère que lui-même. Le jeune artisan savait quoi faire pour la remercier. Il rit doucement quand elle le remercia. C’était normal pour le jeune homme. Il ne voyait pas en quoi il devait être remercié. Elle lui disait de rester un peu tranquille, mais il savait que bientôt, il aurait à nouveau envie de parcourir l’île. Il y avait que son art pour lui couper tout idée d’exploration. Le fait qu’il restait si proche de la capitale, c’était déjà un bel effort de sa part. Il le faisait pour rester près de son maître. Il pouffa doucement.

« Tu dois être la troisième personne qui me dit de me ménager. C’est difficile de savoir quand s’arrêter. Je me sens pas fatigué et puis mon corps fini par se tomber. Comme si c’était quelque chose de logique. Mais ce n’est pas logique, vu que j’ai du mal à m’en remettre après… Je suis si fatigué que ça ? »

Défaire toute une habitude ne serait pas mince affaire. Karah n’était pas ignorant de certains signes, mais il les interprétais mal. Il voulait surpasser les limites que son corps lui imposait pour être plus fort. Il massait donc ses jambes, c’était un geste qu’il avait répété des dizaines de fois. Du coup, il savait s’y prendre avec son corps. Avait-il plus de muscles ? Il n’en avait pas l’impression. Il était un peu déçu de pas prendre un peu de volume à ce niveau. Quand il voyait son père, il ne voyait que ça. Il passait son temps ainsi. À voir si ces gestes pouvait calmer les petites douleurs. Des insignifiantes douleurs pour le jeune artisan. Il avait vécu pire et mieux.

Karah devait concéder le point à cette femme. Son corps avait eu besoin de ce repos. Celui qu’il refusait tant d’accorder à ce dernier. Le fait que ça soit dit sans détour semblait un bon plan pour qu’il comprennent un peu mieux. Mais était-il infaillible ? Non, mais là, ça fonctionnait. Va savoir quel dieu ou autre pouvoir mystique faisait pencher la balance de son côté.

« D’accord, mais tu risques me trouver régulièrement ici le temps de mon apprentissage. »

Enfin si son corps pouvait le transporter jusqu’ici. Mais cette réflexion, il la gardait pour lui-même. Il avait un abri provisoire proche de la capitale. Un abri qui n’était pas le sien. Mais celui de cette femme. Allyn, un nom qu’il allait retenir pendant un moment. Pas qu’il oublie vite, mais les informations étaient parfois aussi volatiles des graines qui roulaient sous l’action du vent. Germant dans des têtes plus fertiles parfois, où venant y déposer une nouvelle fleur dans son terrain. Que serait la nature sans ses plantes vivaces ? Rien. Quand elle s’en alla, clopin clopant, il se leva et fit quelques pas.

« Dans ce cas à bientôt, et fait attention à toi aussi. »

Il ferait quelque chose qu’il laisserait ici pour ça, il devait trouver un peu de bois. Malgré la légère douleur, il s’éloigna da cabane un peu pour y trouver de quoi sculpter. Il devait pas oublier son art. Pas sûr que ceux qui avait placé leurs espoirs en lui pourrait lui pardonner ses deux jours de repos. Serais-ce pareil pour son entraînement ? Il ferait une série ou deux, pas l’entièreté du compte qu’il devait faire ce jour-là. Il espérait seulement que ça serait suffisant. Il retourna à la cabane, les jambes tremblantes. Ses muscles étaient trop tendu. Il étala ses jambes et se mit tailler le bois. Elle aurait un tigre à son retour. Un tigre rugissant plus vrai que nature.