Le chaton-humain a une curiosité enfantine. Il met sa main en avant et se poche pour mieux observer le regard inconnu. Jamais il n'a vu du blanc en dehors des tissus et des fleurs. Il ne s'attend jamais à voir ce genre de choses. Est-ce qu'elle l'est de naissance ou bien est-ce arrivé au cours de sa vie ? Est-ce que ça fait mal ? Est-ce que ses sens sont plus puissants ? Est-ce qu'elle a des capacités divines en échange de son sacrifice ? Est-ce voulu ? Il a tant de questions sans réponses que c'est déplacé de les poser. Il est gêné par sa propre curiosité. En fait, il a même un léger rosissement en se rendant compte de ce qu'il dit, et il est bien-évidemment heureux qu'elle ne puisse le voir.

« ...Oui. » Il réalise ce qu'elle a dit plus tôt. Sa main serre la terre sur laquelle elle se tient.

Il a quelques réponses. Mais elles ne lui plaisent pas. Aucune capacité n'a été donné à la demoiselle en échange du bien qui lui a été repris. Les dieux n'ont eu aucune clémence avec elle, la rendant juste martyre de sa condition. Est-ce qu'elle aimerait qu'il pense ainsi ? Il ne pense pas. Les gens n'aiment pas qu'on les plaignent, ça rappelle qu'ils ont perdu ou ont quelque chose en moins. Il se sent assez horrible d'avoir ce genre de pensée, honteux.

Elle annonce ensuite une autre réponse. Bon, elle voit effectivement d'une autre façon. Ça rassure le jeune adolescent qui sous une impulsion aurait tout à fait été capable de louper son parcours pour l'aider à vivre. Heureusement pour le cœur de son père et le respect déjà minime que lui porte sa mère, il n'aura pas à le faire. Par contre, il s'avance vers elle et les bijoux tintent de nouveau. Les boucles à ses oreilles ont quelque chose de doux, elles sont faites pour être creuses à l'intérieur comme un instrument. Il a à son cou un collier avec une petite clochette, rappelant son amour presque viscérale pour les félins.

« Oui, je compte m'occuper des chatons si leur mère n'est pas revenu d'ici ce soir. Il a possibilité qu'elle se soit faite tuer... Je n'ai pas envie que les chatons ne périssent à cause de ça. » Il sourit grandement, comme un enfant : « Tu en voudras un ou deux si c'est le cas, il me semble ? »

Avec gentillesse, et malgré que cela soit un peu gênant pour lui – il manque d'habitude, il pose sa main sur l'épaule de la demoiselle. Son sourire est doux, sa façon de parler est calme, réfléchi mais bienveillante. Il fait attention aux moindres détails.

« Tu peux dire Chetan, ça ne me dérange pas Maki. » Il rajoute un peu précipitamment : « Et non, je ne suis pas dérangé par le fait que tu sois aveugle. Tu es ma première en fait. Du coup, je suis un peu curieux, pardon si c'est gênant. »

Le un peu est un tel euphémisme. Il déborde d'envie d'apprendre, de savoir, de comprendre, de vivre à sa place un court instant même. Tout ce qu'il lui dit est minimisé pour ne pas la gêner, pourtant il aimerait tellement poser ses questions, sans barrière de politesse.

« Si tu veux... je peux te raconter un peu ce qu'on fait à l'instruction... Ce n'est pas comme y être, mais ça pourrait te le faire vivre par procuration ? »

Il ne peut clairement pas dire qu'il n'aime pas les ronronnements des félins. Ce bruit a la capacité de le calmer peu importe ce qu'il s'est vraiment passé dans la journée. Il pourrait se rouler par terre juste en entendant le son de bonheur. Il sourit comme un enfant, seulement avec un sourire colgate. En fait, il est persuadé qu'il peut ronronner lui aussi. Quelques choses s'éveille dans ses yeux et dans son mouvement, quelques-uns de ses bijoux toquent les uns contre autres. Chetan vient d'avoir une nouvelle idée. Il se concentre pendant qu'elle parle pour à la fois ne pas perdre un seul mot de ses phrases. Elle a une voix douce et quand elle lui prend la main, ça lui fait plaisir. Il aime les contacts lui aussi. Même si c'est étrange et qu'il reste idiot – comme là – quand il n'a pas prévu que ça arrive.

« ...Hum... Du coup, est-ce que t'entends tout à des kilomètres et tu sens la force du vent sur ta peau ? Est-ce que t'arrives à sentir un ragoût de l'autre côté de la ville ou la fleur à notre droite ? Est-ce que tu différencies les couleurs avec ton nez ou au toucher ? T'arrives à prévoir le futur ? »

Écoutez, quand on est un enfant qui n'a pas connu grand chose, on demande souvent n'importe quoi. Puis, il faut dire que son père lui a plus raconter les légendes que la réalité. Il la découvre depuis peu et il est assez déçu pour espérer qu'un des héros des conte de son père sorte de derrière un buisson...Ce serait le buisson de sa vie au final ? Le buisson le plus incroyable qu'il n'a jamais vu... Ça pourrait être... Il fixe un instant le premier amas de branches et de feuille sur sa droite : ce buisson ! Il doit le garder à l’œil.

Bon sang, il vient de perdre tout son skill de ronronnement. Allez, concentre toi petit chaton, tu vas réussir à ronronner !

HA ! Chetan se tend quand il doit finalement lâcher son épaule car elle se cale contre lui. Il cligne des yeux et rosit un peu. Décidément, elle est très tactile cette demoiselle. Est-ce que tout les jeunes femmes aveugles sont ainsi ? Un peu naïf, peut-être – ou alors sous l'impulsion de super buisson –, il ose demander :

« ...Toutes les personnes aveugles sont tactiles ? » Il rajoute directement : « Ça me dérange pas hein ! Pas du tout ! »

Il prend ses mains l'une dans l'autre, les mettant juste devant lui avec un côté timide qu'il n'a pas souvent. Mais en même temps, il n'est pas très habitué à ce genre de chose. Lui, c'est plutôt une armée de bouquins qu'il a l'habitude de côtoyer. Pas une demoiselle de son âge.

« On fait pas mal ça oui... Après, on essaie de voir si on a les capacités pour aller avec les gardes pour le reste de notre vie. C'est une façon de nous préparer pour vivre en sachant nous défendre. On soulève pas mal de choses, on rencontre des gens de tout les coins de l'île. Clairement, c'est pas très incroyable mais on fait de notre mieux. Comme ça, on pourra vous protéger si des envahisseurs viennent sur l'île. Même si un dieu devient méchant, avec notre force, je suis sûr qu'on aura assez de poids pour pouvoir lui parler et voir le problème avec lui !! »

Le jeune homme semble très motivé, et c'est le cas. Il va vivre sa meilleure vie avec cette formation, c'est sûr ! Il sourit grandement, une nouvelle fois.

Toutes les informations qu'elle donne reste à jamais dans son cerveau. Il imprime les moindres mots, les moindres intonations. Au final, il la trouve jolie quand elle parle de sa façon de voir le monde. Enfin, il la trouve toujours jolie, mais dans ce genre de moment, il se dégage d'elle quelque chose d'encore plus proche de ce qu'il perçoit parfois dans la douceur d'Oruko. Sans le dire à haute voix, il adore ce qu'elle dit. Il est toujours en train de rougir de côté tactile et de sa façon d'être. Il est déconcerté. Une part bien pure de lui est mis à mal dans cet instant.

Ses yeux pétillent quand elle parle de son apprentissage. Il redresse le visage vers elle et... Il fixe le chaton qui est en train de se faire câliner avec une étrange émotion. Il se mord la lèvre alors qu'il a l'impression qu'en plus du fait qu'elle se soit écartée de lui – alors qu'il aimait bien cette chaleur finalement –, elle vient de donner de l'affection à quelqu'un d'autre... Est-ce qu'il ressent ce qu'on nomme de jalousie ? Sincèrement, il en sait rien et l'égoïste chaton de la nuit a juste envie de faire preuve d'un instant dans le jour. Il secoue la tête et essaie de se reprendre calmement. Il ne doit pas faire ça, c'est très déplacé, encore plus alors qu'il a émis l'idée qu'il soit gêné.

« Je ne suis pas gêné. » Il le répète de nouveau puis lui sourit même si elle ne peut pas le voir. Le chaton mérite des caresses, il se calme donc peu à peu : « Je suis content de rencontrer une apprentie guérisseuse... Mais c'est vrai que je ne serai pas ton public le plus présent. »

Il rit nerveusement et passe une main sur la clochette qu'il a autours du coup. Son regard se plisse un peu alors qu'il se met à parler un peu plus de lui-même que du monde en général. C'est rare qu'il s'y autorise vraiment, mais elle le met en confiance.

« … J'ai le choix entre devenir scripte ou prêtre, c'est les deux jobs que m'autorise à faire mes parents. » Il redresse le visage sur elle et cette fois, il fait le premier pas, attrapant sa main pour lui amener sur le haut de son crâne blond. Il quémande clairement les grattouilles donner au chaton. « J'ai choisi de devenir apprenti prêtre pour Oorun. »

Il rougit en remarquant que finalement, il a agis égoïstement en redemandant une forme de contact et pire encore, un contact félin... cela lui arrive de plus en plus en ce moment... Il doit se contrôler.