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Iwuri SileOn devient champion grâce à ce qu'on ressent ; un désir, un rêve, une vision.
Histoire
Un courage indompté, dans le coeur des mortels...
Iwuri sourit de toutes ses dents à Core. L’observant du coin de l’œil depuis l’autre bout de la cour, Sanu ne pu s’empêcher de pouffer de rire en observant l’enfant brandir son arc comme un grand guerrier.
— Ah bon ? Pourquoi ça, Iwu ?
— Parce maman elle est trop forte !
Core se fendit d’un sourire doux, celui qui faisait l’effet d’une caresse à l’enfant. Âgé de six déluges, Iwuri était leur trésor à toutes les deux, un enfant abandonné alors qu’il n’avait que quelques mois et qu’elles avaient décidé de recueillir et qu’elles chérissaient comme leur véritable fils. Certains prétendaient alors qu’elles étaient allées à l’encontre de la volonté des dieux en l’adoptant, arguant qu’il avait été offert à Sode. Elles ont donc quitté Aisiki, où l’esprit des villageois était particulièrement étroit, pour s’établir dans les plaines d’Isokan.
Travailler les champs n’était un problème pour aucune des deux femmes au physique fort et à l’esprit vaillant. Sanu faisait la plupart du travail à la ferme, l’élevage des bêtes et la mise en culture des champs leur appartenant. De temps en temps, des jeunes en quête de coquillages venaient les aider à moissonner, mais les deux femmes parvenaient à se débrouiller toutes seules, la plupart du temps. Core, quant à elle, s’occupait de ramener de la viande et de se déplacer jusqu’à Isokan pour vendre les produits de leur petite ferme.
Iwuri passa le plus clair de son enfance en compagnie des autres enfants du petit pâté de maison enfoncé dans les plaines à l’extrême ouest d’Ijọba. Ceux à peu près aussi âgés que lui étaient Tyll, Asam et Oriana. Cette dernière étant la seule fille, elle a grandi en s’adaptant au caractère de ses camarades de jeux, si bien que tous grandirent sans réellement prendre conscience des limites entre les genres.
Le blondinet était un enfant sociable, plein de joie. Le genre d’enfant dont on pense que rien de mal n’arrivera dans sa vie. Pourtant, la vie à Ijọba est loin d’être dorée, surtout pour les enfants. Grandir est un combat, pour les parents comme leur progéniture. Entre les prédateurs, les intempéries et les aléas de la difficile vie quotidienne, rien ne garantit leur survie jusqu’à l’âge adulte.
Pourtant, c’est le genre d’enfance qu’il a eu. Simple, il ne s’est jamais montré exigeant vers les autres, cherchant toujours à aider ceux dans le besoin. Outre l’enseignement du vieux mestre retraité qui vivait non loin de leur hameau, Core enseignait à Iwuri la chasse, tandis que Sanu lui apprenait tout ce qu’il fallait savoir sur les plantes, les onguents et autres remèdes fabriqués à partir des bienfaits d’Iseda. En s’installant à Isokan, les deux femmes avaient également convaincue la mère d’Core de se déplacer avec la petite famille. D’après la grand-mère, ce fut le meilleur choix de toute sa vie, puisqu’elle pouvait dévoiler tous les secrets de son savoir d’ancienne prêtresse de Sode aux enfants, contant chaque jour une histoire différente, tirée des légendes ijọbiennes aujourd’hui oubliées de tous.
Habile dans le maniement de l’arc et des armes, mais aussi dans la traque, Iwuri se voyait déjà suivre les pas d’Core, s’imaginant pouvoir apprendre des meilleurs à Aisiki, lorsque ses douze déluges viendraient.
****
L’isinmi battait son plein dans les champs. Comme chaque année, c’était l’occasion pour les familles vivant dans les environs de se rassembler pour célébrer la bénédiction d’Ogbin et la chaleur de son souffle fertile.
— Devoir, hasard ou secret, Oriana ? demande Tyll en rigolant.
C’était déjà le cinquième tour du jeu mais les enfants ne s’en lassaient pas. A devoir, ils devaient accomplir une action de bravoure, pour un hasard, ils devaient accomplir un gage inattendu et à secret, ils devaient répondre à une question. Le genre de jeu universellement connu des enfants de cet âge.
— Secret, répond Oriana avec assurance.
Tous les ans, elle est en mesure de revoir d’autres filles, dont elle s’est auto-proclamée la cheffe. Ne reculant devant rien ni personne, elle a donc décidé de se montrer joueuse.
Mais Tyll avait préparé sa question depuis belle lurette, attendant patiemment que la jeune fille lui laisse l’occasion de la poser.
— Avec qui tu voudrais te consacrer quand tu seras plus grande ?
L’assemblée le fixe, sidérée. Filles et garçons échangent des regards embarrassés… ce n’est pas souvent que cette question est posée, et elle est souvent synonyme de confession. Tyll était-il intéressé par Oriana ? Pourtant, il n’arrêtait pas de l’embêter… Les regards vont du visage soudain très rose de l’enfant, qui sous ses airs bourrus est incapable de maintenir un visage serein, à celui d’Oriana.
Et l’intéressée rougit furieusement. Pourtant, elle sait que personne ne peut échapper à la question posée, sous peine d’être puni par les dieux en conséquence - il paraît que c’est un moyen d’honorer Kadara, en mettant son esprit sur la balance du hasard.
Tous les enfants retiennent leur souffle, attendant la réponse de la petite fille. Allaient-ils assister à la déclaration du siècle ? Ce jeu était souvent le climax des festivités, pour eux qui ne partageaient pas les activités des adultes.
— Pas toi, finit-elle par répondre d’un ton sec en croisant les bras.
Tyll resta bouche-bée devant cette réponse et toute l’assemblée éclata de rire. Les poings serrés et un regard déterminé - quoiqu’à deux doigts de fondre en larmes -, Oriana se leva et se dirigea vers son blondinet de voisin, assis parmi les autres enfants.
— C’est avec Iwuri que je voudrais me consacrer plus tard.
Nouveau blanc.
L’intéressé cligna plusieurs fois des yeux.
— Ah ? Attend, euh… Je ? Quoi ?
L’assemblée attendant du spectacle et des sentiments, les autres enfants commencèrent à le huer en lui demandant sa réponse.
Le regard d’Oriana ne laissait pas vraiment place au choix.
— Euh… ouai… m- moi aussi !
Bégayant sous le coup de la panique, il se laissa faire lorsqu’on le mit sur pieds pour qu’il enlace la brunette qui venait de se déclarer à lui, déconnecté de la réalité à cet instant précis. Impatiente, c’est finalement elle qui vient le serrer dans ses bras.
Les deux seuls ne semblant pas partager l’engouement général, outre la victime principale de ce jeu, étaient Tyll et Asam, pour des raisons complètement différentes, cela-dit.
Le jeu repris ensuite son cours.
****
— Désolée que ça se soit passé comme ça.
Oriana et Iwuri s’étaient retrouvé un peu plus tard, luttant contre l’envie de s’endormir bercés par les clameurs venant des danses des adultes, plus loin.
— Non, je sais que tu ne voulais pas blasphémer, c’est normal.
Elle eut un sourire triste.
— Mais je ne voulais pas te forcer non plus, tu es sûr que tu veux bien ?
Iwuri détourna le regard. Valait-il mieux mentir pour préserver les sentiments et le cœur de son amie, ou avouer qu’il ne la voyait que comme une camarade de chasse et de jeu ? Il n’avait d’ailleurs jamais éprouvé le moindre attachement sentimental envers personne, à part ses mères. Il y a peut-être une personne et une seule, mais il n’en n’a pas conscience et ne l’avouera sûrement jamais. A cet instant précis, il ne voulait pas piétiner les sentiments d’Oriana ni la rendre triste. Et dans ce but, il serait prêt à sacrifier les siens.
Et puis, ce n’est pas comme s’ils pouvaient se voir souvent.
— T’inquiète pas.
Peut-être qu’en se forçant, il finirait par l’aimer ? Peut-être aussi qu’Oriana se lassera. Il paraît que les sentiments de l’enfance ne durent pas. C’est Core qui le dit, c’est que ça doit être vrai. Surtout qu’Oriana est de deux ans son aînée, elle trouvera sûrement quelqu’un d’autre à aimer pendant sa formation… qui sait ?
— Ouf, tant mieux. On s’attendra, hein ? Jusqu’au retour de la formation…
— Oui…
Oriana lui offrit son plus beau sourire et le cœur d’Iwuri se pinça alors qu’un sentiment amer l’enveloppait. Avait-il vraiment fait le bon choix ? Il commençait déjà à le regretter, sans pour autant pouvoir revenir sur ses mots.
Cette personne, si chère à son cœur, l’avait déjà sûrement oublié de toute manière, non ?
****
— Vous serez prudent, hein ?
Core retenait de peu ses larmes.
— Mais oui, tu sais bien que je suis presque aussi fort que toi !
Il embrassa une dernière fois ses mères.
Iwuri et Asam partirent ensemble, étant nés la même année, suivre la formation commune à tous les Ijọbiens. Ce fut l’occasion pour eux de se rapprocher, de parler du village, d’Ijọba et de cette île qui ne demandait qu’à être conquise par eux. Ils s’imaginaient voyager, se voyaient déjà voyageurs, explorateurs et aventuriers, oubliant bien vite à quel point leurs parents leur manquaient. Ils se firent de nouveaux amis, rencontrèrent de nouvelles personnes, apprirent beaucoup. Plus le temps passait et plus Iwuri prenait conscience de l’importance d’une cette formation. Après tout, chacun de son côté de l’île, les Ijọbiens avaient l’impression d’être presque seul au monde, si bien que les événements du genre permettaient de prendre conscience du reste de ce monde.
Mais il n’y avait pas que ça.
Iwuri se nourrissait de l’enseignement, ni trop bon ni mauvais, il écoutait attentivement et exécutait les ordres sans broncher. S’il avait des facilités physiques, il n’était pas non plus mauvais lorsqu’il s’agissait de réfléchir, sans pour autant se démarquer des autres. Il ne savait pas ce qu’il voulait devenir, qui pourrait bien le choisir, l’éventail de possibilités étant extrêmement varié. Malgré tout, l’image de sa mère, Core, guerrière admirable, forte et invaincue, ne cessait de trotter dans son esprit et de s’imposer à lui.
L’entraînement qu’elle lui avait fait subir durant toute son enfance se voyait ostensiblement. Lorsqu’Asam ou un autre enfant avait du mal à marcher, Iwuri le portait sur son dos pour soulager sa peine. Il partageait ses repas, chassais parfois du petit gibier pour les autres, et c’est tout naturellement qu’il se lia d’amitié avec tous.
C’est à Aisiki que l’une des Ogun repéra Iwuri. Impressionnée par son caractère bienveillant et ses capacités physique, elle lui proposa de le former pour faire de lui un futur protecteur, et pourquoi pas un Ogun. Embarrassé par l’idée de devoir quitter Isokan, l’enfant hésita et attendit la fin de la formation obligatoire avant de lui donner sa réponse. Il écrivit ainsi à ses mères, qui l’encouragèrent à suivre cette voie, uniquement si c’est celle que lui désirait.
Core et Sanu ont très vite avoué à leur fils son adoption et la manière dont elles l’ont trouvé. Se rendre à Aisiki, sur le lieu de sa naissance et celui où elles ont grandi et vécu avant de le recueillir, était une idée plaisante. Aussi il décida d’entrer au service de l’Ogun.
****
— Iwuri ?
— Oui, Ogun ?
— Tu sais à présent ce que tu veux faire ?
— Pas vraiment… ce n’est pas contre vous mais… j’aimerais voyager. Je respecte énormément votre travail mais je doute qu’il me convienne… peut-être plus tard.
— Je vois. Tu as conscience qu’il n’y aura probablement pas de « plus tard », n’est-ce pas ?
Iwuri baissa la tête. Il le savait. Encore une fois, il n’était pas certain de faire le bon choix, encore une fois.
— J’ai eu une idée…
Il releva les yeux vers la femme.
— Tu pourrais devenir maître d’armes, non ? Tu pourras former les Ijọbiens des quatre coins de l’île comme ça !
— Mais jamais je ne serai assez fort pour ça !
— Allons, elle lui frotta doucement le sommet du crâne, tu n’as que seize ans, mais tu sais bien que d’ici quelques années à peine tu m’auras dépassé ! Je sais que si tu en fais ton objectif, rien ne t’arrêtera.
Iwuri souri bêtement.
L’idée lui plaisait.
La vie est un combat. On n'a pas le choix. Ou on se bat ou on se barre.
Encore un peu.
Le moindre mouvement entraînait une douleur insupportable. Le jeune homme avait l’impression que son bras gauche allait se détacher de son épaule, tant il le lançait. Mais aveugle, il était bien incapable de déterminer l’état de son corps.
Il n’était que souffrance.
Un pas.
Un autre.
Gauche.
Droite.
Ne tombe pas.
L’écho de voix humaines parvenait jusqu’à lui petit à petit.
Il s’écroula dans l’herbe.
— IWURI !
A qui appartenait cette voix déjà ? Il n’en avait pas la moindre idée. Peut-être n’était-il pas à Aisiki ? Mais dans ce cas, où était-il ?
Il sombra dans l’inconscience alors que des bras le soulevaient.
****
Il ouvrit les yeux d’un coup, comme dans un sursaut, se redressant immédiatement sur le lit.
— Iwuri… Ilera soit louée, s’exclama une voix masculine sanglotante.
Clignant plusieurs fois des yeux, le blond tourna la tête vers le propriétaire de cette voix. Derrière ses yeux plissés, il le reconnu.
— Okàn ?
L’autre le pris doucement dans ses bras.
— Oui… tu te souviens de moi ? il se redressa. Peu importe, comment te sens-tu ? De quoi te souviens-tu ?
Ces questions firent à Iwuri l’effet d’un coup de massue sur le crâne.
— Je-
Il baissa la tête pour examiner son corps. Au moment où il voulut palper son abdomen recouvert de bandages, seul une de ses mains répondit. A la place de l’autre, sous la manche du kimono dont il était habillé, il n’y avait plus rien à partir de son coude.
Une grosse larme roula sur sa joue.
Suivie d’une autre.
— Mon… bras…
Un cri muet s’échappa de ses lèvres dans un étranglement douloureux.
Il ne vit pas le regard désolé d’Okàn, l’air triste qui s’affichait sur son visage.
Il ne pouvait soudain plus rien voir, derrière le rideau de ses larmes. Tout lui revint d'un coup. L’attaque, l’animal et l’échec de sa mission. Envoyé dans la forêt avec d’autres chasseurs pour secourir des Ijọbiens disparus, ils s’étaient retrouvés pris au piège sur le territoire de félins.
Ils avaient pourtant pris toutes les précautions nécessaires… la présence de petits avait changé la donne sans qu’ils aient pu recalculer leur stratégie.
— Tu es en vie, c’est tout ce qui compte. Je t’ai trouvé pas très loin d’ici, là où j’ai l’habitude de ramasser des plantes… j’ignore comment tu as pu marcher aussi longtemps dans ton état mais c’est un miracle que tu sois encore en vie, Iwuri.
« En vie » ?
Comment pourrait-il encore garder la face avec un bras en moins ?
— Tu as salement été mordu, je n’ai pas eu d’autre choix que de t’amputer… désolé.
Iwuri se répondit pas.
Il savait que c'était de sa faute. L’idée que des Ijọbiens soient en grave danger avait altéré son jugement, lui faisant commettre une erreur fatale. Il ne pouvait pas même maudire les dieux. Après tout, la mort, entre les crocs d’un animal, est le prix à payer pour l’arrogance humaine.
Alors à quoi rimait sa survie, maintenant qu’il était infirme ?
Comment pourrait-il encore manier l’épée ? Comment pourrait-il encore rêver ? Après tout ce qu’avait fait l’Ogun pour lui, comment pourrait-il bien lui rendre toute sa bonté ?
La main de son interlocuteur se posa doucement sur son épaule. Comme par magie, le blond se rendormi presque immédiatement, comme pour fuir cette réalité si laide et douloureuse. Pourtant, il savait pertinemment qu’à son réveil, il lui faudrait l’affronter à nouveau.
Mais il n’était pas certain d’en avoir la force.
****
— Okàn ?
— Mhm ?
— Pourquoi tu vis tout seul ici ?
— J’avais besoin de m’isoler. J’apprends beaucoup par moi-même et la plupart des plantes d’ici ne sont pas trouvables au village.
— Mais et ta famille ?
— Je les ai laissé, ils ne m’acceptaient pas… tu sais pourquoi nous sommes partis d’Isokan ?
— Non.
C’est la question qui lui brûlait les lèvres, depuis son réveil.
— Parce qu’ils ne voulaient pas que je me rapproche de toi. Soit disant que tu serais maudit parce que tu aurais dû être offert aux dieux, une absurdité du genre… railla-t-il en levant les yeux au ciel. Mais plus le temps passait et plus nous étions proches, alors de peur que je ne sois maudit, et eux aussi, ils ont déménagé tout au nord de l’île.
— Mais tu n’y crois pas, toi, à cette histoire ?
— Non.
Il se rapprocha.
— Je sais ce que tu vaux, Iwuri, et à mes yeux du es un cadeau des dieux, et non une malédiction. Pour tes mères, par exemple…
Pause.
Ils étaient si proches que le blond pouvait se noyer dans les prunelles d’encre de son ami.
— Pour moi aussi.
Un sourire se dessina sur les lèvres du brun. Faisait-il allusion aux maltraitances dont il était victime auparavant ? Iwuri rougit, embarrassé par ces souvenirs.
— A l’époque je jouais un peu trop aux héros… regarde où ça m’a mené.
Il désigna du menton son bras manquant.
Okàn se fendit d’un sourire plus grand et pris délicatement les doigts paralysés de son ami dans sa main.
— C’est ce qui fait toute ta valeur.
A ces mots, il l’embrassa doucement.
****
Iwuri avait toujours éprouvé pour son ami des sentiments différents, une affection allant au-delà de l’amitié, sans qu’il n’ait jamais été en mesure de mettre le doigt sur sa signification. Il avait ressenti très vite le besoin de le protéger.
Était-ce réellement ce qu’Okàn appelait de « l’amour » ? Il n’en était pas certain. Il appréciait sa compagnie, c’est vrai, mais de là à statuer sur ses sentiments… Il trouvait son compagnon ravissant, se sentait capable de plonger dans l’obscurité de ses prunelles pendant des heures sans s’en lasser tout comme explorer chaque parcelle de sa peau pour en parcourir les tons, de grains de beauté en tâches de naissance… mais l’amour était-il aussi charnel ?
Il n’osait pas poser la question.
— Tu pourrais rester ici, tu sais ?
Iwuri releva les yeux vers Okàn, mais il ne répondit pas, craignant trop de devoir se retrouver à nouveau confronter à un choix douloureux, entre ses sentiments et ceux d’autrui. La tresse brune de son interlocuteur retomba le long de sa clavicule nue alors qu’il cherchait une réponse dans le regard du blond.
Sourire triste.
— Je ne peux pas m’éterniser.
— Tu pourrais.
— Non… je dois faire honneur à l’Ogun, je dois retrouver mes mères et… tu me connais assez pour savoir que je ne peux pas rester à un endroit trop longtemps. Plus maintenant.
Le brun se rapprocha, effleura la peau de l’autre du bout des doigts.
— On pourrait voyager ! Il y a beaucoup de choses que j’ignore des plantes et des remèdes… tu pourras assurer ma sécurité…
— Avec ça ? Iwuri désigna d’un air dégoûté son moignon. Comment veux-tu que je te défende, c’est à peine si je ne suis pas réduit à l’état d’un nourrisson ! Tu m’as sauvé, je te dois la vie et je…
Okàn patienta longtemps, espérant enfin entendre les mots qu’il attendait depuis si longtemps.
— Ma place est ailleurs, acheva l’autre.
Le guérisseur afficha un sourire triste mais ne chercha pas à s’imposer plus que nécessaire. Il était déjà heureux de pouvoir partager ces moments avec Iwuri et savait qu’il restait encore plusieurs semaines avant qu’il ne soit en état de rentrer à Asiki.
— Mais laisse-moi rester encore un peu à tes côtés, s’il te plait.
Caprice égoïste ou sentiments inconscients, le jeune homme était bien incapable de le dire.
Dire qu’il était complètement insensible face à Okàn était un mensonge et d’ailleurs, s’il avait au moins conscience d’une chose, c’était bien de ça. L’un comme l’autre ont profité de ces moments passés à deux, à l’écart du monde, jusqu’à ce qu’Iwuri décide de partir.
****
A peine eut-il mis un pied à Aisiki qu’il s’attirait déjà les regards incrédules et les prières des Ijọbiens qu’il croisait. Aux côtés Okàn, le temps lui avait semblé si court qu’il avait encore du mal à croire que trois mois s’étaient écoulés. Durant tout le trajet du retour, il s’était inquiété de s’imaginer la douleur de ses mères, certainement mises au courant de sa disparition voir de sa mort probable, et s’était juré de lever le malentendu au plus vite.
— Alors tu es en vie, gamin.
— Si on veut.
Froissement de tissus. L’Ogun le pris tendrement dans ses bras. Elle ne dit rien mais ses gestes et les battements de son cœur parlaient pour elle.
— Ogun… la voix d’Iwuri se brisait comme les vagues de l’océan contre les falaises escarpées de l’île. C’est fini, je ne peux plus tenir une épée, encore moins un arc.
S’il avait doucement commencé à s’habituer à la perte de son bras, il n’avait pas pu se résoudre à accepter l’abandon de ses ambitions et ses rêves. Il était parti d’Aisiki en expert dans le maniement des armes et revenait estropié, incapable de manier les épées lourdes qu’il aimait tant.
La femme se recula, regardant de bas en haut son protégé, avant d’éclater de rire.
— Si ce n’est que ça, ne fait pas cette tête voyons ! On va trouver une solution.
Iwuri la regarda sans comprendre.
— Je te le promets. Repose toi ce soir, écris à tes mères et revient me voir demain.
L’Ogun avait toute la confiance de son apprenti, néanmoins celui-ci avait du mal à imaginer de quelle solution elle pouvait parler.
****
— Je vais te présenter à un vieil ami. Je lui ai déjà parlé de toi mais il n’acceptera de t’aider que s’il t’estime digne de son aide. Ne fais pas ta tête de bouc et soit mignon, d’accord ?
Elle l’ébouriffa comme elle le faisait avant et le poussa dans une cabane des environs d’Aisiki, un peu excentrée, située près du bout du monde. L’extérieur sentait fort le poisson, si bien qu’il n’était pas difficile de deviner la profession de cet « ami ». Comptait-elle faire de son incapable d’apprenti un pêcheur ? C’était à n’y rien comprendre.
Décidant cependant de ne pas juger l’endroit aux apparences, Iwuri s’engouffra dans la cabane à la suite de sa mentor.
— Iwuri, je te présente Feran.
Un homme d’âge mur se trouvait là. Il échangea de brèves salutations et examina sous toutes ses coutures le blondinet.
— Pourquoi veux-tu manier une arme ?
La question touchait Iwuri en plein cœur. La voix pleine de regret, il répondit au bout d’un moment.
— Pour protéger ceux qui me sont cher et moi-même. Pour ne plus faillir à cette tâche. Pour rendre mes proches fiers de moi et les laisser se reposer sur moi…
Lorsqu’il releva les yeux, le regard de Feran s’était adouci.
— Enlève-moi toutes ces épaisseurs.
Le blond fronça les sourcils et jeta un coup d’œil peu rassuré à l’Ogun. Celle-ci haussa les épaules.
— Allez, je dois voir comment tu es bâti.
Le jeune homme écarquilla les yeux de plus belle.
— Pardon ?
— J’ai pas toute la journée, grommela Feran.
A contrecœur, Iwuri se débarrassa des épaisses étoffes qui couvraient le haut de son corps, laissant apparaître muscles saillants, bandages épais et cicatrices encore rougies.
— Je vois… ce doit être faisable…
Feran passa la matinée à faire soupeser au jeune homme divers objets, tout en en profitant pour lui faire transporter ses filets de pêche et divers autres objets qu’il n’aurait pas à déplacer personnellement.
Finalement, il lui mit en main un sabre comme il n’en avait jamais vu auparavant. Après quelques mouvements, le pêcheur le repris et le glissa délicatement dans son fourreau.
— Je partirai pour Oluh dans deux jours, je reviendrai dans 6 à 7 semaines et à ce moment-là, il faudra que tu aies appris à compenser ton handicap au combat.
Se tournant vers l’Ogun, il acheva d’un ton sec :
— Il fallait vraiment que tu me fasses rompre ma promesse hein ? J’imagine que je te le devais bien… marmonna-t-il avant de les escorter hors de sa cabane.
— Ogun ? demanda Iwuri. Qui est-il ?
— Je ne peux pas te le dire pour le moment, mais s’il y a bien une personne qui peut t’aider, c’est lui.
****
Iwuri n'était pas sans cœur.
A plusieurs reprises, il s'était surpris à penser à Okàn, à la douceur de ses caresses et au son de sa voix, pareille à une douce bise d'été. Tout, chez lui, apaisait le blond. Était-ce simplement parce qu'il l'avait recueilli et soigné à un moment critique de sa vie ? Parce qu'il avait su trouver les bons mots ? Iwuri n'en savait rien.
Au fond de lui, tout ça lui manquait terriblement, maintenant qu'il se trouvait à nouveau seul, avec son bras manquant. Auprès d’Okàn, il avait goûté à une ivresse sans pareille, l’éloignant comme un songe de la réalité.
Mais ce n’est pas dans les rêves que l’on vit.
C'est pour cette raison qu'il s'accrocha fort, si fort que ça faisait peine à voir, à l'espoir que Feran lui avait apporté. Un mois et demi. Il devait attendre pendant un mois et demi avant de décider quoi faire. Vivre ? Renoncer ? Changer ? Abandonner son rêve ? Il n’était pas certain de supporter de faire un seul de ces choix.
Corriger les mauvaises postures, il pouvait le faire sans son bras, c'était un fait. Il avait passé sa vie à apprendre des meilleurs, sacrifiant sa jeunesse pour être en mesure d’accomplir ses rêves par la suite. Que ce soit pour l'arc ou les lames, sa langue et son regard acéré étaient bien suffisant. Mais Iwuri avait besoin d'éprouver les frissons du combat, et encore plus celui réel. La perte d'un membre aurait pu le faire renoncer à ça, s'il avait eu un tantinet de jugeote. Mais non, cet imbécile était bien trop fasciné par le tranchant des lames pour se lasser du délicat son produit par une épée fendant l'air en sifflant.
Il voulait être en mesure de protéger les siens et de se protéger lui-même. Après tout, jamais il ne s'abaisserait à demander de l'aide à qui que ce soit.
****
Feran revint comme prévu cinq semaines plus tard. Iwuri n’avait pas lésiné sur l’entraînement, essayant du mieux qu’il pouvait de compenser la perte de repère et d’équilibre entraînée par l’amputation de son bras. Il avait affronté l’Ogun, progressant à une vitesse impressionnante, aidé des années passées à apprendre l’art de la guerre. Il avait beau avoir un membre en moins, son physique fortifié n’avait pas disparu, pas plus que ses réflexes ou ses connaissances. Seules les bases étaient à retravailler : appuis, centre de gravité… Au fur et à mesure que les jours s’écoulaient et que le jeune homme recouvrait ses forces, il semblait de plus en plus déterminé à combattre son handicap. D’autres avant lui avaient dû être confrontés à ce genre de situation. Parmi eux, certains ont sûrement surmonté cette épreuve… Iwuri n’était du genre à renoncer et s’il avait passé des semaines à faire le deuil de son membre, quiconque le connaissait assez pour voir brûler dans ses yeux sa détermination pouvait dire qu’il avait dépassé cette étape, au moins en partie.
— Je te jure que si ce que je vois n’est pas assez satisfaisant, je te tranche l’autre bras, cracha sèchement Feran en lui tendant une épée rangée dans un étrange fourreau.
Soupesant la lame, Iwuri ne put qu’admirer sa légèreté, avant d’examiner le fourreau, fixé sur une ceinture de cuir noir. Il s’agissait de toute évidence d’un sabre légèrement courbé, plus petit que la plupart de ceux qu’il avait pu manier, plus facile donc à manier d’une seule main. Néanmoins, serait-il en mesure de dégainer une telle arme avec une seule main ? S’imaginant déjà galérer un moment en essayant de coincer le fourreau sous son moignon pour éviter qu’il ne bouge, le jeune homme attendit les explications du mystérieux pêcheur.
— J’ai fait en sorte que la ceinture soit plus haute qu’une pièce classique, expliqua Feran comme s’il lisait dans les pensées du jeune-homme. Le fourreau est beaucoup moins mobile car fixé sur la bande de cuir. Quant à la lame… un mécanisme te permet de la dégainer sans avoir à utiliser trop de force.
La ceinture bouclée et les diverses lanières nouées, Iwuri essaya, moyennement convaincu, d’extraire la lame de son fourreau. Le manche du sabre était relativement long, permettant d’y appliquer une bonne brise avec une seule main. Comme l’avait dit Feran, la position de la base du fourreau était idéale, juste à la limite des côtes inférieures. Appuyant sur une petite pièce métallique située à la base de la lame, il tira la lame avec toute sa force et envoya le sabre valser à l’autre bout de la cour.
— Par tous les dieux, espèce d’abruti… j’ai dit : « SANS trop de force ».
L’Ogun éclata de rire, spectatrice de cette petite scène depuis le début.
Iwuri regarda sans comprendre le vieil homme, la main toujours ouverte. C’était vraiment si facile que ça ? Les yeux pétillants, il se reprit vivement et couru récupérer le sabre.
Celui-ci était tout simplement parfait. L’acier brillait comme s’il venait de sortir de l’atelier d’un forgeron extrêmement talentueux. Le manche également était très joliment taillé et incrusté de pièces de tissus vives. La garde, ronde, était elle aussi simplement mais élégamment sculptée. L’ensemble était tout bonnement magnifique.
— D’où sort une arme pareille ?
Feran grimaça.
— A ton avis ?
L’ancien forgeron et l’Ogun lui expliquèrent la situation, du moins en partie, et la nécessité pour Iwuri de garder le secret sur la fabrication du sabre et la véritable identité de Feran. C’est finalement après un rapide combat entre les deux hommes, puis l’apprenti et l’Ogun, que le forgeron accepta officiellement de laisser cette ultime arme au jeune-homme.
Je t'aime parce que tout l'Univers a conspiré à me faire arriver jusqu'à toi.
Core comme Sanu prirent leur fils dans les bras pour la première fois depuis de trop longues années. S’accordant un moment de répit bien mérité, Iwuri était rentré à Isokan auprès d’elles pour des vacances imposées par l’Ogun. Après celles-ci, il serait libre de commencer à exercer son métier itinérant, lui avait-elle dit.
— J’ai cru à une mauvaise blague lorsque ta lettre est arrivée… je te jure… Iwu, nous refait plus jamais un coup pareil parce que je crois que je ne le supporterai pas.
— Mhm, désolé.
Qu’il est bon de rentrer chez soi.
— Vous m’avez manqué.
Même lui avait du mal à retenir ses larmes.
****
— Iwu ?
L’intéressé se mordit les joues très fort. Une voix féminine l’appelait. Une voix qu’il aurait pu reconnaître entre mille malgré le temps qui s’était écoulé depuis la dernière fois qu’il l’avait entendu. Il se releva, nettoyant ses vêtements plein de terres, et s’étira avant de faire face à la jeune femme.
Sourire léger.
— Ori…
Et il se pris la plus belle gifle de sa vie.
Portant sa main à sa joue, il darda un regard perdu sur son interlocutrice.
— T’as pas idée de ce que tu nous as fait subir à tous, espèce d’imbécile ! cracha-t-elle avec un visage à la fois énervé et triste. On était mort d’inquiétude ici lorsque tu as disparu… on- j’ai pas arrêté de prier Iku de te rendre… je croyais que t’étais mort.
Pris de panique, Iwuri ne savait pas quoi faire.
Comment les gens avaient fait avec lui déjà ?
Un geste tendre ! Voilà.
Doucement, il attira la jeune femme contre lui. Elle paraissait minuscule, maintenant, alors qu’elle l’avait toujours dominé d’au moins deux tête lorsqu’ils étaient gamins.
— Je sais, désolé. Mais tu sais, j’ai pas vraiment choisi de me faire bouffer par un tigre hein.
Oriana releva des yeux plein d’incompréhension vers lui.
— Tu… quoi ?
— Haha, longue histoire. Mais c’est pas une raison pour me frapper, non ?
— Ouai… désolée, grommela-t-elle en collant sa joue contre le torse d’Iwuri. On l’a toujours dit, que tu te ferais bêtement tuer.
— Mhm…
Il caressa doucement les cheveux bruns de son amie. Dans son dos, il sentit ses poings se serrer contre l’étoffe de ses vêtements amples.
— Je t’ai attendu, tu sais.
— Tu m’as attendu ?
— Oui, je voulais pas rompre notre promesse…
— Aaah…
— Quoi ?
— Rien.
Un silence pesant s’installa.
— Je sais que ça ne voulait rien dire pour toi, t’en fais pas. Et je sais que tu ne pensais pas à mal. Mais j’avais besoin de m’y tenir, d’être sûre… de tout tenter. J’ai voulu venir à Aisiki mais tu n’étais pas là la première fois, et la seconde fois j’ai appris que tu étais mort. C’était dur, tu sais ?
Elle s’écarta.
— Mais je te connais depuis toujours. Tu n’es pas du genre à t’attacher à un endroit ou à une personne… et moi je suis bien, ici.
Elle planta un regard incisif dans celui déboussolé du blond.
— Je sais que tu ne m’aimeras pas, que nous ne nous consacrerons ensemble… alors j’ai une faveur à te demander, pour te faire pardonner de ton mensonge.
— Tout ce que tu veux, souffla-t-il.
Ce qu’il craignait s’était produit. Elle avait deviné depuis bien longtemps ses véritables sentiments, connaissant même peut-être mieux que lui les tourments auxquels sa personnalité était confrontée.
— Je veux une nuit avec toi. Une seule, pendant laquelle je veux que tu m’aimes.
Le visage dissimulé dans l’ombre de la lune, Iwuri ne put retenir un violent rougissement. Il balbutia quelques excuses, essaya de trouver une réponse adéquate, mais le visage triste d’Oriana lui coupa l’envie de fuir.
— D’accord.
Il accepta.
****
S’essuyant avec sa manche la sueur qui perlait sur son front, Iwuri mis fin à l’entrainement des nouvelles recrues de la milice d’Isokan. Un peu plus d’un an s’était écoulé depuis qu’il avait commencé à exercer son métier de maître d’armes. Voyageant un peu partout, il s’était établi pour quelques mois à Isokan, à la demande de la Guilde.
— Iwuri Sile ? appela soudain un intendant.
L’intéressé releva la tête et se dirigea vers lui.
— Hum… une jeune femme demande à vous voir. J’ai essayé de la faire attendre jusqu’à la fin de l’entraînement, mais elle insiste et doit visiblement repartir rapidement.
Fronçant les sourcils, Iwuri opine du chef et suivi le vieil homme au travers du dédale des couloirs de la guilde, jusqu’à une zone réservée aux entretiens, à l’écart des oreilles curieuses. Les miliciens attendraient bien son retour pour le débriefing, ça leur laisserait le temps de se détendre et de se laver.
— J’ai pensé que ce serait plus adapté… vous comprendrez vite pourquoi.
Abandonnant à ces mots le blond, il décampa rapidement.
En franchissant le seul de la porte de la petite salle, Iwuri compris immédiatement. Enfin, il refusa de comprendre, un sourire crispé collé sur son visage.
Devant lui se trouvait Oriana, qu’il n’avait pas revu depuis plus d’un an.
Et dans ses bras, elle portait un enfant, un tout petit enfant, enveloppé dans une étoffe brodée.
— Iwuri.
— Hum ?
Elle s’approcha de lui. Il recula jusqu’à ce que ses omoplates s’enfoncent dans le mur.
Jamais il n’avait eu aussi peur qu’à ce moment-là, mis à part le jour où il avait failli frôler la mort.
— Je te présente ta fille. Nomme-la comme tu veux, je n’en veux pas. J’ai une vie à mener, des projets à mener à bien et élever une enfant ne m’intéresse pas, donc tu assumes ou tu l’abandonnes, c’est à toi de voir, explica-t-elle avec un haussement d’épaules désintéressé.
Le sourire du blond disparu.
Sa fille ?
Il s’apprêta à ouvrir la bouche mais Oriana ne lui en laissa pas le temps.
— Et si tu oses me demander si tu es bien le père, je te jure que je te castre ici et maintenant, siffla-t-elle, un air mauvais sur le visage.
Par Iku qu’elle était effrayante, quand elle le voulait.
Iwuri opina sagement du chef et se mordit les joues jusqu’au sang.
C’était un cauchemar, non ? Une blague ? Un bizutage peut-être ?
Et alors qu’il était planté là, déconnecté de la réalité, la jeune femme lui refourgua le nourrisson entre les mains et le planta-là.
Il resta un moment dans la pièce, jusqu’à ce que le bébé dans ses bras se mette à pleurer.
Ce fut le troisième moment le plus effrayant de toute sa vie.
****
— Buaba ! s’exclama une toute petite blonde depuis son berceau.
— Oh par Oorun, elle a dit « papa » ! Elle a dit papa, hein ?
Piaffant de joie, Iwuri pris sa fille dans le bras et la serra fort contre lui. Se tournant vers la nourrice qu’il a engagé, il darde sur elle un regard plein d’attentes - on ne sait plus distinguer l’enfant du père.
Des mois. DES MOIS. Que Kere est obligée de subir l’entrain beaucoup trop énergique du jeune père.
— Sûrement… à sa façon… c’est très bien qu’elle y arrive maintenant !
Essayant de contenir son rire, Kere se rapproche de l’enfant et la couve d’un regard protecteur.
— Je la laisse à vos bons soins pour ce soir… comme d’habitude, ne cédez pas à la tentation et laissez-la dans son lit, hein, insista-t-elle plusieurs fois avant de quitter la maison du maître d’armes.
Iwuri fit quelques pas avec l’enfant contre son torse.
— Bien sûr que papa ne va pas céder, n’est-ce pas… papa est fort, hein ?
— BABA ! répondit avec entrain la petite en tendant ses petites mains vers le visage de son père.
Échappant un cri de joie face à la réponse affirmative - en théorie - de sa fille, Iwuri la serra contre lui et joua un moment encore avec elle.
Les débuts n’avaient pas été simples. Loin de là. Âgé de 24 déluges lorsqu’il l’avait rencontrée, il avait plusieurs fois songé à abandonner la petite, mais s’était retrouvé complètement incapable de résister à son charme. Il l’avait donc recueillie, prenant des congés improvisés pour apprendre tout ce qu’il fallait savoir sur les enfants et rester auprès d’elle le plus longtemps possible. Et puis, lui-même avait été abandonné, il ne pouvait pas se résoudre à en faire de même pour sa propre fille.
Rapidement, il avait décidé de consacrer l’enfant à Afefe, pour que le souffle du dieu guide toujours ses pas dans la bonne direction et qu’un vent de liberté plane en permanence sur la vie de cette enfant si inattendue. Il l’appela finalement « Khali », du nom d’une héroïne d’une des légendes qu’on lui racontait enfant.
Malgré les débuts difficiles, Khali s’était imposée comme une nécessité dans la vie d’Iwuri. Elle était véritablement la seule personne qu’il parvenait à aimer de tout son être. Chaque moment passé loin d’elle était une torture, si bien qu’il avait fallu que les miliciens d’Isokan viennent le cherché armé pour qu’il reprenne son travail - et qu’il s’évade trop souvent pour rejoindre la petite lorsqu’il sait qu’elle ne dort pas. Véritable ange béni par Iseda, elle n’avait pleuré que les premiers jours passés loin de sa mère, avant de s’habituer à son maladroit père.
Aujourd’hui encore, certains prétendent même qu’il est possédé par un étrange maléfice, tant son adoration et son dévouement pour l’enfant est sans limite. Il faut dire que le changement avait été presque brutal. En quelques mois à peine, Iwuri était devenu une personne complètement différente...
****
— Ramener des étrangers au palais ?
— Oui, nous avons besoin que quelqu’un veille sur les soldats royaux. Impossible de laisser le palais sans force, c’est pourquoi la reine a fait appel à vous.
La grande organisatrice planta son regard d’acier dans celui du blond. Il n’avait pas vraiment d’autre choix que d’obéir.
— Incognito, vous avez-dit ? soupira Iwuri.
Il n’aimait pas ce genre de chose.
— Oui, les soldats ne doivent pas se sentir mal à l’aise et nous aurons peut-être besoin de vous. L’idéal serait que vous vous fondiez dans la masse.
— Mais le voyage va durer plusieurs jours…
— Et ?
— Vous ne savez pas ?! Un enfant oublie le visage de ses parents s’il ne les voit pas pendant trop longtemps !
— Vous partez quelques jours, pas huit mois ! souffla la jeune femme d’un air agacé.
— Si Khali ne se souvient pas de moi à mon retour, ce sera de votre faute !
— Oui, oui… en attendant elle sera protégée dans le palais, ça vous va ? Nous aurons besoin de vos services à l’avenir, ça lui permettra de s’habituer.
Iwuri croisa les bras d’un air insatisfait. Il n’aimait pas s’éloigner comme ça de sa fille. Avec un peu de chance, il pourrait prétexter s’être blessé pour rentrer plus vite… mais son honneur serait entaché et il y a des chances qu’il ne puisse plus jamais travailler au palais.
En vérité, l’absence prolongée de son père rappelle facilement à Khali le triste épisode de la Grande Nuit, quelques temps plus tôt. Durant l’ouragan, il était venu en aide aux habitants d’Isokan et avait étendu ses recherches aux plaines. La petite avait immédiatement été confiée à la Guilde mais avait souffert de ne pas voir son père pendant aussi longtemps.
Il faut dire que depuis trois ans, père et fille sont inséparables. Partout où Iwuri va, Khali l’accompagne… et inversement.
Soupir.
— C’est bon, j’irai.
****
— Papa !
— Khali ! Ma Khaliiii…
Père et fille s’étreignirent avec affection.
— Tu es pati où ?
— De l’autre côté des montagnes.
La petite blonde inclina la tête sur le côté.
— Pouquoi ?
— Pour chercher des gens bizarres… mais t’inquiète pas, Khali, tu ne t’en approcheras jamais.
Il faut dire qu’il s’est pris une grosse claque en arrivant au « campement » des étrangers. Vêtements étranges, bicoques en bois ou en tissus, cabines étranges de la même couleur que le ciel… ils avaient même parfois quatre yeux… terrifiant. En plus de ça, ils n’avaient pour la plupart aucune endurance et n’avaient pas l’air armés.
Une chose est sûre : jamais Khali n’approchera ces barbares bruyants.
— Oui Khali ?
— Je pourrai être grande comme toi ?
— Bien sûr ! Tout le monde ne dit pas que tu es mon portrait craché ?
— Sii !
Khali ouvrit de grands yeux pétillants dont la couleur était identique à celle des prunelles de son père. Iwuri la contempla un moment. S’il avait fallu décrire Iseda… il aurait décrit sa fille sans la moindre hésitation.
— Mais papa est tout abîmé…
La petite main de l’enfant vint se poser doucement sur le torse dur et marqué de son père.
— C’est parce que papa est un peu tête en l’air.
— Pas mal ?
— Non ça ne fait pas mal… c’est que du passé. Tu sais que papa est le meilleur guerrier de sa génération ? S’en est la preuve.
Il éclata de rire. Voir sa toute petite, petite fille être préoccupée par son géant de père avait de quoi le faire rire.
— Mamie dit que tu es un peu idiot.
Cachant la tête dans ses mains, Khali rougit de ses propres mot alors qu’Iwuri ne pouvait plus s’arrêter de rire.
— Oui, c’est pas faux. Mais tu sais que depuis que tu es là, papa est bien plus sage ! annonce-t-il fièrement.
— Pourquoi ?
— Papa veut être là pour toi, Khali.
— Rien que pour moi ?
— Oui, rien que pour toi.
— Toujours ?
— Toujours, promis.
****
Iwuri a toujours été d’un naturel très simple. N’aimant pas les conflits, il s’est rapidement trouvé un rôle en tant que médiateur, pour finalement chercher à être un protecteur pour ceux qui auraient besoin de ses services. Il aime tout sans distinction, prend soin des animaux comme des humains, mettant fin aux jours des premiers avec énormément de soin et dans le respect des traditions et des cultes. Chaque vie est importante et à des choses à accomplir, il en est fermement convaincu. Rendant service à autrui dès que c’est possible, il semble être quelqu’un de très posé, jusqu’à ce qu’on le connaisse.
Car Iwuri est un agité du bocal.
Son entrain n’a d’égal que sa gaité. Être passé à deux doigts de la mort quelques années plus tôt lui avait encore plus donné envie de profiter de la vie. Qui plus est, maintenant qu’il la partageait avec Khali, il n’avait plus aucune raison d’être maussade. Souhaitant tout le bonheur du monde pour sa fille, dont il est littéralement raide dingue, il fait tout pour elle, lui procurant les meilleurs aliments, vêtements, la gâtant bien trop donc, tout en faisant d’elle sa compagne de route et de vie, la promenant dans ses bras, sur ses épaules ou sur son cheval aux quatre coins d’Ijọba.
Complexé malgré tout par son amputation, il a énormément de mal à la montrer, encore moins d’en parler. Il cache donc son moignon sous de amples manches de kimonos et rares sont les personnes, en dehors des soldats, de sa fille et de sa famille, à l’avoir vu. Pourtant, Khali l’aide peu à peu à accepter cette partie de lui, de la même façon que la poursuite de son rêve l’aide à aller de l’avant.
Et ce rêve, c’est celui d’arpenter Ijọba grâce à son métier. Extrêmement jeune lorsqu’il a commencé à exercer la fonction de maître d’armes, il a rapidement su se faire respecter et est extrêmement fier de sa réussite, notamment à cause de son handicap. Ceux qui l’ont regardé de haut ou moqué l’ont très vite regretté… Car Iwuri n’est pas quelqu’un qui se laisse faire ou renonce… c’est un acharné.
Acharné au point de désirer manier le sabre d’une main, mais aussi et surtout à passer des heures, depuis des années, à s’entrainer à tirer à l’art avec les pieds - chose qu’il ne maîtrise pas encore, mais pour laquelle il ne s’avouera jamais vaincu.
Pour le moment, voyager entre les villages pour enseigner aux jeunes Ijọbiens lui plait énormément, mais lorsque Khali aura devra rester à un endroit précis, il se posera sûrement et envisagera de se mettre au service d’une seule personne. Pourtant, actuellement, père et fille partagent la même passion pour le voyage et la découverte, au grand damn de leurs proches, inquiets de la sécurité de l’un comme de l’autre. Mais jamais Iwuri n’a été aussi responsable qu’aux côtés de sa fille, à laquelle il tient plus qu’à sa propre vie.
Après tout, elle a été une révélation pour lui.
Il n’avait jamais éprouvé de sentiment aussi fort que l’affection sans borne qu’il lui porte. S’il pouvait en faire une déesse, il le ferait ! Arrivée de manière inopinée dans sa vie, Khali a comblé un vide dans le cœur du jeune homme, qui avait, il faut le dire, peur de s’attacher et peur de faire souffrir, de ne pas être à la hauteur, un complexe qu’il n’a jamais réussi à supporter.
Néanmoins, si Iwuri est un véritable amour en présence de sa fille, il est d’une sévérité extrême dans son métier et dès que le sérieux est de mise, il est capable de composer un visage de marbre instantanément. Il a beaucoup de respect pour la hiérarchie et demande à ce qu’on lui rende, de même qu’il voue au dieu un culte classique, mais considère les prêtres et la reine comme des gens à part, digne d’une admiration sans borne pour interagir de la sorte avec les dieux. Le moindre danger, envers lui, autrui ou pire encore, sa fille, le pousse à devenir un véritable monstre de violence. Sous ses airs attentifs et bienveillants se cache en effet une bête qui n’a pas peur de servir à nouveau de repas aux animaux sauvages…
Enfin, Iwuri n’est pas un grand séducteur. Plutôt gauche et maladroit, il est trop franc pour les mièvreries et les faux compliments, si bien qu’il a un joli palmarès de gifles à son actif. De plus, il a du mal à s’attacher et la peur de se retrouver à nouveau avec un bébé sur les bras le dissuade d’approcher les femmes pour des raisons charnelles… C’est qu’il préfère consacrer tout son temps à sa petite Khali, qu’aucun autre enfant ne saurait égaler !
TAILLE : 1m88
CORPULENCE : très musclée, il a dédié sa vie à l’art de la guerre et a énormément travaillé son corps.
CHEVEUX : longs, leur couleur naturelle est le blond, coloré de henné rouge, indomptables et hirsutes, parfois rassemblés en une tresse (Khali s’entraîne sur lui)
YEUX : légèrement en amande, toujours grand ouverts ou presque, de couleur marron tirant sur le caramel rougissant.
ORNEMENTS/MODIFS CORPORELLES : il lui manque l’avant-bras gauche et son corps est parsemé de nombreuses cicatrices le rendant un peu effrayant au premier abord. Ses oreilles sont percées et il les orne souvent.
STYLE VESTIMENTAIRE : toujours vêtu de tenues traditionnelles amples masquant son infirmité, avec de larges manches et des motifs floraux ou géométriques, il troque volontiers ces vêtements pour quelque chose de moins flottant, notamment dans le cadre de son métier, pourvu qu’une veste lui reste sur les épaules. Si vous le surprenez pendant les entraînements qu’il dispense, il sera probablement torse nu, peut-être recouvert d’une simple veste en tissu fin.
AUTRE : sabre à la ceinture, Khali sur les épaules dès que c’est possible
CORPULENCE : très musclée, il a dédié sa vie à l’art de la guerre et a énormément travaillé son corps.
CHEVEUX : longs, leur couleur naturelle est le blond, coloré de henné rouge, indomptables et hirsutes, parfois rassemblés en une tresse (Khali s’entraîne sur lui)
YEUX : légèrement en amande, toujours grand ouverts ou presque, de couleur marron tirant sur le caramel rougissant.
ORNEMENTS/MODIFS CORPORELLES : il lui manque l’avant-bras gauche et son corps est parsemé de nombreuses cicatrices le rendant un peu effrayant au premier abord. Ses oreilles sont percées et il les orne souvent.
STYLE VESTIMENTAIRE : toujours vêtu de tenues traditionnelles amples masquant son infirmité, avec de larges manches et des motifs floraux ou géométriques, il troque volontiers ces vêtements pour quelque chose de moins flottant, notamment dans le cadre de son métier, pourvu qu’une veste lui reste sur les épaules. Si vous le surprenez pendant les entraînements qu’il dispense, il sera probablement torse nu, peut-être recouvert d’une simple veste en tissu fin.
AUTRE : sabre à la ceinture, Khali sur les épaules dès que c’est possible
SurnomLenoÂge22 o/NBrip aiden