Il rebut une gorgée en l’écoutant. Ça… N’expliquait pas grand chose. M’enfin si elle disait que c’était bon, c’est que ça devait être bon. Encore une fois, il comprenait et respectait ça. Lui-même n’aimait pas qu’on le presse sur des sujets qui ne concernaient que lui.

Il continua de vider son verre… Et s’étouffât presque en entendant la question. Heureusement pour lui, il maitrisa la descente avec un petit toussotement plutôt que de vider ses poumons sur le comptoir. Ses yeux croisèrent ceux de la dame, suspicieux. Ça sortait un peu de nul part. Mais bon. Ça faisait un sujet de conversation.


Il espérait juste que ça allait pas partir en torrent de larmes sur le comptoir. C’était pas vraiment le genre de situation pour lesquelles il était le plus équipé.

Nashoba ne savait vraiment pas quoi dire, donc il se contenta d'écouter le récit d'Ebo sans trop comprendre pourquoi elle lui racontait tout ça. Pour tout dire, il n'avait aucune idée de quoi faire de toutes ces informations…

La fin de son histoire fit cependant naître une légère expression surprise sur le visage de l'Ermite. C'était donc ça, le truc qui la gênait depuis tout à l'heure ! En fait, le type qui buvait dans le fond de la taverne voulait juste passer du bon temps avec Ebo. Contre rémunération bien sûre.

Et bah. Tout ça pour ça. Les gens avaient vraiment le chic de se prendre la tête pour rien. Ou alors il y avait encore des trucs qu'il savait pas. Elle etait pas dans des affaires de proxénétisme au moins ?

Il acheva sa troisième peinte. L'alcool commençait à délier pas mal sa langue comme il fallait. Il allait pouvoir freiner la boisson, histoire de pas continuer cet échange ivre mort.

Il haussa les épaules.




Par contre, il savait pas trop comment réagir à son histoire. Thadas savait comment parler aux gens, lui…

Il fronça un peu les sourcils. Rien que de penser à ce chien, ça lui donner envie d'éclater sa chaise sur le sol.



Force était de constater que même après 6 ans, cette femme avait toujours un peu d'emprise pour lui. L'amour, ça rendait vraiment con. Et vulnérable.



Ce devait être la troisième fois qu'il évoquait le sujet en l'espace de 6 ans. Décidément, c'était pas évident de s'ouvrir.

Il eut du mal à réprimer un petit sourire en coin face à la réaction d’Ebo. On voyait le progrès, depuis le tailleur peu commode qui se prenait le bec avec tout le monde pour un rien jusqu’à maintenant. Il avait laissé rentrer les gens peu à peu dans son cercle, jusqu'à se retrouver amusé qu’on se moque de lui et de son caractère de cochon. Tout le monde n’avait pas ce privilège. Et ça n’avait pas toujours été le cas.





C’est pas comme si elle s’était morfondue dans ses bras parce que gnagnagnaaaaa la vie c’est compliquéééééé et tout le tintouin. Là, ça l'aurait soulé. Il aimait pas les chouineurs. Non, elle avait juste partagé son expérience. Et ça l’avait aidé à comprendre, sans qu’il ne s’en rende compte. Et à la juger un peu moins que lles autres.

Il leva le coude. Bu avec parcimonie. Bon sang, que ça faisait du bien d’avoir ses deux bras fonctionnels.




Il avait pas vraiment d’avis sur le sujet. Les jeux de pouvoirs, c’était pas son dada, et ça le serait jamais. Par contre, c’était pas fou qu’on laisse pas cette gamine tranquille. Elle y était pour rien, si elle était née au sein de la mauvaise famille, dans les mauvaises conditions.


Il pouvait comprendre. Rien n’était rassurant, en ce moment, entre l’ouragan quelque mois plus tôt, puis la faille, puis les étrangers. ça sentait pas bon. Alors pour une fille pouvant menacer la personne la plus puissante de l’île, c’était pas étonnant qu’Ebo se faisait de la bile.

Déjà qu’il avait du mal à s’occuper de lui même, il avait bien du mal à s’expliquer à quel moment on voulait prendre en plus un petit humain pas fini à sa charge. Certes, il avait son ancêtre, mais c’était pas pareil. Elle l’avait élevé. Il lui devait bien ça.


Quand elle se pencha vers lui, cependant, il eut un petit mouvement de recul. Par réflexe. Elle avait pas lâché cette habitude de merde de s’approcher de lui sans prévenir. Pas que ça le dérangeait mais… ça le prenait de court quoi.
La surprise passée, il s’approcha à son tour, curieux d’entendre ce qu’elle avait à lui dire.

Il y a quelques mois, il lui aurait ri de nouveau au nez en disant qu’elle était parano. Mais bon, elle avait été capable de lui faire fermer sa gueule en lui montrant que la montagne s’était bien ouverte en deux. Alors maintenant, il se méfiait un peu de l’effet que lui faisait les confessions d’Ebo. Et de l’effet que lui faisait Ebo tout court, d’ailleurs. Mais ça c’était parce que lui-même était assez parano.

Ce n'était que quand elle s'éloigna qu'il se rendit compte qu'il s'était arrêté de respirer.