Son épaule n'était pas remise. C'était la deuxième fois que quelque chose entrait dans cette partie de son corps. Cette fois, il avait bien failli y rester. Il le savait. Il avait déjà vu des gens mourir pour de plus petite blessure. La chance lui avait souri, comme dirait les innocents de ce monde. Il aurait aimé penser ainsi.

Seulement, il était là, assis devant un lit. Il n'avait certainement pas le droit d'y être. Il avait sûrement aucune bonne raison de s'y trouver de façon objective. Il était maintenant parmi ceux qui craignaient le plus à annoncer qui ils étaient, à se montrer. Il se retrouvait renvoyer des mois, une année en arrière. Sa place était redevenue celle d'un fugitif.

Sa mâchoire se serrait. Ses bras n'avaient cessé de compresser la tenue de moine que lui avait prêté Thadas pour leur mission. Elle lui permettait d'être là, elle semait le doute et ses tatouages aussi. Il savait que certaines personnes n'étaient pas dupes mais qu'importe. S'ils pouvaient faire que quelques uns aient pitié et d'autres le laissent juste passer par respect, il le ferait.

En fait, là, il était même prêt à se convertir aux dieux d'Ijoba pour de vrai si on ne lui enlevait pas tout ce qu'il avait accepté.

Même s'il savait que tout ne tournait pas autours de lui, une grande part de sa personne se pointait du doigt. Il avait commis tellement de mauvaises actions qu'à un moment ça devait tomber n'est-ce pas ? Le karma devait frapper ? Mais pourquoi embarquer tout les autres avec ?

C'était pas la bonne façon de penser, et il faisait tout pour aller contre.

Tout, vraiment tout.

Mais comment voulez-vous que son émotionnel soit en sympathie avec lui quand la personne qui se trouvait dans le lit de fortune devant lui était celle qui avait réussi – QUI AVAIT REUSSI BON SANG ! Il avait vraiment réussi à faire de lui quelqu'un de … presque bien ? Quelqu'un qui regarde les autres autrement que comme des instruments ? Quelqu'un qui s'écoute ? Qui se demande vraiment où est le bon pour les autres ?

Il lui avait appris à écouter le gamin interieur. Il lui avait appris à voir ce que son père voyait en lui enfant, ce que sa mère songeait encore qu'il puisse être. Il lui avait pris les mains comme personne n'avait pu le faire, comme même Harushige n'avait pu le faire.

Peut-être est-ce que c'est juste son rôle de prêtre ? De guide ? De faire quelque chose comme ça... Mais alors pourquoi le sort avait décidé de lui faire subir quelque chose comme ça ?

Il serra encore plus ses bras contre son torse et son œil unique se porta sur le plafond. Il avait perdu son cache-oeil dans tout ça et seul un bout de tissus cachait l'horreur de son visage. Un peu comme Thadas était le tissus qui cachait l'horreur qu'il eut pu être.

S'il perdait ce tissus, est-ce qu'il arriverait à rester sur la corde ?

Il ferma les yeux.

« Calme-toi. » Ne fous pas tout ce que tu as construit en l'air. Ne laisse pas la colère te contrôler. N'écrase pas les efforts. Ne détruit pas la croyance du brûlé en toi. « Fais chier. »

Quoi qu'il fasse, son esprit recommençait « à s'occuper » pour éviter de se flageller. Quoi de mieux que de chercher comment éradiquer l'ennemi n'est-ce pas ?

Surtout pas. Genzo reprend-toi. Tu veux être heureux, ne pas retombez là dedans.

Mais Genzo, est-ce que tu te sens heureux là ?