Thadas ne loupa pas de se moquer avec un sourire narquois...

- Ah, quel mauvais élève... As-tu déjà oublié notre voyage et ses enseignements ~?

Le sourire en coin, ses doigts se croisèrent aux siens avec un soupir de faux dépit.

- Iseda est la déesse de la nature... Quand tu caresses la toison verte de la terre, quand tu t'adresses à un arbre, c'est à elle que tu te réfères. Quand tu admires la beauté d'un paysage, c'est la sienne que tu vénères. Son regard était tendre et taquin.

Il n'était pas le seul à savoir faire de la poésie...
Le sourire du bonze se fit escroc en coin.

- ... À ton tour. Parle-moi d'une des divinités de ton peuple.

L'égalité commence dans l'échange.

Le dieu. C'était une vision perturbante mais pas totalement illogique. Leurs propres dieux formaient eux-mêmes un grand ensemble, une grande unité. Cependant, Thadas avait du mal à comprendre comment des humains pouvaient s'entretuer pour eux - Lui - et qu'Il ne fasse rien pour les en empêcher.

Genzo avait fait un bon choix de lui parler de ce Dieu. Le Grand Prêtre savait certains voyageurs fidèles à différentes religions mais n'avait pas réellement pu se pencher sur l'une d'entre elles, en dehors de la spiritualité nippone avec Genzo. Cet homme lui cachait plus d'une surprises...

Il va sans dire qu'il l'écouta très attentivement.
Alan, c'était un nom qui lui parlait.
Thadas sourit espièglement.

- Ce n'est pas plutôt l'autorité que tu détestes ?

Il le taquinait ouvertement, ravi par leur proximité et leur échange.

- Dis-moi, tu étais plutôt sage ou tapageur, avec tes précepteurs ?

Plus que d'en apprendre sur l'extérieur, il voulait en apprendre sur Genzo... Un date servait aussi à ça, hm ?

Qu'il était mignon à rougir à ces mots révélateurs.
Le contrôle, uh ?
Il était difficile de voir quelqu'un à qui l'on tient se soumettre à une autorité autre que la sienne. Mais si c'était son choix... Le pouce du prêtre vint caresser la main du yakuza qu'il tenait tandis que celui-ci prenait sans surprise la perche qu'il avait tendue. Dur à procéder, les réalisations de ce genre, hein ?

... Thadas fit un peu les yeux ronds à son récit. Ah oui. C'était... Enfin, ça ne l'étonnait pas de la part de Genzo, mais une part en lui avait du mal à s'imaginer qu'on puisse réagir de la sorte face à son professeur. Le respect, l'obéissance et l'excellence étaient des principes qu'on lui avait martelés très jeune dans le crâne. Heureusement qu'il avait eu son humour douteux pour lui apprendre à vivre à côté, sinon il aurait fini automate.

Humour qui lui fit esquisser un sourire félin face aux souvenirs d'enfance de la canaille qui lui tenait la main. Il fit ensuite une moue pensive à la question retournée, levant les ambres vers les cieux et leurs étoiles.

- Hmm... J'étais du genre bon élève, gros travailleur, le type de gamin qui veut être à la hauteur de ce qu'on lui demande voire au-delà. Je n'avais pas trop le choix... Ma mère ne m'aurait pas permis que je ternisse le nom de notre maison en me transformant en bon à rien. Je devais à chaque fois prouver que je méritais ma condition.

Il haussa les épaules.

- C'était infernal comme charge de travail, mais l'idée de me rebiffer contre mes précepteurs n'aurait été que contre-productive pour mon apprentissage. Je l'ai donc fermée et j'ai saisi les connaissances et compétences dont on voulait m'armer pour la vie adulte.

Il zieuta le brun avec douceur et une petite mine de félin.

- Je ne pense pas que le moi enfant ait particulièrement aimé toute cette pression, mais la fierté de ne pas avoir lâché et d'avoir réussi en valait le coup.

Tu avais ceci dit conscience que tu aurais porté un tout autre discours que celui-ci si ces épreuves t'avaient brisé. Tu avais manqué de craquer plus d'une fois pendant ces années. Tu t'étais débrouillé pour trouver les ressources nécessaires à ton avancée et ton développement. Cela t'avait forcé à gagner en maturité assez tôt.

Le sourire du bonze s'élargit encore.

- En dehors de mes leçons, j'occupais mon temps libre par de la documentation. Un sorte d'élève modèle bourgeois quoi.

Mais du temps libre, tu n'en avais pas tant que ça. Ta mère t'emmenait souvent avec elle pour que tu puisses observer de près comment se jouent les dés dans les milieux politiques et aisés. Il était rare qu'elle te lâche à l'époque ; elle tenait trop à ce que tu sois préparé au mieux pour quand tu quitterais la maison à onze ouragans.

- Donc... Je n'ai pas d'anecdotes à propos des potentiels sales coups que j'ai pu jouer à mes professeurs.

C'était une époque où tu étais à la fois entouré et assez... seul. Les quelques liens avec les gens de ton âge à ce moment n'avaient réellement pris en matière que quelques années plus tard. Tu te trouvais alors plus en compagnie d'adultes que d'enfants de ton âge.

- Si tu veux des anecdotes croustillantes, questionne-moi plus sur mes années adolescentes... C'est à cette époque que je me suis le plus libéré de l'autorité de mon cercle d'adultes.

Oouh, le petit fripon qui titille sans vergogne.