Le chant de son bâton le trahit éventuellement alors que le bonze s'approchait tranquillement au loin de par derrière. À vrai dire, il ne savait pas encore qu'il s'agissait de l'arbre "de" Genzo, et était profondément plongé dans ses pensées, la mine sérieuse. Il fit quelques pas de plus puis entendit un soupir.
... Ça soupire les arbres, maintenant ? Ça ne l'étonnerait même pas si c'était le cas, et c'était peut-être inquiétant de le faire remarquer (oui oui, sa santé mentale va très bien merci de vous en inquiéter).
Il haussa un sourcil curieux, sortant un instant de ses songes.
Quelle âme en peine peut bien soupirer de la sorte ?

Discret ou plutôt intrigué à la limite de l'indiscrétion, il se faufila d'un pas tranquille à côté de l'arbre... et la silhouette qu'il y découvrit lui fit esquisser un petit sourire sincère. Sa voix ronronna chaleureusement dans l'air alors qu'il penchait la tête vers l'intéressé.

- Que nous valent donc ces soupirs à t'en fendre l'âme, chaton ?

La nonchalance et l'amusement étaient de mise, une fois de plus.
Il lui semblait que des ouragans s'étaient écoulés depuis leur dernière rencontre - depuis la mission. Le tigre plissait les yeux, amical.

- Mais quel charmeur. , pouffa Thadas. Ses yeux plissés scintillaient de beaucoup de choses sur lesquelles il serait difficile de mettre des mots, dont semblerait-il de l'amusement.

Mais c'était doux, ça c'était sûr.

- Je peux m'asseoir, maintenant que ton invocation a réussi ? Et allez, un peu d'humour foireux pendant qu'on y est. Ajoutez un petit clin d’œil complice et c'est bon.

Thadas déposa son bâton sur l'herbe et s'installa à côté de l'homme avec nonchaloir, détendu, en tailleur. Son visage s'était éclairé d'une discrète lueur de contentement en apercevant le brun et ne s'en était pas départagé. Ses ambres s'incrustèrent dans l'onyx de son comparse - elle était toujours aussi intense que dans ses souvenirs... Il respira profondément puis déporta le regard devant lui de nouveau ; ce qui ne l'empêcha pas de revenir lorgner de temps à autre vers le borgne. Il joignit les mains, observant l'horizon en face d'eux, soufflant quelques paroles entraînantes, emmenant une d'entre elles venir caresser sa barbe.

- Ça faisait un moment qu'on ne s'était pas vus... Quoi de neuf, l'aventurier ?

Le bonze se passa une main sur la nuque et souffla un coup :

- Je n'ai pour ma part pas trop l'occasion de m'ennuyer, à vrai dire.

Il lança un regard taquin à Genzo.

- Enfin... Ça ne m'empêche pas de te consacrer un peu de temps, mon minou, je sais bien que tu es désœuvré lorsque je ne suis plus dans les parages... Comme nous le montre d'ailleurs ta présente situation, hm ~ ?

Lui, arrogant ? Parfaitement. Terriblement confiant ? Assurément. Coquin et joueur ? À l'excès.

- J'aimerais bien t'entendre chanter de nouveau. , fit-il d'une voix flûtée et le regard profond.

Ça lui manquait d'entendre la voix rauque et les interprétations musicales de l'Oiseau.

- "Mourir" pff, toujours dans l'excès. , pouffa le prêtre, un éclat amusé dans le regard. Maiiiis oui, tu auras même le droit à des gratouilles si je m'estime satisfait.

Sa paume descendit pour frôler lentement son visage - il n'allait pas le contenter aussi facilement ni de la façon à laquelle il s'y attendrait (ce ne serait pas drôle) - puis son index et son pouce se posèrent sur le menton du bandit retraité. Il lui servit un sourire aiguisé et amusé en s'approchant légèrement, lentement.

- Je serais bien cruel de laisser ainsi un pauvre chaton inoffensif aux proies de la mort... Tout comme ce serait terrible de laisser un misérable homme tel que moi alangui par sa soif artistique... Pas vrai ?

Mais c'est qu'il lui ferait presque les yeux doux, ce fauve de bonze.