Malgré tout, t'avais beau dire, t'étais quand même bien loti ici. T'avais une chambre et de la bouffe gratos et tout le temps qu'il te fallait pour collectionner tous les éléments dont tu aurais besoin pour ta génialissime quête à la Lune. Pas de parents pour te saouler. Uniquement ta liberté... assez relative puisque la reine semble encore moyen encline à vous laisser sortir du palais, mais même un trou croupi te semblerait plus libre que cette banale routine que tu connaissais depuis tout petit. Tu sauverais le monde dès que tu aurais toutes les informations et artefacts en main ! C'était comme ça que ça se passait dans tes mangas, non ?

En parlant d'accumuler les informations, tu étais revenu complètement naze de ce cours d'histoire donné par cette harpie aux cheveux blancs. Pas une info utile, que du blabla ! Tellement inutile quoi ! Et en plus elle est venue te faire chier après ! Comme si l'Elu avait quelque chose à faire de son cours inutile ! C'était une vraie déception. Mais... Tu remis en place tes cheveux, arrivé devant la porte de ta chambre. Qu'attendre d'autre de la part d'une PNJ ? Hein ? Qu'elle te laisse sauver le monde et elle verrait. Ton aura, c'est pas du toc.

Tu ouvris la porte et pénétras dans ton domaine. Il faisait sombre ; il faisait nuit. Un bâillement te vint que tu étouffas à peine avec ta paume, entrant et refermant la porte derrière toi.

Juste alors que je finissais mon bâillement, des bruis de pas résonnèrent dans le couloir et...

PUTAIN DE ???????! J'ai failli me manger la porte dans le crâne !!!! C'EST QUI CE TYPE ???! Pourquoi il hurle ?? Mais c'est lui le malade !! La reine nous a placés dans l'aile à côté de l'asile psychiatrique du palais ou quoi ??? Et pourquoi il a du sang ?? Oh mon dieu... IL A TUÉ QUELQU'UN ? Ce type est un putain de meurtrier ?? AU SEC...

Il plaqua ses mains sur nos bouches respectives tandis que je sentais la panique monter en flèche en moi. À l'aide... Qu'est-ce qu'il va me faire ? Il compte m'arracher les joues avant de me tuer, c'est ça ?
D'autres pas résonnent de l'autre côté de la porte violentée. J'ai besoin d'aide !!!
Je bondis en arrière, me cognant contre "ma" commode, prenant mon souffle pour gueul...

Attend... C'est pas super classy de gueuler "À L'AIDE" quand on est l'Élu.
Je restai con pendant quelques instants, instants qui suffirent aux pas de s'éloigner progressivement de "ma" chambre.

Ok Roy.
Ok.
Ne pas montrer que tu es flippé. Montre que tu as l'avantage. Que c'est toi qui gères. T'es l'Élu, après tout.

Je me redressai contre la commode - en vérité elle me permettait de ne pas m'écrouler sur mes jambes qui devenaient de plus en plus en coton -, toisant le brun de toute ma t...
Ok... il est plus grand, et alors ? Not a big deal... not a big deal.
Je le toisai puis passai une main dans ma chevelure.

— Je vois... Mon identité a déjà été percée par la firme de l'ombre.

D'un mouvement fluide, je me mis en position de combat sacré façon kung-fu. Je bandai poings et muscles, concentrant mon chakra, le regard froid et badass.

— Tu ne t'es pas trompé de chambre, agent de l'ombre. Tu te trouves bel et bien en face de l'Élu. Si tu comptes m'arrêter, finissons-en tout de suite. J'ai une prophétie à accomplir.

J'ÉTAIS PRÊT. QU'IMPORTE SI CE TYPE EST UN TUEUR ET QU'IL VA VRAISEMBLABLEMENT M'ÉVENTRER SUR PLACE EN DANSANT SUR MON CADAVRE EN CHANTANT DES TRUCS SATANIQUES POUR EMPRISONNER MON ÂME LẢ OỦ ELLE NE POURRAIT PAS SE RÉINCARNER POUR MENER Ả BIEN LA TÂCHE QU'IL M'INCOMBE : SAUVER LE MONDE.
Si je m'écroulais face à cette première épreuve que m'envoyaient les dieux, c'était que je n'étais pas digne. Il me fallait vaincre si je voulais gagner en puissance, en exp, en niveau. Je n'avais pas le choix.

J'étais quand même sacrément flippé même si je ne le montrais pas....

...

J'ai presque un moment de décalage quand...

Quand...

D'accord, court bug mental. CE TYPE.

...

Il agit d'une manière telle que cela me conforte dans toutes mes convictions les plus intimes. Je l'observe d'un regard transi un instant. PUIS JE ME REPRENDS.

Je regarde... mon allié inattendu.... s'installer au bord du lit. J'avale ma salive. Tant qu'il ne m'éventre pas sur place pour des rites sataniques...
Mais... Il semblerait qu'on soit sur la même longueur d'onde ?

La façon dont il parle de ma... de "notre" mission me donne envie de balancer un grand "TOLD YOU SO" à tous mes détracteurs imaginaires et à tous les sceptiques de ma condition d'enfant spécial ! VOUS ENTENDEZ ?! J'avais raison ! Je SUIS l'Élu !

Je cligne des yeux quand il me demande de m'exprimer.

Je plisse un peu les yeux. Je fais un léger mouvement de tête pour rajuster la direction de mes mèches ténébreuses, plaçant une main dans ma poche. Je quitte progressivement ma position de kung-fu après un long regard appuyé à l'apprenti des dieux.

Il sert Oorun et Oruko dit-il.
En plein jour, je ne lui aurais pas fait confiance. Je m'étais renseigné, et Oorun n'était pas connu pour porter l'Enfant Lune dans son cœur. Mais il faisait nuit. Je partis du principe que son allégeance pleine de dualité se tournait vers la dame de la nuit à ce moment-là.

Je parle d'une voix remplie de ténèbres et de vide. Je suis en plein fatum comme dirait ma prof de littérature !... quoi ? Ça m'arrive de retenir des trucs des cours ! Je prends mon air cool et détaché, mais terriblement mystérieux.

— Les dieux ne m'ont pas révélé grand chose. Mais il y a une chose que je sais. Le monde tel qu'on le connaît est en danger. Je dois le sauver.

Après avoir fermé mes yeux, je les rouvre sur lui. Je le scrute, fais genre de le jauger.

— Depuis mon arrivée, je suis à la recherche d'indices. Notre rencontre semble en effet être le fait des dieux. IL ÉTAIT TEMPS ! Si ça avait pu se faire sans me foutre les chocottes ceci dit, j'aurais doublement apprécié...

Je croise les bras et redresse un peu le menton.

— S'il y a des mécréants, ils ne sauraient nous arrêter. , j'affirme.

Après tout, nous avons les dieux de notre côté.
L'inclinaison de mon visage est telle qu'une ombre stylée comme dans les mangas met en valeur le scintillement de mes yeux noirs dans la semi-pénombre ainsi que mon air profondément sérieux. J'efface toute hésitation de ma voix :

— Les dieux t'ont-ils dit quelque chose ?