YOU'RE MY ONLY WISH
Le vent frappait fort. La fraîcheur s'abattait sur sa peau en continu, provoquant frissons et souffles plus brûlants. L'homme rabattit sur lui sa capuche, traînant sa cape alourdie par l'eau dont l'eau se servait comme manège pour couler en kyrielle, creusant la terre humide qui salissait ses bottes.
Il se maudit d'avoir suivi la piste donnée par ce mioche. Mais comme tout, peu de choses lui importaient. Il s'accrochait à la corde l'espoir sur laquelle il tirait encore et encore à s'écorcher la peau, comme le vent qui soufflait de plus en plus fort. Il s'arrêta et regarda autour de lui, concentré sur le bruit de l'eau et de sa respiration lourde.
C'était bien son jour de chance : avec la pluie, c'était impossible d'espérer pister un déchet. Feran n'avait plus aucune estime en qui que ce soit, et encore moins les vermines qu'il traquait sans relâche.Sa femme était morte. Ça lui semblait être encore hier. Pourtant, c'était il y presque sept ans. Sept ans de lutte à tourner encore et encore en rond. Chaque fois que la colère lui brûlait la gorge et la langue, il pensait que la finalité n'en serait que meilleure. Sa main douloureuse se referma plus fermement sur son arme dissimulée sous sa veste alors qu'il décida de rebrousser chemin. Il n'était pas assez ravitaillé pour tenir la nuit ; et d'ailleurs il préférait éviter d'attirer l'attention des habitants de la forêt.
En passant dans les hautes herbes qui s'accrochèrent à son pantalon, pensées irascibles qui ne le quittaient jamais, il entendit un bruit. Un humain, un animal ? Il serra son fourreau, attentif, la respiration lente, campé sur ses pieds, prêt à affronter le danger. Il ne parla pas, ne se cacha pas. Il attendit jusqu'à ce qu'il voie deux grandes oreilles dépasser. C'était un lièvre - et ce constat détendit ses épaules, axifuge à cou et à son visage dans lequel s'était logée une ride soucieuse.Il contourna le chemin et passa par une route plus sinueuse, entourée d'arbres mais glabre de toute herbe. Le déluge ne cessait de s'abattre, comme son humeur. Il avait hâte de rentrer et de se changer... Et il espérait que le temps serait plus clément la prochaine fois qu'il reviendrait ici.