Iṣan est né avec la bénédiction d’Oke, pourtant dieu extrêmement impopulaire. Pour le moquer, son voisin détestable, le petit Ailo, disait que ses parents avaient pris la fuite en voyant son visage à la naissance. Loin d’être laid, il n’en reste pas moins qu’Iṣan fait peur. Dès l’enfance, ses traits contractés lui ont valu d’avoir une ride du lion plus prononcée que chez certains adultes… Sourcils froncés, cou enfoncé, roulage de mécaniques mécontent, Iṣan n’a jamais eu la fibre sociale et peut compter ses amis sur les doigts d’une main (et parmi eux qui sait s’il n’y en a pas qui sont là de force ou de peur).

Terreur du hameau pendant l’enfance, ses premières défaites au combat lors de la Formation  ont ébranlé sa maigre confiance en lui, le laissant lui, moche et méchant, mais surtout tout seul dans son coin. Plus petits et trapu que la moyenne, il connaît cependant une poussée de croissance fulgurante à l’âge de 17 déluges, trop tard cependant pour faire étalage de ses talents devant ses anciens adversaires. D’abord maladroit, parce que passer d’1m50 à presque 2 mètre en l’espace de quelques années, c’est pas évident, ce qu’il a cru être une force invincible lui vaut de se prendre absolument tous les linteaux de porte. Et ça fait un mal de chien.

Peu confiant, Iṣan passe le début de son âge adulte chez sa mémé, celle qui l’a élevé depuis que ses parents ont disparu (son récit peut différer de celui du petit voisin vis-à-vis de ça, on vous laisse décider !), mais le fait est que son manque de confiance se mue peu à peu en une excuse pour ne pas aller au champ, au bois, ou à la chasse.

Un jour, exaspérée, sa mémé menace de le mettre dehors pour de bon s’il ne ramène pas des coquillages. A raison d’une heure de trajet à pied, il s’est ainsi trouvé un emploi de jardinier chez le mari de Lẹwa Akata. Forgé par la nature, mais aussi le travail et la vie, cette dernière ne manque pas de reconnaître chez lui les qualités nécessaires à un parfait pion et après une année d’observation, lui propose de rejoindre la Confrérie.

S’il était un temps ravi de cette reconnaissance, obtenue à la sueur de ses muscles fichtrement développés à présent, il a rapidement déchanté, lorsqu’il a compris qu’être apprenti à la Confrérie signifiait être en classe avec camarades dont les plus jeunes ont moins de 10 ans...