Précédemment, dans “la vie de Chris” :

D’abord, il avait voulu laisser son meilleur pote Aiden et sa bonne bro Ana, afin que ces deux là finissent enfin ensembles, en vertue du destin qui les liait tous les deux (du moins, selon Chris) En tentant de retrouver son chemin, il avait franchi la faille dans la falaise, et était tombé sur deux gardes. Par un stratagème infiniment intelligent à base de bluff et d’un porte clé diplodocus, il était parvenu à les fuir, mais s’était retrouvé emporté par le courant d’une rivière.
Heureusement pour lui, il était tombé sur un natif terriblement séduisant. Celui-ci l’avait non seulement sauvé, mais s’était également bien occupé de lui. Trèèèèès bien même.

Il l’avait pris sous son aile, et ramené chez lui, le temps que les choses se tassent. Ces quelques jours en compagnie de Funewa avaient été très agréables pour Chris. Malheureusement, tel le chien stupide qu’il était, le blondinet ne tenait pas en place, dans la petite maison de Funewa. Aussi avait-il piqué des vêtements au natif et, alors que celui-ci était allé travailler, il s’était enfui. Bien sûr, il n’avait pas été un mufle. Il avait laissé un petit mot sur la table de Fu (littéralement, il n’avait pas trouvé de papier, donc il avait écrit à même le bois avec un fusain) :

“ Cher Fu’ ! Tel un papillon je m’envole. Je n’y peux rien, je suis un animal sauvage imprévisible et épris de liberté. Mais ne t’inquiète pas, nos chemins se croiseront sûrement encore. Ne pleure pas mon départ, vois-moi plutôt comme un bout de fraise dans ton yaourt nature. Inattendu, sucré et éphémère.

Chris ”

Héhé, beau, poète et romantique. Quel art Chris ne maîtrisait-il pas ?
En tous les cas, il était vraiment très fan de la tenue de Fu’ qu’il avait piqué (non, il n’éprouvait aucun remord à les avoir pris. Pour lui, ce n’était pas du vol, plus un emprunt à durée indéterminée. Et puis, Fu’ en avait plein de toute façon )
Le vêtement en question ressemblait à une sorte de Kimono japonais, quoique les manches n’étaient pas toutes carrés comme au Japon, juste longue. En fait, c’étaient comme un long peignoire quoi. Celui-ci était d’un bleu très clair, avec une bordure d’un bleu un peu plus foncé avec des motifs clairs. La ceinture large qui lui bandait le ventre était d’un blanc immaculé. Bien sûr, tel l’abruti qu’il était, il portait en dessous dudit vêtement sa chemise lacoste à manches courte bleu turquoise, ainsi que son bermuda gris. On pouvait d’ailleurs les voir, car sa tunique était suffisamment mal mise pour rendre n’importe quel spectateur reconnaissant qu’il porte d’autres vêtements en dessous. (Même si ça tenue restait indécente, du fait qu’il ne portait pas la traditionnelle ceinture des natifs)

Bon, qu’allait-il faire maintenant ? Il était le nouveau Christophe Colomb ! Que faisait-on dans ce genre de situation ?
Il tenta de se souvenir de ses vieux cours d’histoires au collège, du temps où il écoutait encore en cours. De mémoire, il lui semblait que les conquistadors avaient été plutôt violents : meurtre, esclavagisme, violes. Lui Chris, pouvait-être beaucoup de choses, mais il n’était certainement pas un monstre ! Il était hors de question qu’il se rabaisse à de telles pratiques (et puis de toute manière, même s’il essayait, il se ferait défoncer par des gardes, alors ce n’était même pas la peine d’y penser)

Il prit un moment pour sonder ses propres envies. Lui, il voulait un nouveau tatouage ! Comme celui de ‘Fu ! Il ne savait pas encore quoi faire, mais il était persuadé qu’il trouverait sur le moment ! Alors il erra sans savoir où il allait. Il emprunta un chemin dans les hautes herbes, en se disant que s’il tombait sur quelqu’un, il avait de toute manière son merveilleux déguisement pour ne pas se faire reconnaître ! (Mais bien sûr, Chris. Mais bien sûr.)  Il commença à inspecter les hautes herbes, parce que ça ressemblait vachement à du blé, mais pas exactement. C’est-là qu’il fut surpris par une voix toute douce, qui laissait transparaître le même accent étrange que celui de Fu’ et des deux gardes qui l’avaient poursuivi. Avec un sourire, Chris se retourna.

Dieu, mais tous les natifs étaient-ils des beaux gosses avérés, ou comment ça se passait ? Chris trouva immédiatement celui-ci trèèèèès mignon. Il avait l’air assez jeune, aussi, mais ce n’était pas vraiment un problème (quelle était la majorité, chez les natifs, au fait ? )
Chris l’écouta, son sourire s’élargissant à mesure de ses paroles. Il semblait bavard, mais paradoxalement assez timide. C’était si cuuuuuute ! Chris leva la main en secouant la tête.

-Pas de soucis, chaton ! Tu parles autant que tu veux, j’aime quand les gens me racontent leur vie, n’hésite pas à me raconter tous les détails de la tienne, déclara-t-il en lui faisant un clin d’oeil.

Ce n’était qu’à moitié vrai, car même si Chris appréciait effectivement que les gens lui racontent sa vie, il avait l’air de beaucoup plus s’appliquer à raconter la sienne.
Et d’ailleurs, en parlant de raconter sa vie, le petit Karah lui avait demandé d’où il venait. Chris était en proie au doute : devait-il mentir pour se protéger face à ces natifs qui semblaient en partie hostiles aux étrangers, ou être parfaitement honnête au risque de se faire capturer ? Après une demie seconde à y réfléchir, Chris finit par se dire qu’il s’en foutait. Il avait envie de raconter sa vraie vie, et comme disait le tatouage sur sa cheville : “Carpe Diem”. Avec un sourire, il se pencha vers le garçon sur le ton de la confidence.

-Héhé, je vais te confier un secret ! Je ne suis pas de cette île ! Je viens d’une autre île gigantesque avec des milliards d’habitants dessus ! Mais je suis coincé ici, pour l’instant, donc je profite pour explorer. Tu me ferais pas faire une petite visite ?

Karah hein ? Il semblerait que Chris se soit fait un nouveau copain !

Le garçon lui sourit, et dieuuuuuuu mais quel sourire ! Le genre à faire fondre les coeurs ! Celui de Chris, en tout cas, ne fit pas exception. En plus, le comportement du blond semblait le mettre mal à l’aise. Il était aussi rouge qu’une tomate. Si cuuuute.

D’une certaine manière, il rappelait à Chris la ptite Ana. Elle et le natif semblaient posséder cette même naïveté, cette même énergie pure. Le genre qui donnait envie à Chris de leur faire “gouzigouzigouzi” en leur serrant les joues, et de leur faire faire d’énoooooormes bêtises (oups ~) La seule différence, c’est que celui-ci avait un petit intérêt supplémentaire pour Chris, contrairement à la demoiselle. M’enfin, il ne fallait pas mettre la charrue avant les boeuf, et même s’il était un peu lourd, Chris n’était pas un forceur !

Quand son nouveau guide eut terminé ses explications (et Dieu merci, elles étaient courtes ! Chris n’arrivait jamais à écouter les explications jusqu’au bout, quand elles étaient trop longues) l’étudiant pris la pose d’un mannequin, passant sa main dans les cheveux. Pour peu, l’on aurait vu de petites étoiles briller autour de lui. Son sourire de prince charmant s’élargit.

-Mon petit rouleau de printemps, tu as devant toi une des personnes les plus puissantes du royaume d’Amérique, mon pays d'origine. Vois-tu, là d’où je viens, on m’appelle “Prince”. Mais pour toi, il prit la main de l'adolescent en s’inclinant, je peux faire une exception. Tu peux m’appeler Chris !

Oui, il avait envie de raconter sa vie, mais est-ce qu’il était obligé de dire la vérité pour autant ? La vie était d’une tristesse, s’était toujours plus sympa de l'enjoliveur un tout petit peu ! Alors ouiiiii peut-être que l’histoire du Prince était UN PEU grosse, mais ce n’était pas sa faute ! C’était l’air naïf de ce garçon ! Il donnait envie à Chris de dire plein de bêtises !

-Et concernant notre petit voyage…

Il se redressa, lâchant la main de l’adorable Karah et s’approchant de lui.

-Fais moi visiter tout ce qui te semblera amusant à faire ! Je-te-fais-con-fiance ! ajouta-t-il en tapotant doucement le bout du nez du natif sur chaque syllabe à l’aide de son index.

Le coeur du blondinet fondit de nouveau quand son nouvel ami lui répondit. Rooooh il avait mordu à l’hameçon ! Chris se sentirait presque coupable ! (ou pas, on parlait de Chris quand même…)  Ce Karah lui faisait décidément le même effet que les bébés chats dans les compilations de vidéos. Le genre où le moindre geste faisait exploser le taux de cuteness, serrer le coeur et forçait un “aaaaaaaanw” attendri à sortir de toutes les gorges. Chris allait tout de même devoir lui rappeler de ne pas faire trop de formalités avec lui. Être un prince lui plaisait bien, mais faire des ronds de jambe n’était clairement pas nécessaire. La familiarité, c’était beaucoup mieux. D’ailleurs c’était étrange. Même si le vouvoiement n’existait pas en anglais, Chris sentait que le pronom qu’utilisait Karah n’avait pas la même signification. La marque de politesse transpirait au travers de ses mots. C’était une sensation que Chris n’avait jamais ressenti. Est-ce que c’était ça, la sensation que ça faisait d’être vouvoyé ? Il n’aimait pas du tout !

Le garçon sembla se prendre un peu la tête, pendant un instant, et Chris le gratifia simplement d’un grand sourire. Le genre d’expression qui signifiait “T’inquiète, bro, quoi que tu fasses, ça va me plaire”. Car oui, même si le garçon finissait par lui montrer un équivalent autochtone du Scrabble, le blondinet serait quand même capable de trouver ça amusant. Déjà, c’était pas donné à tout le monde de faire un scrabble sur une île paumée avec les membres d’une civilisation inconnue. Ensuite, peu importait le jeu quand on était en si charmante compagnie !
Et puis, c’était certain que ce jeune homme avait plus la trempe d’un explorateur que d’un joueur de scrabble. Leur arrivée devant une forêt luxuriante ajouta une preuve de plus à cette intuition. Chris eut des étoiles dans les yeux.

-Je te suis mon sucre de canne ! Si ça te plais, ça ne peut-être qu'amusant ! déclara-t-il avec légèreté en frottant le dessus du crâne du jeune natif.

Ils firent d’abord un arrêt devant un nid d’oiseau. Whoah ! Il semblait en connaître un rayon sur la nature ! Et ces oeufs… Ils semblaient un peu gros, non ? Combien d'omelettes pouvait-on faire avec ça ? (Est-ce que Chris savait faire des omelettes au moins ?) En plus la couleur bleutée de leur coquille était très belle ! Héhé, il se sentait comme un scientifique en exploration !

-Ah bon ? Je pensais que c’était gentil moi, les oiseaux ! Quoique, pour avoir déjà vu un dindon, ça se discute. Tu as déjà vu un dindon toi ? Tu as vu la tête que ça a ? Non seulement c’est moche, mais en plus, ça a un air carrément meurtrier, un peu comme ça.

Il effectua une imitation d’un dindon au regard meurtrier, ce qui se résumait à Chris avec le coup légèrement en avant qui plissait les yeux. Vraiment, il était fait pour être une star de cinéma , celui-là.

-Quoique, c'est ptetre parce qu'ils sont moches qu'ils ont la haine... ajouta-t-il, la mine pensive.

Il continua de suivre le garçon, alors que celui-ci lui répondait au sujet des oiseaux. Après un temps, leur conversation fut interrompue : ils étaient arrivés à destination.

-WHOAH !! Noooon ! Pincez-moi que je rêve !

Ils étaient montés sur une petite butée, et faisaient maintenant face à un champ de lianes. Pour peu, une larme serait montée aux yeux de Chris.

-C’est trop beau pour être vrai ! J’ai toujours rêvé de faire ça !

Non, il n’avait jamais rêvé de faire ça, mais maintenant qu’il était face à l’opportunité, il se dit que s’il y avait pensé plus tôt, ça aurait clairement été son rêve.
Sans attendre les indications de son guide, il se saisit d’une liane à proximité. Pensa-t-il qu’il devrait peut-être demander les conseils d’un expert avant de se lancer ? Se demanda-t-il si ce n’était pas un peu dangereux, de se balancer au dessus de deux mètres de vide ? Allons, j’ai même pas besoin de vous donner la réponse. Vous commencez à connaître Chris, maintenant.  
Son seul geste avant de se lancer (littéralement) fut de se tourner vers son camarade avec un sourire ravageur.

-T’es un génie, Karah ! Et arrête de me vouvoyer (d’où lui venait ce mot ?), sur mon île, les Princes sont bien traités, mais ça reste des êtres humains comme tout le monde !

Et sur ses mots, il se lança en criant “GERONIMOOOOOOOOOOOO !!!!”. Il s’accrocha de ses petits bras à la première liane. En revanche, attraper la seconde fut un poil compliqué. Au final il :

1: eut tout de même de la chance, et parvint à l’attraper. Cependant le balancement ne lui permis pas d’aller beaucoup plus loin, et il se contenta de se laisser glisser au sol et attendit son compagnon.

2: l'agrippa sans parvenir à se maintenir. Il glissa vers le sol sans se départir de sa superbe, et tomba sur le derrière avec autant de grâce. Son coccyx et ses mains lui exprimèrent leur  mécontentement distingué.

3 : se loupa monumentalement, et se ramassa lourdement. Dans le processus, il se tordit la cheville et se fit un bon paquet de bleus.

4 : se prit un arbre et retomba sur le sol avec un grognement. Il était visiblement sonné, et une grosse bosse commençait à apparaître au milieu de son front.

Spoiler :