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La dame ne les poursuivit pas. Tant mieux. Il ne se voyait clairement pas supporter une autre vague de compliments. Il n’était clairement pas un héro. Juste un type un peu trop sympa pour son propre bien. Et puis, il n’avait jamais été confortable avec ce genre de chose. Sa sauveuse n’ajouta rien, ce qui lui convenait parfaitement. Il n’aurait plus manqué qu’elle s’y mette aussi.
Quand il rentra dans l’auberge, deux envies intenses lui vinrent. Manger et dormir. Oui, Nashoba était un homme simple. Il avait oublié la faim dès lors qu’il avait entendu les cris, mais maintenant que la crise était passée, son estomac le rappelait à l’ordre sans aucune douceur. D’autant que la douce odeur du sanglier n’arrangeait pas son mal. C’était comme si il avait un monstre à l’intérieur de lui qui s’agitait, grognant de mécontentement. La blonde s’échappa dans une autre salle, d’où semblait provenir l’odeur, et l’appela avec une amabilité digne de sa grand-mère. Si ça n’avait pas été pour la nourriture, il se serait fait une joie de ne pas suivre ses consignes. (Mais bon, comme il avait faim, il était coincé).
Ils se mirent à table tous les deux, et Nashoba n’attendit pas de se faire prier pour dévorer le contenu de sa gamelle. Un silence s’installa bientôt entre les deux adultes, et même s’il avait mis un peu plus d’efforts dans la tâche, il aurait quand même eut du mal à trouver quoi dire. Alors il se contenta de profiter de son repas.
*Bah,* pensa-t-il *j’ai jamais été bon pour meubler les conversations, de toute manière*
Comme précisé plus tôt, il ne désirait que manger, puis dormir. Et puis, s’il y avait bien un truc qui lui donnait envie de casser des rotules, c’était bien ça : l’étiquette. Bien se tenir pour que les gens se sentent confortables. Leur faire la conversation pour qu’ils soient divertis. Des conneries ! Si les gens n’étaient pas bien avec lui, ils avaient qu’à se barrer. Le silence, c’était bien aussi.
Seulement le silence ne dura qu’un temps.
L’Ijobien leva des yeux intrigués, s’immobilisant dans son geste. Sa cuillière de bois était enfouie dans sa bouche et une goutte de sauce vint à couler sur son menton. La blonde la regardait maintenant avec un air des plus sérieux. Il arqua un sourcil. Alors quoi, maintenant ? C’était quoi ce genre de question pourris qui sortaient de nul part ? Si elle essayait de lancer un sujet, c’était vraiment nul.
« M’en fous. Je peux vivre tranquillement chez moi, sans avoir à rester en ville. C’est tout ce qui compte » , déclara-t-il en continuant de manger.
Il porta sa cuillère à sa bouche, mais s’immobilisa. Ah oui... Avec toutes ces conneries, il avait oublié.
« Enfin, commença-t-il en s'essuyant distraitement le menton, je pouvais plutôt. Ce n’est pas dit que j’ai encore un “chez moi” où aller, maintenant. »
Et voila, c’était pour ça qu’il n’aimait pas discuter avec les gens ! C’était trop émotionnel et complexe à gérer ! En plus, maintenant, elle allait remarquer qu’il était pas bien, elle allait essayer de le réconforter en disant “gna gna gnaaaa, t’en referas une autreuuuh” alors qu’il n’avait absolument pas besoin de réconfort parce que c’était un homme fort et viril et que de toute façon, ce genre d’attention ne le mettait pas à l’aise du tout. A plus fort titre quand il ne connaissait pas bien la personne. Sauveuse, ouais, mais ils n’avaient pas élevé les cochons ensembles.
Bon, il n’était pas fin manipulateur, mais il savait changer de sujet quand une conversation risquait de le faire chier. Du moins, il savait faire ça avant que la situation ne se produise. Car si une partie du discours venait à lui déplaire, il allait le dire et c’était généralement-là que la situation tournait au vinaigre.
« Pourquoi tu me demandes ça d’un coup ? Tu chasses les traîtres à la couronne ? » demanda-t-il avec un air désabusé.
Bien sûr, cela ne supprimait pas le principal problème. Sa cabane n’avait potentiellement pas tenu le coup. Il allait devoir trouver une nouvelle maison où dormir, s’il ne voulait pas rester dans les rues d’Oluh.
*Je suppose que je vais devoir encore crécher chez l’ancêtre… Si elle est vivante, bien sûr.*
feat @Ebo Orike