Le cri intrigua Nashoba, mais il ne bougea pas pour autant. Si c’était une bête sauvage, mieux valait rester à l’intérieur. Si c’était un brigand, mieux valait rester à l’intérieur. Si c’était un accident, mieux valait rester à l’intérieur. De plus il était blessé.
Conclusion : Mieux valait rester à l’intérieur. Il pourrait tranquillement se lamenter sur son sort, lui qui n’avait plus aucun endroit où habiter, qui avait perdu l’oeuvre d’années entières.
… Bien sûr, ça n’allait absolument pas se passer comme ça.
Il fut surpris par l’irruption inopinée de sa sauveuse dans sa chambre. Il l’avisa avec des yeux ronds quand elle lui somma de venir, lui retira sa couverture et lui lança de quoi s’habiller.
C’était comme si une nouvelle tempête venait de passer dans sa chambre.
« Bon… »
Docilement, il s’habilla. Il lui devait bien ça. Elle lui avait sauvé la vie, après tout...
Il fixa le mur, prenant un peu plus conscience de ce que cela signifiait.
*Bon sang, j’ai été sauvé… Par une femme en plus. Et je lui suis redevable maintenant ! Quel merdier…*Il avait à peine eu le temps de se vêtir de sa tunique (et les dieux savaient qu’il avait galéré. Avec une atèle et un bras aussi douloureux, les choses allaient vraiment devenir plus compliqué pour lui) que la blonde rentra de nouveau dans sa chambre, en lui balançant toutes sortes de choses. Il en rattrapa une partie, fit tomber l’autre par terre et ce fut une galère monumentale pour tout ramasser avec un bras. Il se cala une partie sur l’autre, ce qui lui arracha une petite grimace, et finit par se lever. Dehors, la femme lui expliqua la situation.
Une bâtisse s’était effondrée. Avec un individu, peut-être un enfant.
*Merde* se dit Nashoba.
Il détestait les enfants…
Pourtant, comme lisant dans ses pensées, sa coéquipière lui indiqua qu’il n’avait pas intérêt à fuir.
Dans le feu de l’action, Nashoba n’eut que le temps de se dire
*Elle est bien bonne celle-là : et pour aller où ? Et je passerais pour quoi, moi ? *Dieu que c’était chiant d’être redevable…
Arrivés à la bâtisse (ou plutôt ses restes), Nashoba s’immobilisa, analysant la situation. Il fit abstraction de ce pincement au coeur à la pensée que sa maison était peut-être dans le même état, et il lança d’une voix forte :
« Pas d’inquiétude ! On va vous sortir de là ! Êtes-vous blessés ? »
« NON ! répondit une voix de femme, mais mon petit Ashita et son père ne répondent plus ! Aidez-nous ! Je vous en prie. »
Il sentit sa partenaire amorcer un mouvement, mais il lui retint le bras de sa main valide.
« Tu vois ces poutres qui dépassent ? J’ai l’impression qu’elles maintiennent le tout en place. Mieux vaut ne pas y toucher. »
Comment s’y prendre ? Il y avait tant de pierres et de planches à bouger… La moindre erreur pourrait ensevelir toute la famille sous des tonnes de cailloux. La mère commença à s’impatienter.
« Dépêchez-v... »
« J’M’EN COGNE ! BOUCLEZ-LA !! »
Déjà que la situation était critique, il avait pas non plus besoin d’une dinde pour lui crier ce qu’il devait faire ! Il se dirigea vers l’endroit d’où semblait provenir la voix, puis se tourna vers Ebo.
« On va commencer par la mère ! Elle pourra nous dire où est le reste de sa famille. On va d’abord bouger les pierres les plus élevés. Mais attention quand tu escalades les décombres, vérifie la stabilité des pierres avant de mettre ton poid dessus. »
Il entama son ascension, chose qui n’était pas aisé, à une main. Et il n’était pas au bout de ses peines : La première pierre qu’il voulait bouger avait l’air de peser son poid. Soupirant, il commença à la tirer vers lui d’une main, tentant de la faire bouger avec son poids.
Ouais… Il n’était vraiment pas au bout de ses peines.